Le ministère de l’intérieur représente un des piliers de l’Etat. Instauré durant la révolution, il disposait alors d’attributions considérables (santé, culte, travail, commerce, industrie, sécurité…). Si son rôle fut peu à peu réduit au cours de son histoire avec la création de nouveaux ministères, ses fonctions demeurent essentielles.
Il est en effet responsable de l’administration du territoire, de la sécurité des personnes et des biens et de la veille des libertés publiques.
Pour l’assister dans ses fonctions, le ministre est doté à ses côtés de deux ministres, un ministre chargé de l’outre-mer et un ministre chargé des collectivités territoriales. Le ministre s’appuie également sur les services qui lui sont rattachés, sur le Secrétariat Général et sur les directions générales. Sur l’ensemble du territoire, il gère un réseau de préfectures et de sous-préfectures, la police nationale, la gendarmerie nationale, et la sécurité civile qui eux-mêmes assurent les missions du ministère.
Dans un contexte où les questions liées à la sécurité et à l’immigration sont largement politisées, le ministère se trouve fréquemment au cœur de nombreuses polémiques et débats. Ainsi, installé depuis 2011 Place Beauvau, l’ancien secrétaire général de l’Elysée et proche de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant reste souvent perçu comme le second du président, n’hésitant pas à prendre des positions fermes, en particulier en matière d’immigration.
Le premier ministère de l’intérieur réunissait des fonctions précédemment attribuées à deux corps de l'ancien Régime, celles du contrôleur général des finances et celles de la Maison du Roi.
Le contrôleur général était responsable des finances, de l'agriculture, de l'industrie, du commerce, des ponts et chaussées et d'une partie de l'administration intérieure. Le département de la Maison du Roi, quant à lui, réunissait les personnes affectées au service domestique du roi et de sa famille. Supervisée par “le grand maitre de France” issu des plus grandes familles nobles (Guise, Condé...), ses responsabilités s'organisaient autour de divers services: le service de la table royale, de la Chambre du roi, des équipages , des Chasseurs, de la Chapelle, de la police des marchés, de l'approvisionnement, des corporations, de la correspondance avec les provinces de l'intérieur et avec les pays d'Etat, et de la surveillance des municipalités. Il gérait également la Police de Paris et jouait le rôle d'école militaire.
Mais avec près de 7% du budget du royaume en 1788 affecté à son service, la Maison du Roi était perçue comme “le gouffre de la Nation”. Il devint ainsi la cible des critiques dans un royaume frappé par la crise financière.
En 1789, quelques jours après la prise de la Bastille, Saint Priest fut nommé ministre de la Maison du roi. Il deviendra le premier ministre de l'intérieur en 1790 lorsque son administration sera rebaptisée “ministère de l'intérieur”. Les attributions du ministère seront définitivement fixées en 1791. Le ministère acquiert alors des responsabilités conséquentes: non seulement la surveillance des préfets et des pouvoirs locaux mais aussi de l'administration du territoire (l'agriculture, l'industrie, le commerce, l'instruction, les travaux publics....)
Les rôles économique et civique du ministère seront particulièrement importants tout au long du Directoire. Durant cette période, un ministère de la Police Générale sera créé, mesure qui visait à diminuer une partie des responsabilités de l’institution.
A son arrivée à la tête du ministère en 1799, Fouché y accomplie d’importantes réformes organisationnelles. Il divisa les départements de l'Empire en arrondissements de police. Il réorganisa le ministère en 10 divisions, dont la plus importante était la division de la Sureté générale et de la police secrète. Les préfets dans chaque département, dépendant du ministère, seront dans ce système les représentants de Napoléon. Ces derniers étaient eux-mêmes responsables de la surveillance des maires dans les communes.
Si l'Empire voit également la création d'un ministère des Cultes (1804) et d'un ministère des Manufactures et du Commerce (1811), ceux-ci disparaissent au début de la Restauration. En 1824, le ministère des Affaires ecclésiastiques et de l’Instruction publique est instauré ôtant définitivement au ministère de l’intérieur les attributions liées à l'instruction publique. Les responsabilités du ministère de l'intérieur continueront de diminuer en 1831 avec le rétablissement d'un ministère du Commerce.
L’émergence de nouveaux ministères au début du XXème siècle confirmera cette tendance. Le ministère du Travail et de la Prévoyance sociale en 1906 se verra attribué le mouvement mutualiste, le ministère de la Justice deviendra responsable de la direction de l'administration pénitentiaire et en 1920, la santé et l'assistance sociale seront confiées au ministère de la santé de l'époque. Cette période sera également marquée par le retour du domaine du Culte au sein de l'institution sous le ministre Combes qui menait alors un politique anti-cléricale.
Le reste du XXe siècle ne verra pas de changements notoires quant aux attributions du ministères mis à part l'Outre-mer qui finira par lui être définitivement délégué au cours des années 1970. Par ailleurs, son fonctionnement a été mené à évoluer de manière significative à partir des années 1980 après l’adoption de la loi de décentralisation du ministre de l'Intérieur Gaston Defferre qui visait à réorganiser les relations entre l'Etat et les collectivités locales et à donner d'avantages d'autonomie à ces dernières.
Le ministère de l'intérieur a aujourd’hui pour mission le maintien et la cohésion des institutions sur tout le territoire. Cette mission s'articule autour de deux pôles:
- L'administration du territoire : la représentation et la permanence de l'Etat, la garantie de l'intégrité des institutions publiques et la veille au respect des libertés locales et des compétences des collectivités territoriales dans le cadre de la décentralisation
- La sécurité des citoyens et des biens: Élaborer et faire respecter les règles garantissant aux citoyens l'exercice des libertés publiques, notamment par le suffrage universel, protéger la population contre les risques ou fléaux de toute nature et contre les conséquences d'un conflit éventuel.
Les missions actuelles du ministère ont été définies lors du décret du 25 novembre 2010 relatif à ses attributions. Il est chargé de préparer et de mettre en œuvre la politique du Gouvernement en matière de sécurité intérieure, de libertés publiques, de sécurité routière, d'administration territoriale de l'Etat, d'outre-mer, de collectivités territoriales, d'immigration et d'asile. Il est également responsable de l'organisation des scrutins et de coordonner les actions de prévention de la délinquance et de lutte contre les trafics de stupéfiants.
-les missions de sécurité routière:
Le ministre définit et met en œuvre la politique en matière de sécurité et d'éducation routières. Il préside le comité interministériel de la sécurité routière.
- les missions relative à l'outre-mer:
Dans les territoires d’Outre-Mer, en Nouvelle-Calédonie et dans les autres Collectivités territoriales, le ministère exerce l’autorité de l’Etat dans le respect des statuts et de l’organisation de ces territoires. Il intervient au travers du financement du logement social et des actions d’insertion des jeunes. Il coordonne l’action des ministères qui interviennent en Outre-Mer dans des domaines précis (éducation, culture, jeunesse et sports…) ou pour œuvrer à son développement économique et social (industrie, agriculture, emploi…).
- les missions relatives à l'immigration, à l'intégration, à l'asile et au développement solidaire:
Le ministre prépare et met en œuvre la politique du Gouvernement en matière d'entrée et de séjour des ressortissants étrangers, de lutte contre l'immigration illégale et de fraude documentaire, d'asile, d'intégration des populations immigrées et de développement solidaire. Il préside le comité interministériel de contrôle de l'immigration et le comité interministériel à l'intégration.
- les missions relatives aux collectivités territoriales
Chargé d’élaborer l’ensemble des dispositions concernant les collectivités territoriales, le ministère est responsable de répartir les concours financiers de l’État entre ces collectivités et de mettre en place les statuts des acteurs locaux (élus et personnels).
- les missions de la gendarmerie nationale
Rattachée depuis 2009 au ministère de l'Intérieur, la gendarmerie nationale est habituellement chargée de la sécurité dans les zones rurales, les zones périurbaines. Ses missions s'articulent autour des missions judiciaires (constatation des infractions, recherche et interpellation des auteurs d'infractions à la loi pénale, enquêtes judiciaires), des missions administratives (sécurité publique, maintien de l'ordre, assistance et secours, circulation routière) , des missions militaires : police militaire, prévôté et opérations extérieures
- les missions de la police nationale
La DGPN est responsable de la sécurité et de la paix publiques Elle veille à l'exécution des lois, à assurer la protection des personnes et des biens, à prévenir les troubles à l'ordre public et à la tranquillité publique ainsi que la délinquance. La police judiciaire, quant à elle, a pour objet le contrôle et la surveillance de l'autorité judiciaire, de rechercher et de constater les infractions pénales, d'en rassembler les preuves, d'en rechercher les auteurs et leurs complices, de les arrêter et de les déférer aux autorités judiciaires compétentes. Le renseignement et l'information, permettant d'assurer l'information des autorités gouvernementales, de déceler et de prévenir toute menace susceptible de porter atteinte à l'ordre public, aux institutions, aux intérêts fondamentaux de la Nation ou à la souveraineté nationale.
- les missions des libertés publiques et des affaires juridiques
La direction des libertés publiques et des affaires juridiques exerce une fonction de conception, de conseil, d'expertise et d'assistance juridique auprès de l'ensemble des services du ministère. Elle est également chargée de préparer et de mettre en œuvre la législation relative aux libertés publiques et aux polices administratives. Elle intervient dans les domaines relatifs aux cultes, aux associations et fondations, à la protection de la liberté individuelle, à la délivrance des titres d’identité et de voyage, aux casinos et cercles de jeux, aux armes et aux explosifs, aux polices municipales, aux gardes champêtres et aux gardes particuliers, aux agents de sécurité privée, aux gens du voyage, aux violences sportives, aux débits de boissons, aux chiens dangereux et à l'éloignement du territoire français pour des motifs d'ordre public des ressortissants étrangers.
- les missions des préfectures:
Le préfet est le seul représentant de l’État dans le département. Il représente directement le Premier ministre et chacun des ministres. Il a la charge des intérêts nationaux, et assure la direction des services de l’État dans le département ou la région. Le préfet de département a la charge de l’ordre public et de la protection des populations. Il dirige les opérations de secours. Le préfet de zone détient des pouvoirs exceptionnels en cas de crise grave, notamment de rupture des communications avec le gouvernement, qui lui permettent de prescrire les mesures nécessaires à l’exécution des plans de défense. Les préfectures sont également responsables du service au public et la délivrance des titres, de la veille du respect de la légalité et de l'Etat de droit, de l'intégration sociale et la lutte contre les exclusions, l'administration du territoire et du développement économique.
- les missions de la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises
La DGSCGC est la structure centrale responsable de la planification, de la gestion des crises et des accidents de la vie courante, qu'ils surviennent en France ou à l'étranger. Placée sous l'autorité d'un préfet, elle soutient l'action locale des sapeurs-pompiers, des associations, des bénévoles, des préfectures et des mairies. Dans les situations d'urgences, elle agit en coordination avec d'autres ministères pour mobiliser les experts et les matériels spécialisés.
-les missions du Secrétariat Général
Le secrétariat anime l’action territoriale conduite par le réseau de préfectures et de sous-préfectures. Dans le cadre de sa mission de sécurité nationale, il organise et coordonne l’action du ministère dans le domaine de la sécurité nationale. Par ailleurs, le secrétaire général assume les fonctions de soutien pour l’ensemble du ministère. Gestion des personnels administratifs, préparation et exécution des budgets, gestion du patrimoine immobilier, contrôle de gestion, audit interne, mutualisations, conception, développement et maintenance des réseaux de communication et des systèmes d’information, protocole, distinctions honorifiques, RGPP, communication interne et externe du ministère pour l’administration, la police, la gendarmerie et la sécurité civile.
Le budget pour l'exercice 2012 des missions du ministère de l'intérieur s'articule autour de 7 champs d'action :
20% de ces dépenses sont attribuées aux interventions, 13% aux moyens de service et 67% au personnel.
Lors de la présentation du budget de l'Etat en novembre 2011, une polémique a éclaté au sujet du budget alloué au ministère de l'intérieur. La controverse concernait les 19 millions d'euros accordés au ministère pour la réserve d’aides aux collectivités locales pour des travaux d'utilité locale. Le député PS, René Dosière, s'était alors insurgé contre le “"hold-up" de la présidence de la République sur une partie des crédits du ministère de l'intérieur”. La controverse émane du fait que depuis 2009, le président Nicolas Sarkozy s'était approprié aux deux tiers cette réserve en chargeant son cabinet d'en décider la programmation. Or, ces dernières années, si les autorisations d'engagement en 2009 représentaient 9 millions d’euros, les lignes budgétaires faces à des situations d’urgence ont été accrues et s’élevaient à 157,9 millions en 2010 et de 137,7 millions en 2011. Selon le député, le président “viole la constitution” par ce procédé. En avril 2012, il entérine son opposition en déposant un recours auprès du Conseil d'Etat afin d'annuler une subvention de 150 000 euros accordée grâce à cette même réserve par Nicolas Sarkozy à la commune de Donzère administrée par le ministre de l'industrie, Eric Besson.
Claude Guéant: Toutes les civilisations ne se valent pas
Début février 2012, en pleine période de campagne électorale, une importante controverse émergea après que le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, ait affirmé que "Toutes les civilisations ne se valent pas". Cette phrase, formulée lors d'un colloque organisé par l'association étudiante de droite Uni à l'assemblée nationale, fut perçue comme une attaque vis-à-vis des personnes de profession musulmane. Prononcée en huis clos, la déclaration s'était cependant rapidement répandue sur internet et avait suscité de nombreuses réactions. Le numéro 2 du PS, Harlem Désir avait ainsi qualifié ces propos sur Twitter de " provocation pitoyable d'un ministre réduit à rabatteur de voix FN. Une majorité en perdition électorale et morale". Des proches de Claude Guéant avaient par la suite confirmé ces propos tout en les défendant : "Cette phrase a été prononcée à l'occasion d'un discours absolument républicain dont tout l'enjeu était de condamner les civilisations qui ne respectent pas la liberté de conscience, la liberté d'expression et l'égalité entre les hommes et les femmes".
Face à l'ampleur de la polémique, le ministre avait dès le lendemain redoublé les entretiens dans les médias. Sur France Inter, il précisait qu'il ne visait aucune culture tout en citant pour exemple des pratiques liées à l'Islam, le port du voile intégral et la prière de rue qui était selon lui une " expression de civilisation". Sur RTL, il assurait qu'il ne regrettait pas ses paroles et accusait la gauche d'enlever la dignité du débat en extrayant des phrases de leur contexte. Il ajoutait ultérieurement lors d'un entretien avec le Figaro qu'il était surpris que ses propos provoquent une polémique.
Le Conseil français du culte musulman (créé par Nicolas Sarkozy en 2003) avait alors demandé à Claude Guéant de préciser "le sens de ses propos". Sa réponse ne se fit pas attendre. Dans un courrier adressé au CFCM, il se défendit de nouveau de viser une culture en particulier et assurait qu'il ne ciblait pas les "concitoyens de confession musulmane qui respectent et adhèrent pleinement aux valeurs de la République, et dont la République respecte et protège les croyances". A la suite de cette missive, le responsable du CFCM, Mohammed Moussaoui, avait répondu qu'il souhaitait clore le débat, qu'une telle controverse n'était utile à personne et qu'il ne souhaitait en aucun cas la propager.
Nicolas Sarkozy avait lui même soutenu son ministre en affirmant que la "polémique" provoquée par des propos de Claude Guéant sur les "civilisations" est "ridicule" et que ceux-ci répondent à une logique de "bon sens".
Brice Hortefeux, un ministre de l'intérieur dépensier
Les dépenses de Brice Hortefeux lors de son passage au ministère de l'intérieur de 2009 à 2011 furent à plusieurs reprises pointées du doigt.
En effet, le journal du net, dans un classement des dépenses des ministres, qualifiait la 6ème place de Brice Hortefeux de surprenante. Le ministre était alors entouré d'une des plus petites équipes du gouvernement (le ministre était ainsi classé en 24ème position en terme d'effectif d'équipe). Cette place proche du podium, était notamment due à une augmentation de 17% du montant total des primes attribuées (soit une attribution de 1 665 268 €).
Par ailleurs, en 2011, la cour des comptes avait dénoncé les dépenses de communication du gouvernement dont certaines étaient opérées dans des conditions contestables. Parmi ces dernières, celles de Brice Hortefeux, qui avait établi 6 contrats de coaching en image avec la société Giacometti-Péron dont quatre sans publicité et sans mise en concurrence.
Autre polémique, les dépenses immobilières du ministre. En effet, pendant 2 ans le ministère payait un loyer d'1 million d'euros pour un immeuble inoccupé situé à Lognes en Seine-et-Marne .A l'origine l'immeuble qui devait être acheter afin de loger des structures de la Direction nationale de la formation de la police nationale (DNFP) avait finalement été acquis par un fond de pension auquel le ministère payait le loyer sans pour autant y avoir installé ses effectifs. Le porte-parole de l'époque, Gérard Gachet, avait alors déclaré que les bureaux n'étaient « pas aux normes » et que les travaux bientôt engagés permettraient d'y installer les personnels « d'ici la fin de l'année ».
La circulaire Guéant et les étudiants étrangers
Depuis l’arrivée au ministère de Claude Guéant, plusieurs mesures visant les étudiants étrangers ont été mises en place avec pour objectif “la maitrise de l'immigration professionnelle”. La démarche fut entamée avec la circulaire du 31 mai adressée aux préfets qui demandait des instructions plus rigoureuses concernant les demandes d'autorisation de travail des étudiants. A la suite de sa publication, de nombreux diplômés étrangers déjà recrutés dans des entreprises françaises qui n'avaient pu obtenir leur changement de statut d'étudiant à salarié s’étaient ainsi vus licenciés. La politique de maitrise des flux fut confirmée quelques mois plus tard par le décret du 6 septembre 2011 qui augmentait de 30% le niveau de ressources nécessaires aux étudiants étrangers pour obtenir une carte de séjour. Ce nouveau décret avait conduit le Gisti (Groupe d'Information et de Soutien des Immigrés) à saisir le Conseil d’Etat en qualifiant cette mesure de “sélection sociale". Le mois de septembre vit également la mise en place du collectif du 31 mai réunissant une centaine d'étudiants qui s'opposait à la circulaire. L’organisation bénéficiait alors du soutien de politiques, de syndicats et de membres de l'enseignement. La Conférence des grandes écoles (CGE), la Conférence des présidents d'université (CPU) et l'Association française des entreprises privées (Afep) avaient également exprimé leur inquiétude face à ces mesures. Face à la controverse, le ministre annonce le 4 janvier 2012 l'assouplissement de la circulaire à certains étrangers hautement qualifiés, de niveau au moins égal au master 2. Cette annonce ne permit cependant pas d’atténuer les mécontentements du Collectif du 31 mai pour qui ces mesures « laissent la place à l'arbitraire". Dans ce contexte, François Hollande avait promis d’abroger la circulaire s'il était élu président.
Claude Guéant
Claude Guéant est ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration de février 2011 à mai 2012. Avant cette nomination, il était depuis le 16 mai 2007, secrétaire général de la présidence de la République. D’ailleurs, le pouvoir important qu’il a auprès du président de la République lui vaut les surnoms de « cardinal », « Premier ministre bis » ou « vice-président ».
Né le 17 janvier 1945 à Valmy, dans le Pas-de-Calais, Claude Guéant passe une enfance calme et studieuse jusqu’au baccalauréat à la suite duquel, il décide de faire un stage d’un an aux Etats Unis… tout aussi studieux. De retour en France, il passe une licence en droit puis poursuit ses études à l’Institut d’études politiques de Paris. Il entre en 1971, à l’École nationale d’administration.
Une carrière de haut fonctionnaire
A sa sortie de l’ENA, il entame une carrière de haut fonctionnaire. Pour son premier poste, il est nommé directeur de cabinet du préfet du Finistère. Trois ans plus tard, on le retrouve secrétaire général pour les affaires économiques de la Guadeloupe et, de 1977 à 1981, il est conseiller technique au cabinet de Christian Bonnet, alors ministre de l’Intérieur. Ces pérégrinations le mènent à la préfecture où il monte la première marche en 1981 lorsqu’il est nommé sous-préfet hors classe. Il travaille alors auprès du préfet de la région Centre, puis devient secrétaire général de la préfecture de l’Hérault, puis des Hauts-de-Seine. C’est en 1991 qu’il est nommé préfet des Hautes-Alpes.
Il est de retour au ministère de l’intérieur en 1993, lorsque Charles Pasqua l’appelle à ses côtés comme directeur-adjoint de cabinet. Le ministre le nomme l’année suivante, directeur général de la Police nationale. Fonction grâce à laquelle il entre dans la lumière médiatique puisque dès le mois de décembre 1994, il doit gérer avec son ministre Charles Pasqua, la prise d’otage d’un airbus d’Air-France à Alger, par un commando islamiste du GIA. Pasqua participe à sa renommée car il ne tarit pas d’éloges sur son sang-froid, son sens de l’organisation et de la décision et l’initie dans la foulée à la Françafrique en lui ouvrant ses réseaux RPR africains. C’est d’ailleurs Charles Pasqua, qui sera le médiateur de la mise en relation entre Claude Guéant et Nicolas Sarkozy puisqu’en 2002, il incite ce dernier, à en faire son directeur de cabinet au ministère de l’Intérieur. Entre temps, l’actuel ministre de l’intérieur n’a pas abandonné sa carrière de haut fonctionnaire puisqu’il est nommé préfet de la région Franche-Comté et du Doubs en 1998, et préfet de la région Bretagne, de la zone de défense Ouest, et d’Ille-et-Vilaine en 2000.
Engagement au côté de Nicolas Sarkozy
C’est pourtant sa rencontre avec Nicolas Sarkozy en 2002, qui lui ouvre en grand, les portes de l’Etat et de la politique. La réputation du préfet Claude Guéant est alors flatteuse, tant et si bien qu’il est surnommé « Monsieur zéro défaut ». Nicolas Sarkozy est d’autant plus séduit, qu’il a besoin d’un haut-fonctionnaire pour le seconder au ministère de l’intérieur. Il nomme Claude Guéant directeur de cabinet. Entre les deux hommes, l’alchimie fonctionne si bien qu’ils ne se quittent plus depuis et trois fois de suite, Nicolas Sarkozy, le nomme directeur de cabinet : à l’Intérieur entre 2002 et 2004 puis, à partir de juin 2005. Avec un détour d’un an à Bercy où Nicolas Sarkozy l’impose. C’est la première fois qu’un préfet, et non un inspecteur des finances, prend la tête du ministère de l’Economie.
L’homme du président
Le haut-fonctionnaire prend alors un tournant très politique en devenant lors de la présidentielle de 2007, directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, après le refus du président Jacques Chirac de le nommer préfet de police de Paris. Nicolas Sarkozy n’abandonne pas son homme et le nomme au lendemain de son élection, le 16 mai 2007, secrétaire général de la présidence de la République. Son pouvoir devient alors considérable dû notamment à la grande influence qu’il a auprès du nouveau président de la République. Cet ascendant est si important qu’il lui vaut les surnoms d’ « homme le plus puissant de France », de « cardinal », « Premier ministre bis » ou encore « vice-président ».
D’ailleurs Claude Guéant voue de son coté, à Nicolas Sarkozy une dévotion sans borne. Fidèle parmi les fidèles, il possède avec le président, une proximité qui agace à l’Elysée les conseillers, les ministres et l’entourage proche. Omniprésent, il gère et contrôle tout : politique, économie, diplomatie.
Ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration
Après avoir été l’influent secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant est nommé ministre de l’Intérieur de l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration lors du remaniement du gouvernement de François Fillon le 27 février 2011. Il s’installe à l’hôtel de Beauvau dès le lendemain, après la passation de pouvoir avec son prédécesseur, Brice Hortefeux. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le nouveau ministre connait bien la maison puisqu’il a exercé des fonctions à plusieurs reprises à la fois au ministère et à la Police nationale. C’est aussi à partir de là que cet homme autrefois réputé pour sa grande discrétion et son style « zéro défaut » devient peu à peu l’homme des polémiques et des déclarations à l’emporte pièce.
L’homme des polémiques
En fait, dès son entrée active dans la sphère politique, il est considéré comme un représentant de l’aile droite de l’UMP qui pour des raisons à la fois de sensibilité personnelles et électorales, ratisse sur les champs de l’extrême droite. D’ailleurs, l’opposition lui reproche assez d’être sur la même ligne politique que le Front national.
Moins d’un mois après avoir succédé à Brice Hortefeux, le ministre tient plusieurs propos sur l’immigration et les musulmans, jugés insultants par l’opposition, et qui ne font pas l’unanimité à l’UMP. Ainsi le 4 avril 2011, le ministre déclare lors d’un déplacement à Nantes, que « l’accroissement du nombre des fidèles de cette religion [musulmane], un certain nombre de comportements, posent problème ». Si l’opposition est montée au créneau, certains membres de l’UMP comme la députée de Meurthe et Moselle, Valérie Rosso-Debord, prennent alors leurs distances avec le ministre. Suite aux propos de Claude Guéant, elle déclare sur lejdd.fr : « Claude Guéant, c’est Claude Guéant, l’UMP, c’est l’UMP », et poursuit : « Il est hors de question de stigmatiser quiconque ».
Décidemment en verve, le 27 juin de la même année, le ministre s’attire les foudres du monde éducatif en affirmant sur Europe 1, que « les deux tiers des échecs scolaires, c’est l’échec d’enfants d’immigrés ». Il enfonce le clou peu après à l’Assemblée en assénant : « C’est vrai qu’il y a deux tiers des enfants d’immigrés qui se trouvent sortir de l’appareil scolaire sans diplôme ». Claude Guéant qui dit appuyer ses propos sur les chiffres de l’Insee est repris, fait rarissime, par l’organisme lui-même, qui corrige les propos du ministre en disant qu’au contraire, les chiffres de l’Insee le contredisent.
Loin de s’arrêter en si bon chemin, le ministre joue à nouveau la carte du Front National, le 4 février dernier lorsqu’il affirme lors d’un colloque de l’UNI - syndicat étudiant très (très) à droite - que «contrairement à ce que dit l’idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas». Le lendemain, le ministre de l’Intérieur persiste malgré les critiques de la gauche qui voient là une façon d’attirer des électeurs du Front national à moins de trois mois de la présidentielle. Il s’attire les foudres de l’opposition et Ségolène Royal, la présidente PS de la région Poitou-Charentes, dénonce « un dérapage contrôlé et parfaitement volontaire » du ministre de l’Intérieur. « Ce sont des propos obscurantistes et dangereux, parce que derrière le choc des civilisations, il y a la guerre », poursuit-elle.
Lors d’un Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, taxe les propos de Claude Guéant de « baratin pour porter une espèce de détestation des musulmans ». Il ajoute : « Guéant retarde d’à peu près dix ans, il essaie de donner un fondement culturel [à ses propos], ça s’appelle la théorie du choc des civilisations, c’est la théorie de Samuel Huntington qui a été le penseur pour les nord-américains des théories qui leur permettent d’agresser la terre entière au nom du fait que, eux, déclarent par avance être agressés par les autres ».
Cette déclaration de Guéant ira jusqu’à l’incident de séance à l’assemblée nationale le 7 février 2012. Pendant les questions au gouvernement, le député de la Martinique, Serge Letchimy déclare à Claude Guéant : « Vous nous ramenez jour après jour à ces idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration». Ce qui provoque un incident de séance.
Candidature aux élections législatives
Nonobstant ces dérapages (contrôlés ?), le 29 décembre 2011, il annonce sa candidature aux législatives de 2012 dans la 9e circonscription des Hauts-de-Seine.
Vie familiale
Veuf depuis 2008, Claude Guéant est père de deux enfants : Marie-Sophie et François, avocat fiscaliste et lui même engagé en politique depuis 2007 où il est suppléant du député du Morbihan Loïc Bouvard. Quand il n’est pas en mission ou happé par ses obligations, il dit aimer se réfugier le week-end dans sa maison de Durtal, dans le Maine-et-Loire, pour jouer avec ses petits-enfants, lire ou écouter Mozart.
Né à Barcelone en 1962, ce fils d’artiste peintre a surtout été influencé par son grand père qui était rédacteur en chef d’un journal de gauche. Pendant la guerre civile espagnole, ce républicain grand teint réussit à cacher des anarchistes et des prêtres persécutés par les franquistes. C’est un des cousins de son père, Manuel Valls i Gorina, qui compose l’hymne du FC Barcelone ! Mais sa famille décide d’émigrer en France et Manuel Valls obtient la nationalité française grâce à une procédure de naturalisation. Aujourd’hui, marié à la violoniste Anne Gravoin, il a quatre enfants d’un premier mariage.
Etudes et débuts de carrière politique
Sa conscience politique est précoce. En 1980, à l’âge de 17 ans, il adhère au Parti Socialiste pour soutenir Michel Rocard car au sein du PS, il appartient à cette deuxième gauche, davantage pragmatique que celle de François Mitterrand, plus à gauche. Pourtant, lors des élections présidentielles de 1981, il ne peut pas voter car il n’est pas encore naturalisé. Il ne renonce pas à la politique et pendant ses études universitaires d’histoire à l’université Paris 1-Tolbiac, il adhère au syndicat étudiant socialiste, l’UNEF-ID où il joue le rôle de modérateur. Mais ce sera surtout au sein des réseaux rocardiens que Manuel Valls va trouver sa place. Il est pressé et à l’âge de 24 ans, le jeune homme est élu au conseil municipal d’Ile-de-France et devient premier vice-président.
Deux ans plus tard, en 1988, il est nommé par Michel Rocard alors premier ministre de François Mitterrand, consultant pour les affaires étudiantes. Après la démission de Rocard en 1992, il retrouve son poste au conseil régional d’Ile de France, qu’il ne quittera qu’en 2002. Quoique vaincu en 1997, au premier tour des élections législatives dans la 5ème circonscription du Val-d’Oise, sa carrière politique rebondit grâce à une nouvelle nomination dans un cabinet ministériel. Il devient conseiller pour la communication et la presse auprès du Premier ministre, Lionel Jospin. C’est notamment à ce poste qu’il noue des liens avec des membres du New Labor de Tony Blair.
Le député-maire d’Evry (2001-2007)
C’est en 2001 que Manuel Vals est élu maire d’Evry, ville nouvelle au sud de Paris créée dans les années 1960. Tout s’enchaine alors puisqu’un an plus tard, il est élu à l’Assemblée nationale française en tant que député pour la circonscription de l’Essonne. Mandat qu’il conservera en 2007. Il garde aussi son mandat de maire d’Evry avec 60,12% des voix. Sa gestion de la commune est remarquée car tout en défendant les couches populaires, il refuse l’angélisme sur les questions sécurité. Ainsi, pendant les émeutes de l’automne 2005, il est le seul socialiste à s’abstenir de critiquer l’instauration du couvre-feu. De même, pour lutter contre la ghettoïsation d’un quartier d’Evry, il n’hésite pas à s’opposer à l’installation d’un supermarché halal dans sa commune.
En 2007, par exemple, il propose aux commerçants d’installer un dispositif de télésurveillance pour lutter contre l’insécurité de certains quartiers d’Evry. Il déclare : « Aucun recoin de la ville ne doit être laissé aux voyous ». Pour changer l’image d’Evry et obtenir le calme, il double, en l’espace de six ans, les effectifs de la police municipale. Son objectif est de redorer le blason de la ville d’Evry et pour se faire, il ne lésine pas sur la communication – un de ses dadas - pour faire parler de son action politique. Dès son arrivée à la tête de la ville, il crée, un nouveau logo pour Evry, remplace le bulletin municipal par trois revues en couleurs. Entre 2000 et 2003, les dépenses liées à la communication augmentent de… 852,6% ! En parallèle, de nouveaux promoteurs lancent de nombreux chantiers car l’objectif est d’attirer une classe sociale plus élevée dans le centre-ville.
Affirmation de sa différence au sein de PS
Avec le référendum de 2004 sur le traité constitutionnel Européen, Manuel Vals affiche sa différence avec la majorité des dirigeants socialistes. Ce refus de la Constitution européenne met en difficulté François Hollande alors premier secrétaire du PS. Valls est suspecté de manœuvres pour s’emparer du parti, critique à laquelle il réplique non sans ironie : « Ce bruit m’honore et fait monter mon ego déjà grand de plusieurs mètres». Manuel Vals fait en définitive volte face et au fur et à mesure de la campagne change radicalement de position, déclarant : « J’étais partisan du non, mais face à la montée du non, je vote oui ». Il votera avec d’autres élus de gauche «pour » la réforme du titre XV de la constitution permettant la ratification du Traité de Lisbonne (2007) lors du Congrès du Parlement français le 4 février 2008
Ces positions ne font qu’exacerber l’hostilité de ses adversaires au sein du Parti Socialiste, qui le désignent comme un homme à droite de la gauche. Lui préfère se présenter comme un partisan d’un social-libéralisme à la française pour lequel la société de marché, le travail, la lutte contre l’insécurité, la refonte de la loi de 1905 sur la laïcité ne doivent plus être des questions taboues à gauche. D’ailleurs, après la défaite de Ségolène Royal lors de la présidentielle de 2007, il s’en prend violemment à François Hollande, qu’il accuse d’immobilisme.
Depuis 2007, il multiplie les coups d’éclat et se considère comme un pragmatique qui entend expérimenter de nouvelles voies qui fonctionnent dans les pays voisins quitte à bousculer les orthodoxes du PS. Il a même évoqué publiquement la possibilité de changer le nom du Parti Socialiste pour entériner la modernisation de la gauche. En 2007, Manuel Valls lance aussi son propre club de réflexion : « Cercle 21, Gauche et modernité », fin octobre 2007. Il veut faire évoluer le PS car selon lui, le parti doit actualiser sa doctrine pour devenir un parti social-démocrate acceptant de gouverner avec le centre.
Il soutient Ségolène Royal en novembre 2008 lors de l’élection du nouveau premier secrétaire du PS mais c’est Martine Aubry qui remporte l’élection avec une simple poignée de voix en plus. Des suspicions de fraudes circulent alors. Faisant suite aux contestations des résultats du Congrès de Reims du PS, Manuel Vals réclame l’arbitrage des tribunaux sur ces suspicions de fraude électorale dans les fédérations du Nord et de la Seine-Maritime favorables à Martine Aubry. La réponse de la première secrétaire du PS est publique et le 14 juillet 2009, elle fait publier une lettre ouverte à Manuel Valls dans les colonnes du journal Le Parisien : « Mon cher Manuel, s’il s’agit pour toi de tirer la sonnette d’alarme par rapport à un parti auquel tu tiens, alors tu dois cesser ces propos publics et apporter en notre sein tes idées et ton engagement ». Elle poursuit : « Si les propos que tu exprimes reflètent profondément ta pensée, alors tu dois en tirer pleinement les conséquences et quitter le Parti socialiste. [...] Je te demande de me faire part de ton choix dans les jours qui viennent, et d’en assumer toutes les conséquences pour l’avenir »
Pourtant, plusieurs personnalités du PS comme Gérard Collomb, Jean-Noël Guérini ou Jean-Pierre Mignard soutiennent Manuel Valls face à Martine Aubry. Il ne compte pas quitter le parti et revoie à la Première secrétaire une lettre : « Je t’informe que j’entends bien rester fidèle à mon poste, à ma famille politique et à mes valeurs » mais précise « Je ne me ferai pas le silencieux complice de l’aveuglement ». Il ne s’arrête pas là dans sa fronde contre Martine Aubry et déclare le 2 janvier 2011, vouloir « déverrouiller les 35 heures », créant une nouvelle fois le trouble au sein du Parti socialiste.
Le 13 juin 2009, Manuel Valls annonce, son intention de se présenter à la primaire socialiste de 2011 en vue de l’élection présidentielle de 2012. Au soir du premier tour, le 9 octobre 2011, il est éliminé de la primaire avec un score de 6% des voix. Le soir de sa défaite, il rallie François Hollande pour le second tour qui le nomme au sein de son équipe de campagne, directeur de la communication pour la campagne présidentielle de 2012.
Ses orientations politiques
Manuel Vals s’inscrit dans une culture et une démarche proche de la social-démocratie allemande et scandinave. Il s’est lui-même définit par le passé comme « blairiste » ou « clintonien », et dit s’inscrire dans la lignée de Pierre Mendès France, Michel Rocard ou encore Lionel Jospin. Il s’estime d’ailleurs « réformiste plutôt que révolutionnaire », il souhaite « concilier la gauche avec la pensée libérale ». À l’été 2011 par exemple, il déclare au site Rue89 que « des hommes et des femmes comme Dominique de Villepin, François Bayrou ou Corinne Lepage, pour ne citer qu’eux, peuvent faire partie, s’ils le souhaitent, d’une majorité de large rassemblement ». Une logique qu’il poursuit dans les domaines de l’économie et de l’intégration européenne, il est favorable à l’instauration de la « TVA Sociale », visant à augmenter la TVA sur des produits qui ne sont pas de première nécessité en échange d’un allègement des cotisations sociales sur les salaires. Lors d’une interview au journal Le Monde, le 25 juillet 2011, il déclare : « Une politique fiscale devra passer par une augmentation de la TVA. C’est la TVA-protection ou sociale que je propose ».
Il plaide aussi pour l’allongement de la durée de cotisations pour fixer l’âge du départ à la retraite et l’alignement des régimes spéciaux de retraite sur le régime général. Il s’est de plus, déclaré favorable en 2010 au contrôle de la Commission européenne sur les budgets nationaux, jugeant cela « incontestablement » nécessaire. Il déclarait à l’AFP le 16 mai 2010 : « Dans le monde tel qu’il est, qui a besoin de grands ensembles, on a besoin davantage d’intégration de nos politiques économiques, davantage de coordination, c’est vrai sur le plan monétaire, c’est vrai sur le plan budgétaire et c’est vrai sur le plan fiscal ». Sur le plan social, son principal souci est d’en finir avec la vieille garde du parti socialiste et pour ce faire, il se déclare favorable aux quotas d’immigration et approuve l’allongement de la cotisation de retraite à 41 ans.
Réformiste encore, il réclame une refonte de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État affirmant dans le magazine Réforme le 12 aout 2005 : « Personne ne veut y toucher, mais elle est contournée en permanence ; chacun cherche un subterfuge pour arriver à ses fins. […] Notre pays ne peut donc échapper à la révision même si ce n’est pas une révision avec un grand R. La loi a d’ailleurs été plusieurs fois modifiée depuis son adoption. La République pourrait s’offrir ainsi un moment symbolique pour donner un souffle nouveau à la laïcité. Il faut une révision publique de l’application de la laïcité qui passe par un débat parlementaire. Voilà un beau moyen de remettre l’idéal laïc au cœur de la société française et d’en faire une valeur partagée ».
Enfin, le 12 octobre 2009 dans les colonnes du Nouvel Observateur, Manuel Valls se déclare « en désaccord total » avec la proposition de dépénalisation ou de légalisation encadrée du cannabis faite par Daniel Vaillant qui visait pourtant, à priver les trafiquants d’une source de revenus.
Le ministère de l’intérieur représente un des piliers de l’Etat. Instauré durant la révolution, il disposait alors d’attributions considérables (santé, culte, travail, commerce, industrie, sécurité…). Si son rôle fut peu à peu réduit au cours de son histoire avec la création de nouveaux ministères, ses fonctions demeurent essentielles.
Il est en effet responsable de l’administration du territoire, de la sécurité des personnes et des biens et de la veille des libertés publiques.
Pour l’assister dans ses fonctions, le ministre est doté à ses côtés de deux ministres, un ministre chargé de l’outre-mer et un ministre chargé des collectivités territoriales. Le ministre s’appuie également sur les services qui lui sont rattachés, sur le Secrétariat Général et sur les directions générales. Sur l’ensemble du territoire, il gère un réseau de préfectures et de sous-préfectures, la police nationale, la gendarmerie nationale, et la sécurité civile qui eux-mêmes assurent les missions du ministère.
Dans un contexte où les questions liées à la sécurité et à l’immigration sont largement politisées, le ministère se trouve fréquemment au cœur de nombreuses polémiques et débats. Ainsi, installé depuis 2011 Place Beauvau, l’ancien secrétaire général de l’Elysée et proche de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant reste souvent perçu comme le second du président, n’hésitant pas à prendre des positions fermes, en particulier en matière d’immigration.
Le premier ministère de l’intérieur réunissait des fonctions précédemment attribuées à deux corps de l'ancien Régime, celles du contrôleur général des finances et celles de la Maison du Roi.
Le contrôleur général était responsable des finances, de l'agriculture, de l'industrie, du commerce, des ponts et chaussées et d'une partie de l'administration intérieure. Le département de la Maison du Roi, quant à lui, réunissait les personnes affectées au service domestique du roi et de sa famille. Supervisée par “le grand maitre de France” issu des plus grandes familles nobles (Guise, Condé...), ses responsabilités s'organisaient autour de divers services: le service de la table royale, de la Chambre du roi, des équipages , des Chasseurs, de la Chapelle, de la police des marchés, de l'approvisionnement, des corporations, de la correspondance avec les provinces de l'intérieur et avec les pays d'Etat, et de la surveillance des municipalités. Il gérait également la Police de Paris et jouait le rôle d'école militaire.
Mais avec près de 7% du budget du royaume en 1788 affecté à son service, la Maison du Roi était perçue comme “le gouffre de la Nation”. Il devint ainsi la cible des critiques dans un royaume frappé par la crise financière.
En 1789, quelques jours après la prise de la Bastille, Saint Priest fut nommé ministre de la Maison du roi. Il deviendra le premier ministre de l'intérieur en 1790 lorsque son administration sera rebaptisée “ministère de l'intérieur”. Les attributions du ministère seront définitivement fixées en 1791. Le ministère acquiert alors des responsabilités conséquentes: non seulement la surveillance des préfets et des pouvoirs locaux mais aussi de l'administration du territoire (l'agriculture, l'industrie, le commerce, l'instruction, les travaux publics....)
Les rôles économique et civique du ministère seront particulièrement importants tout au long du Directoire. Durant cette période, un ministère de la Police Générale sera créé, mesure qui visait à diminuer une partie des responsabilités de l’institution.
A son arrivée à la tête du ministère en 1799, Fouché y accomplie d’importantes réformes organisationnelles. Il divisa les départements de l'Empire en arrondissements de police. Il réorganisa le ministère en 10 divisions, dont la plus importante était la division de la Sureté générale et de la police secrète. Les préfets dans chaque département, dépendant du ministère, seront dans ce système les représentants de Napoléon. Ces derniers étaient eux-mêmes responsables de la surveillance des maires dans les communes.
Si l'Empire voit également la création d'un ministère des Cultes (1804) et d'un ministère des Manufactures et du Commerce (1811), ceux-ci disparaissent au début de la Restauration. En 1824, le ministère des Affaires ecclésiastiques et de l’Instruction publique est instauré ôtant définitivement au ministère de l’intérieur les attributions liées à l'instruction publique. Les responsabilités du ministère de l'intérieur continueront de diminuer en 1831 avec le rétablissement d'un ministère du Commerce.
L’émergence de nouveaux ministères au début du XXème siècle confirmera cette tendance. Le ministère du Travail et de la Prévoyance sociale en 1906 se verra attribué le mouvement mutualiste, le ministère de la Justice deviendra responsable de la direction de l'administration pénitentiaire et en 1920, la santé et l'assistance sociale seront confiées au ministère de la santé de l'époque. Cette période sera également marquée par le retour du domaine du Culte au sein de l'institution sous le ministre Combes qui menait alors un politique anti-cléricale.
Le reste du XXe siècle ne verra pas de changements notoires quant aux attributions du ministères mis à part l'Outre-mer qui finira par lui être définitivement délégué au cours des années 1970. Par ailleurs, son fonctionnement a été mené à évoluer de manière significative à partir des années 1980 après l’adoption de la loi de décentralisation du ministre de l'Intérieur Gaston Defferre qui visait à réorganiser les relations entre l'Etat et les collectivités locales et à donner d'avantages d'autonomie à ces dernières.
Le ministère de l'intérieur a aujourd’hui pour mission le maintien et la cohésion des institutions sur tout le territoire. Cette mission s'articule autour de deux pôles:
- L'administration du territoire : la représentation et la permanence de l'Etat, la garantie de l'intégrité des institutions publiques et la veille au respect des libertés locales et des compétences des collectivités territoriales dans le cadre de la décentralisation
- La sécurité des citoyens et des biens: Élaborer et faire respecter les règles garantissant aux citoyens l'exercice des libertés publiques, notamment par le suffrage universel, protéger la population contre les risques ou fléaux de toute nature et contre les conséquences d'un conflit éventuel.
Les missions actuelles du ministère ont été définies lors du décret du 25 novembre 2010 relatif à ses attributions. Il est chargé de préparer et de mettre en œuvre la politique du Gouvernement en matière de sécurité intérieure, de libertés publiques, de sécurité routière, d'administration territoriale de l'Etat, d'outre-mer, de collectivités territoriales, d'immigration et d'asile. Il est également responsable de l'organisation des scrutins et de coordonner les actions de prévention de la délinquance et de lutte contre les trafics de stupéfiants.
-les missions de sécurité routière:
Le ministre définit et met en œuvre la politique en matière de sécurité et d'éducation routières. Il préside le comité interministériel de la sécurité routière.
- les missions relative à l'outre-mer:
Dans les territoires d’Outre-Mer, en Nouvelle-Calédonie et dans les autres Collectivités territoriales, le ministère exerce l’autorité de l’Etat dans le respect des statuts et de l’organisation de ces territoires. Il intervient au travers du financement du logement social et des actions d’insertion des jeunes. Il coordonne l’action des ministères qui interviennent en Outre-Mer dans des domaines précis (éducation, culture, jeunesse et sports…) ou pour œuvrer à son développement économique et social (industrie, agriculture, emploi…).
- les missions relatives à l'immigration, à l'intégration, à l'asile et au développement solidaire:
Le ministre prépare et met en œuvre la politique du Gouvernement en matière d'entrée et de séjour des ressortissants étrangers, de lutte contre l'immigration illégale et de fraude documentaire, d'asile, d'intégration des populations immigrées et de développement solidaire. Il préside le comité interministériel de contrôle de l'immigration et le comité interministériel à l'intégration.
- les missions relatives aux collectivités territoriales
Chargé d’élaborer l’ensemble des dispositions concernant les collectivités territoriales, le ministère est responsable de répartir les concours financiers de l’État entre ces collectivités et de mettre en place les statuts des acteurs locaux (élus et personnels).
- les missions de la gendarmerie nationale
Rattachée depuis 2009 au ministère de l'Intérieur, la gendarmerie nationale est habituellement chargée de la sécurité dans les zones rurales, les zones périurbaines. Ses missions s'articulent autour des missions judiciaires (constatation des infractions, recherche et interpellation des auteurs d'infractions à la loi pénale, enquêtes judiciaires), des missions administratives (sécurité publique, maintien de l'ordre, assistance et secours, circulation routière) , des missions militaires : police militaire, prévôté et opérations extérieures
- les missions de la police nationale
La DGPN est responsable de la sécurité et de la paix publiques Elle veille à l'exécution des lois, à assurer la protection des personnes et des biens, à prévenir les troubles à l'ordre public et à la tranquillité publique ainsi que la délinquance. La police judiciaire, quant à elle, a pour objet le contrôle et la surveillance de l'autorité judiciaire, de rechercher et de constater les infractions pénales, d'en rassembler les preuves, d'en rechercher les auteurs et leurs complices, de les arrêter et de les déférer aux autorités judiciaires compétentes. Le renseignement et l'information, permettant d'assurer l'information des autorités gouvernementales, de déceler et de prévenir toute menace susceptible de porter atteinte à l'ordre public, aux institutions, aux intérêts fondamentaux de la Nation ou à la souveraineté nationale.
- les missions des libertés publiques et des affaires juridiques
La direction des libertés publiques et des affaires juridiques exerce une fonction de conception, de conseil, d'expertise et d'assistance juridique auprès de l'ensemble des services du ministère. Elle est également chargée de préparer et de mettre en œuvre la législation relative aux libertés publiques et aux polices administratives. Elle intervient dans les domaines relatifs aux cultes, aux associations et fondations, à la protection de la liberté individuelle, à la délivrance des titres d’identité et de voyage, aux casinos et cercles de jeux, aux armes et aux explosifs, aux polices municipales, aux gardes champêtres et aux gardes particuliers, aux agents de sécurité privée, aux gens du voyage, aux violences sportives, aux débits de boissons, aux chiens dangereux et à l'éloignement du territoire français pour des motifs d'ordre public des ressortissants étrangers.
- les missions des préfectures:
Le préfet est le seul représentant de l’État dans le département. Il représente directement le Premier ministre et chacun des ministres. Il a la charge des intérêts nationaux, et assure la direction des services de l’État dans le département ou la région. Le préfet de département a la charge de l’ordre public et de la protection des populations. Il dirige les opérations de secours. Le préfet de zone détient des pouvoirs exceptionnels en cas de crise grave, notamment de rupture des communications avec le gouvernement, qui lui permettent de prescrire les mesures nécessaires à l’exécution des plans de défense. Les préfectures sont également responsables du service au public et la délivrance des titres, de la veille du respect de la légalité et de l'Etat de droit, de l'intégration sociale et la lutte contre les exclusions, l'administration du territoire et du développement économique.
- les missions de la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises
La DGSCGC est la structure centrale responsable de la planification, de la gestion des crises et des accidents de la vie courante, qu'ils surviennent en France ou à l'étranger. Placée sous l'autorité d'un préfet, elle soutient l'action locale des sapeurs-pompiers, des associations, des bénévoles, des préfectures et des mairies. Dans les situations d'urgences, elle agit en coordination avec d'autres ministères pour mobiliser les experts et les matériels spécialisés.
-les missions du Secrétariat Général
Le secrétariat anime l’action territoriale conduite par le réseau de préfectures et de sous-préfectures. Dans le cadre de sa mission de sécurité nationale, il organise et coordonne l’action du ministère dans le domaine de la sécurité nationale. Par ailleurs, le secrétaire général assume les fonctions de soutien pour l’ensemble du ministère. Gestion des personnels administratifs, préparation et exécution des budgets, gestion du patrimoine immobilier, contrôle de gestion, audit interne, mutualisations, conception, développement et maintenance des réseaux de communication et des systèmes d’information, protocole, distinctions honorifiques, RGPP, communication interne et externe du ministère pour l’administration, la police, la gendarmerie et la sécurité civile.
Le budget pour l'exercice 2012 des missions du ministère de l'intérieur s'articule autour de 7 champs d'action :
20% de ces dépenses sont attribuées aux interventions, 13% aux moyens de service et 67% au personnel.
Lors de la présentation du budget de l'Etat en novembre 2011, une polémique a éclaté au sujet du budget alloué au ministère de l'intérieur. La controverse concernait les 19 millions d'euros accordés au ministère pour la réserve d’aides aux collectivités locales pour des travaux d'utilité locale. Le député PS, René Dosière, s'était alors insurgé contre le “"hold-up" de la présidence de la République sur une partie des crédits du ministère de l'intérieur”. La controverse émane du fait que depuis 2009, le président Nicolas Sarkozy s'était approprié aux deux tiers cette réserve en chargeant son cabinet d'en décider la programmation. Or, ces dernières années, si les autorisations d'engagement en 2009 représentaient 9 millions d’euros, les lignes budgétaires faces à des situations d’urgence ont été accrues et s’élevaient à 157,9 millions en 2010 et de 137,7 millions en 2011. Selon le député, le président “viole la constitution” par ce procédé. En avril 2012, il entérine son opposition en déposant un recours auprès du Conseil d'Etat afin d'annuler une subvention de 150 000 euros accordée grâce à cette même réserve par Nicolas Sarkozy à la commune de Donzère administrée par le ministre de l'industrie, Eric Besson.
Claude Guéant: Toutes les civilisations ne se valent pas
Début février 2012, en pleine période de campagne électorale, une importante controverse émergea après que le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, ait affirmé que "Toutes les civilisations ne se valent pas". Cette phrase, formulée lors d'un colloque organisé par l'association étudiante de droite Uni à l'assemblée nationale, fut perçue comme une attaque vis-à-vis des personnes de profession musulmane. Prononcée en huis clos, la déclaration s'était cependant rapidement répandue sur internet et avait suscité de nombreuses réactions. Le numéro 2 du PS, Harlem Désir avait ainsi qualifié ces propos sur Twitter de " provocation pitoyable d'un ministre réduit à rabatteur de voix FN. Une majorité en perdition électorale et morale". Des proches de Claude Guéant avaient par la suite confirmé ces propos tout en les défendant : "Cette phrase a été prononcée à l'occasion d'un discours absolument républicain dont tout l'enjeu était de condamner les civilisations qui ne respectent pas la liberté de conscience, la liberté d'expression et l'égalité entre les hommes et les femmes".
Face à l'ampleur de la polémique, le ministre avait dès le lendemain redoublé les entretiens dans les médias. Sur France Inter, il précisait qu'il ne visait aucune culture tout en citant pour exemple des pratiques liées à l'Islam, le port du voile intégral et la prière de rue qui était selon lui une " expression de civilisation". Sur RTL, il assurait qu'il ne regrettait pas ses paroles et accusait la gauche d'enlever la dignité du débat en extrayant des phrases de leur contexte. Il ajoutait ultérieurement lors d'un entretien avec le Figaro qu'il était surpris que ses propos provoquent une polémique.
Le Conseil français du culte musulman (créé par Nicolas Sarkozy en 2003) avait alors demandé à Claude Guéant de préciser "le sens de ses propos". Sa réponse ne se fit pas attendre. Dans un courrier adressé au CFCM, il se défendit de nouveau de viser une culture en particulier et assurait qu'il ne ciblait pas les "concitoyens de confession musulmane qui respectent et adhèrent pleinement aux valeurs de la République, et dont la République respecte et protège les croyances". A la suite de cette missive, le responsable du CFCM, Mohammed Moussaoui, avait répondu qu'il souhaitait clore le débat, qu'une telle controverse n'était utile à personne et qu'il ne souhaitait en aucun cas la propager.
Nicolas Sarkozy avait lui même soutenu son ministre en affirmant que la "polémique" provoquée par des propos de Claude Guéant sur les "civilisations" est "ridicule" et que ceux-ci répondent à une logique de "bon sens".
Brice Hortefeux, un ministre de l'intérieur dépensier
Les dépenses de Brice Hortefeux lors de son passage au ministère de l'intérieur de 2009 à 2011 furent à plusieurs reprises pointées du doigt.
En effet, le journal du net, dans un classement des dépenses des ministres, qualifiait la 6ème place de Brice Hortefeux de surprenante. Le ministre était alors entouré d'une des plus petites équipes du gouvernement (le ministre était ainsi classé en 24ème position en terme d'effectif d'équipe). Cette place proche du podium, était notamment due à une augmentation de 17% du montant total des primes attribuées (soit une attribution de 1 665 268 €).
Par ailleurs, en 2011, la cour des comptes avait dénoncé les dépenses de communication du gouvernement dont certaines étaient opérées dans des conditions contestables. Parmi ces dernières, celles de Brice Hortefeux, qui avait établi 6 contrats de coaching en image avec la société Giacometti-Péron dont quatre sans publicité et sans mise en concurrence.
Autre polémique, les dépenses immobilières du ministre. En effet, pendant 2 ans le ministère payait un loyer d'1 million d'euros pour un immeuble inoccupé situé à Lognes en Seine-et-Marne .A l'origine l'immeuble qui devait être acheter afin de loger des structures de la Direction nationale de la formation de la police nationale (DNFP) avait finalement été acquis par un fond de pension auquel le ministère payait le loyer sans pour autant y avoir installé ses effectifs. Le porte-parole de l'époque, Gérard Gachet, avait alors déclaré que les bureaux n'étaient « pas aux normes » et que les travaux bientôt engagés permettraient d'y installer les personnels « d'ici la fin de l'année ».
La circulaire Guéant et les étudiants étrangers
Depuis l’arrivée au ministère de Claude Guéant, plusieurs mesures visant les étudiants étrangers ont été mises en place avec pour objectif “la maitrise de l'immigration professionnelle”. La démarche fut entamée avec la circulaire du 31 mai adressée aux préfets qui demandait des instructions plus rigoureuses concernant les demandes d'autorisation de travail des étudiants. A la suite de sa publication, de nombreux diplômés étrangers déjà recrutés dans des entreprises françaises qui n'avaient pu obtenir leur changement de statut d'étudiant à salarié s’étaient ainsi vus licenciés. La politique de maitrise des flux fut confirmée quelques mois plus tard par le décret du 6 septembre 2011 qui augmentait de 30% le niveau de ressources nécessaires aux étudiants étrangers pour obtenir une carte de séjour. Ce nouveau décret avait conduit le Gisti (Groupe d'Information et de Soutien des Immigrés) à saisir le Conseil d’Etat en qualifiant cette mesure de “sélection sociale". Le mois de septembre vit également la mise en place du collectif du 31 mai réunissant une centaine d'étudiants qui s'opposait à la circulaire. L’organisation bénéficiait alors du soutien de politiques, de syndicats et de membres de l'enseignement. La Conférence des grandes écoles (CGE), la Conférence des présidents d'université (CPU) et l'Association française des entreprises privées (Afep) avaient également exprimé leur inquiétude face à ces mesures. Face à la controverse, le ministre annonce le 4 janvier 2012 l'assouplissement de la circulaire à certains étrangers hautement qualifiés, de niveau au moins égal au master 2. Cette annonce ne permit cependant pas d’atténuer les mécontentements du Collectif du 31 mai pour qui ces mesures « laissent la place à l'arbitraire". Dans ce contexte, François Hollande avait promis d’abroger la circulaire s'il était élu président.
Claude Guéant
Claude Guéant est ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration de février 2011 à mai 2012. Avant cette nomination, il était depuis le 16 mai 2007, secrétaire général de la présidence de la République. D’ailleurs, le pouvoir important qu’il a auprès du président de la République lui vaut les surnoms de « cardinal », « Premier ministre bis » ou « vice-président ».
Né le 17 janvier 1945 à Valmy, dans le Pas-de-Calais, Claude Guéant passe une enfance calme et studieuse jusqu’au baccalauréat à la suite duquel, il décide de faire un stage d’un an aux Etats Unis… tout aussi studieux. De retour en France, il passe une licence en droit puis poursuit ses études à l’Institut d’études politiques de Paris. Il entre en 1971, à l’École nationale d’administration.
Une carrière de haut fonctionnaire
A sa sortie de l’ENA, il entame une carrière de haut fonctionnaire. Pour son premier poste, il est nommé directeur de cabinet du préfet du Finistère. Trois ans plus tard, on le retrouve secrétaire général pour les affaires économiques de la Guadeloupe et, de 1977 à 1981, il est conseiller technique au cabinet de Christian Bonnet, alors ministre de l’Intérieur. Ces pérégrinations le mènent à la préfecture où il monte la première marche en 1981 lorsqu’il est nommé sous-préfet hors classe. Il travaille alors auprès du préfet de la région Centre, puis devient secrétaire général de la préfecture de l’Hérault, puis des Hauts-de-Seine. C’est en 1991 qu’il est nommé préfet des Hautes-Alpes.
Il est de retour au ministère de l’intérieur en 1993, lorsque Charles Pasqua l’appelle à ses côtés comme directeur-adjoint de cabinet. Le ministre le nomme l’année suivante, directeur général de la Police nationale. Fonction grâce à laquelle il entre dans la lumière médiatique puisque dès le mois de décembre 1994, il doit gérer avec son ministre Charles Pasqua, la prise d’otage d’un airbus d’Air-France à Alger, par un commando islamiste du GIA. Pasqua participe à sa renommée car il ne tarit pas d’éloges sur son sang-froid, son sens de l’organisation et de la décision et l’initie dans la foulée à la Françafrique en lui ouvrant ses réseaux RPR africains. C’est d’ailleurs Charles Pasqua, qui sera le médiateur de la mise en relation entre Claude Guéant et Nicolas Sarkozy puisqu’en 2002, il incite ce dernier, à en faire son directeur de cabinet au ministère de l’Intérieur. Entre temps, l’actuel ministre de l’intérieur n’a pas abandonné sa carrière de haut fonctionnaire puisqu’il est nommé préfet de la région Franche-Comté et du Doubs en 1998, et préfet de la région Bretagne, de la zone de défense Ouest, et d’Ille-et-Vilaine en 2000.
Engagement au côté de Nicolas Sarkozy
C’est pourtant sa rencontre avec Nicolas Sarkozy en 2002, qui lui ouvre en grand, les portes de l’Etat et de la politique. La réputation du préfet Claude Guéant est alors flatteuse, tant et si bien qu’il est surnommé « Monsieur zéro défaut ». Nicolas Sarkozy est d’autant plus séduit, qu’il a besoin d’un haut-fonctionnaire pour le seconder au ministère de l’intérieur. Il nomme Claude Guéant directeur de cabinet. Entre les deux hommes, l’alchimie fonctionne si bien qu’ils ne se quittent plus depuis et trois fois de suite, Nicolas Sarkozy, le nomme directeur de cabinet : à l’Intérieur entre 2002 et 2004 puis, à partir de juin 2005. Avec un détour d’un an à Bercy où Nicolas Sarkozy l’impose. C’est la première fois qu’un préfet, et non un inspecteur des finances, prend la tête du ministère de l’Economie.
L’homme du président
Le haut-fonctionnaire prend alors un tournant très politique en devenant lors de la présidentielle de 2007, directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, après le refus du président Jacques Chirac de le nommer préfet de police de Paris. Nicolas Sarkozy n’abandonne pas son homme et le nomme au lendemain de son élection, le 16 mai 2007, secrétaire général de la présidence de la République. Son pouvoir devient alors considérable dû notamment à la grande influence qu’il a auprès du nouveau président de la République. Cet ascendant est si important qu’il lui vaut les surnoms d’ « homme le plus puissant de France », de « cardinal », « Premier ministre bis » ou encore « vice-président ».
D’ailleurs Claude Guéant voue de son coté, à Nicolas Sarkozy une dévotion sans borne. Fidèle parmi les fidèles, il possède avec le président, une proximité qui agace à l’Elysée les conseillers, les ministres et l’entourage proche. Omniprésent, il gère et contrôle tout : politique, économie, diplomatie.
Ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration
Après avoir été l’influent secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant est nommé ministre de l’Intérieur de l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration lors du remaniement du gouvernement de François Fillon le 27 février 2011. Il s’installe à l’hôtel de Beauvau dès le lendemain, après la passation de pouvoir avec son prédécesseur, Brice Hortefeux. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le nouveau ministre connait bien la maison puisqu’il a exercé des fonctions à plusieurs reprises à la fois au ministère et à la Police nationale. C’est aussi à partir de là que cet homme autrefois réputé pour sa grande discrétion et son style « zéro défaut » devient peu à peu l’homme des polémiques et des déclarations à l’emporte pièce.
L’homme des polémiques
En fait, dès son entrée active dans la sphère politique, il est considéré comme un représentant de l’aile droite de l’UMP qui pour des raisons à la fois de sensibilité personnelles et électorales, ratisse sur les champs de l’extrême droite. D’ailleurs, l’opposition lui reproche assez d’être sur la même ligne politique que le Front national.
Moins d’un mois après avoir succédé à Brice Hortefeux, le ministre tient plusieurs propos sur l’immigration et les musulmans, jugés insultants par l’opposition, et qui ne font pas l’unanimité à l’UMP. Ainsi le 4 avril 2011, le ministre déclare lors d’un déplacement à Nantes, que « l’accroissement du nombre des fidèles de cette religion [musulmane], un certain nombre de comportements, posent problème ». Si l’opposition est montée au créneau, certains membres de l’UMP comme la députée de Meurthe et Moselle, Valérie Rosso-Debord, prennent alors leurs distances avec le ministre. Suite aux propos de Claude Guéant, elle déclare sur lejdd.fr : « Claude Guéant, c’est Claude Guéant, l’UMP, c’est l’UMP », et poursuit : « Il est hors de question de stigmatiser quiconque ».
Décidemment en verve, le 27 juin de la même année, le ministre s’attire les foudres du monde éducatif en affirmant sur Europe 1, que « les deux tiers des échecs scolaires, c’est l’échec d’enfants d’immigrés ». Il enfonce le clou peu après à l’Assemblée en assénant : « C’est vrai qu’il y a deux tiers des enfants d’immigrés qui se trouvent sortir de l’appareil scolaire sans diplôme ». Claude Guéant qui dit appuyer ses propos sur les chiffres de l’Insee est repris, fait rarissime, par l’organisme lui-même, qui corrige les propos du ministre en disant qu’au contraire, les chiffres de l’Insee le contredisent.
Loin de s’arrêter en si bon chemin, le ministre joue à nouveau la carte du Front National, le 4 février dernier lorsqu’il affirme lors d’un colloque de l’UNI - syndicat étudiant très (très) à droite - que «contrairement à ce que dit l’idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas». Le lendemain, le ministre de l’Intérieur persiste malgré les critiques de la gauche qui voient là une façon d’attirer des électeurs du Front national à moins de trois mois de la présidentielle. Il s’attire les foudres de l’opposition et Ségolène Royal, la présidente PS de la région Poitou-Charentes, dénonce « un dérapage contrôlé et parfaitement volontaire » du ministre de l’Intérieur. « Ce sont des propos obscurantistes et dangereux, parce que derrière le choc des civilisations, il y a la guerre », poursuit-elle.
Lors d’un Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, taxe les propos de Claude Guéant de « baratin pour porter une espèce de détestation des musulmans ». Il ajoute : « Guéant retarde d’à peu près dix ans, il essaie de donner un fondement culturel [à ses propos], ça s’appelle la théorie du choc des civilisations, c’est la théorie de Samuel Huntington qui a été le penseur pour les nord-américains des théories qui leur permettent d’agresser la terre entière au nom du fait que, eux, déclarent par avance être agressés par les autres ».
Cette déclaration de Guéant ira jusqu’à l’incident de séance à l’assemblée nationale le 7 février 2012. Pendant les questions au gouvernement, le député de la Martinique, Serge Letchimy déclare à Claude Guéant : « Vous nous ramenez jour après jour à ces idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration». Ce qui provoque un incident de séance.
Candidature aux élections législatives
Nonobstant ces dérapages (contrôlés ?), le 29 décembre 2011, il annonce sa candidature aux législatives de 2012 dans la 9e circonscription des Hauts-de-Seine.
Vie familiale
Veuf depuis 2008, Claude Guéant est père de deux enfants : Marie-Sophie et François, avocat fiscaliste et lui même engagé en politique depuis 2007 où il est suppléant du député du Morbihan Loïc Bouvard. Quand il n’est pas en mission ou happé par ses obligations, il dit aimer se réfugier le week-end dans sa maison de Durtal, dans le Maine-et-Loire, pour jouer avec ses petits-enfants, lire ou écouter Mozart.
Né à Barcelone en 1962, ce fils d’artiste peintre a surtout été influencé par son grand père qui était rédacteur en chef d’un journal de gauche. Pendant la guerre civile espagnole, ce républicain grand teint réussit à cacher des anarchistes et des prêtres persécutés par les franquistes. C’est un des cousins de son père, Manuel Valls i Gorina, qui compose l’hymne du FC Barcelone ! Mais sa famille décide d’émigrer en France et Manuel Valls obtient la nationalité française grâce à une procédure de naturalisation. Aujourd’hui, marié à la violoniste Anne Gravoin, il a quatre enfants d’un premier mariage.
Etudes et débuts de carrière politique
Sa conscience politique est précoce. En 1980, à l’âge de 17 ans, il adhère au Parti Socialiste pour soutenir Michel Rocard car au sein du PS, il appartient à cette deuxième gauche, davantage pragmatique que celle de François Mitterrand, plus à gauche. Pourtant, lors des élections présidentielles de 1981, il ne peut pas voter car il n’est pas encore naturalisé. Il ne renonce pas à la politique et pendant ses études universitaires d’histoire à l’université Paris 1-Tolbiac, il adhère au syndicat étudiant socialiste, l’UNEF-ID où il joue le rôle de modérateur. Mais ce sera surtout au sein des réseaux rocardiens que Manuel Valls va trouver sa place. Il est pressé et à l’âge de 24 ans, le jeune homme est élu au conseil municipal d’Ile-de-France et devient premier vice-président.
Deux ans plus tard, en 1988, il est nommé par Michel Rocard alors premier ministre de François Mitterrand, consultant pour les affaires étudiantes. Après la démission de Rocard en 1992, il retrouve son poste au conseil régional d’Ile de France, qu’il ne quittera qu’en 2002. Quoique vaincu en 1997, au premier tour des élections législatives dans la 5ème circonscription du Val-d’Oise, sa carrière politique rebondit grâce à une nouvelle nomination dans un cabinet ministériel. Il devient conseiller pour la communication et la presse auprès du Premier ministre, Lionel Jospin. C’est notamment à ce poste qu’il noue des liens avec des membres du New Labor de Tony Blair.
Le député-maire d’Evry (2001-2007)
C’est en 2001 que Manuel Vals est élu maire d’Evry, ville nouvelle au sud de Paris créée dans les années 1960. Tout s’enchaine alors puisqu’un an plus tard, il est élu à l’Assemblée nationale française en tant que député pour la circonscription de l’Essonne. Mandat qu’il conservera en 2007. Il garde aussi son mandat de maire d’Evry avec 60,12% des voix. Sa gestion de la commune est remarquée car tout en défendant les couches populaires, il refuse l’angélisme sur les questions sécurité. Ainsi, pendant les émeutes de l’automne 2005, il est le seul socialiste à s’abstenir de critiquer l’instauration du couvre-feu. De même, pour lutter contre la ghettoïsation d’un quartier d’Evry, il n’hésite pas à s’opposer à l’installation d’un supermarché halal dans sa commune.
En 2007, par exemple, il propose aux commerçants d’installer un dispositif de télésurveillance pour lutter contre l’insécurité de certains quartiers d’Evry. Il déclare : « Aucun recoin de la ville ne doit être laissé aux voyous ». Pour changer l’image d’Evry et obtenir le calme, il double, en l’espace de six ans, les effectifs de la police municipale. Son objectif est de redorer le blason de la ville d’Evry et pour se faire, il ne lésine pas sur la communication – un de ses dadas - pour faire parler de son action politique. Dès son arrivée à la tête de la ville, il crée, un nouveau logo pour Evry, remplace le bulletin municipal par trois revues en couleurs. Entre 2000 et 2003, les dépenses liées à la communication augmentent de… 852,6% ! En parallèle, de nouveaux promoteurs lancent de nombreux chantiers car l’objectif est d’attirer une classe sociale plus élevée dans le centre-ville.
Affirmation de sa différence au sein de PS
Avec le référendum de 2004 sur le traité constitutionnel Européen, Manuel Vals affiche sa différence avec la majorité des dirigeants socialistes. Ce refus de la Constitution européenne met en difficulté François Hollande alors premier secrétaire du PS. Valls est suspecté de manœuvres pour s’emparer du parti, critique à laquelle il réplique non sans ironie : « Ce bruit m’honore et fait monter mon ego déjà grand de plusieurs mètres». Manuel Vals fait en définitive volte face et au fur et à mesure de la campagne change radicalement de position, déclarant : « J’étais partisan du non, mais face à la montée du non, je vote oui ». Il votera avec d’autres élus de gauche «pour » la réforme du titre XV de la constitution permettant la ratification du Traité de Lisbonne (2007) lors du Congrès du Parlement français le 4 février 2008
Ces positions ne font qu’exacerber l’hostilité de ses adversaires au sein du Parti Socialiste, qui le désignent comme un homme à droite de la gauche. Lui préfère se présenter comme un partisan d’un social-libéralisme à la française pour lequel la société de marché, le travail, la lutte contre l’insécurité, la refonte de la loi de 1905 sur la laïcité ne doivent plus être des questions taboues à gauche. D’ailleurs, après la défaite de Ségolène Royal lors de la présidentielle de 2007, il s’en prend violemment à François Hollande, qu’il accuse d’immobilisme.
Depuis 2007, il multiplie les coups d’éclat et se considère comme un pragmatique qui entend expérimenter de nouvelles voies qui fonctionnent dans les pays voisins quitte à bousculer les orthodoxes du PS. Il a même évoqué publiquement la possibilité de changer le nom du Parti Socialiste pour entériner la modernisation de la gauche. En 2007, Manuel Valls lance aussi son propre club de réflexion : « Cercle 21, Gauche et modernité », fin octobre 2007. Il veut faire évoluer le PS car selon lui, le parti doit actualiser sa doctrine pour devenir un parti social-démocrate acceptant de gouverner avec le centre.
Il soutient Ségolène Royal en novembre 2008 lors de l’élection du nouveau premier secrétaire du PS mais c’est Martine Aubry qui remporte l’élection avec une simple poignée de voix en plus. Des suspicions de fraudes circulent alors. Faisant suite aux contestations des résultats du Congrès de Reims du PS, Manuel Vals réclame l’arbitrage des tribunaux sur ces suspicions de fraude électorale dans les fédérations du Nord et de la Seine-Maritime favorables à Martine Aubry. La réponse de la première secrétaire du PS est publique et le 14 juillet 2009, elle fait publier une lettre ouverte à Manuel Valls dans les colonnes du journal Le Parisien : « Mon cher Manuel, s’il s’agit pour toi de tirer la sonnette d’alarme par rapport à un parti auquel tu tiens, alors tu dois cesser ces propos publics et apporter en notre sein tes idées et ton engagement ». Elle poursuit : « Si les propos que tu exprimes reflètent profondément ta pensée, alors tu dois en tirer pleinement les conséquences et quitter le Parti socialiste. [...] Je te demande de me faire part de ton choix dans les jours qui viennent, et d’en assumer toutes les conséquences pour l’avenir »
Pourtant, plusieurs personnalités du PS comme Gérard Collomb, Jean-Noël Guérini ou Jean-Pierre Mignard soutiennent Manuel Valls face à Martine Aubry. Il ne compte pas quitter le parti et revoie à la Première secrétaire une lettre : « Je t’informe que j’entends bien rester fidèle à mon poste, à ma famille politique et à mes valeurs » mais précise « Je ne me ferai pas le silencieux complice de l’aveuglement ». Il ne s’arrête pas là dans sa fronde contre Martine Aubry et déclare le 2 janvier 2011, vouloir « déverrouiller les 35 heures », créant une nouvelle fois le trouble au sein du Parti socialiste.
Le 13 juin 2009, Manuel Valls annonce, son intention de se présenter à la primaire socialiste de 2011 en vue de l’élection présidentielle de 2012. Au soir du premier tour, le 9 octobre 2011, il est éliminé de la primaire avec un score de 6% des voix. Le soir de sa défaite, il rallie François Hollande pour le second tour qui le nomme au sein de son équipe de campagne, directeur de la communication pour la campagne présidentielle de 2012.
Ses orientations politiques
Manuel Vals s’inscrit dans une culture et une démarche proche de la social-démocratie allemande et scandinave. Il s’est lui-même définit par le passé comme « blairiste » ou « clintonien », et dit s’inscrire dans la lignée de Pierre Mendès France, Michel Rocard ou encore Lionel Jospin. Il s’estime d’ailleurs « réformiste plutôt que révolutionnaire », il souhaite « concilier la gauche avec la pensée libérale ». À l’été 2011 par exemple, il déclare au site Rue89 que « des hommes et des femmes comme Dominique de Villepin, François Bayrou ou Corinne Lepage, pour ne citer qu’eux, peuvent faire partie, s’ils le souhaitent, d’une majorité de large rassemblement ». Une logique qu’il poursuit dans les domaines de l’économie et de l’intégration européenne, il est favorable à l’instauration de la « TVA Sociale », visant à augmenter la TVA sur des produits qui ne sont pas de première nécessité en échange d’un allègement des cotisations sociales sur les salaires. Lors d’une interview au journal Le Monde, le 25 juillet 2011, il déclare : « Une politique fiscale devra passer par une augmentation de la TVA. C’est la TVA-protection ou sociale que je propose ».
Il plaide aussi pour l’allongement de la durée de cotisations pour fixer l’âge du départ à la retraite et l’alignement des régimes spéciaux de retraite sur le régime général. Il s’est de plus, déclaré favorable en 2010 au contrôle de la Commission européenne sur les budgets nationaux, jugeant cela « incontestablement » nécessaire. Il déclarait à l’AFP le 16 mai 2010 : « Dans le monde tel qu’il est, qui a besoin de grands ensembles, on a besoin davantage d’intégration de nos politiques économiques, davantage de coordination, c’est vrai sur le plan monétaire, c’est vrai sur le plan budgétaire et c’est vrai sur le plan fiscal ». Sur le plan social, son principal souci est d’en finir avec la vieille garde du parti socialiste et pour ce faire, il se déclare favorable aux quotas d’immigration et approuve l’allongement de la cotisation de retraite à 41 ans.
Réformiste encore, il réclame une refonte de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État affirmant dans le magazine Réforme le 12 aout 2005 : « Personne ne veut y toucher, mais elle est contournée en permanence ; chacun cherche un subterfuge pour arriver à ses fins. […] Notre pays ne peut donc échapper à la révision même si ce n’est pas une révision avec un grand R. La loi a d’ailleurs été plusieurs fois modifiée depuis son adoption. La République pourrait s’offrir ainsi un moment symbolique pour donner un souffle nouveau à la laïcité. Il faut une révision publique de l’application de la laïcité qui passe par un débat parlementaire. Voilà un beau moyen de remettre l’idéal laïc au cœur de la société française et d’en faire une valeur partagée ».
Enfin, le 12 octobre 2009 dans les colonnes du Nouvel Observateur, Manuel Valls se déclare « en désaccord total » avec la proposition de dépénalisation ou de légalisation encadrée du cannabis faite par Daniel Vaillant qui visait pourtant, à priver les trafiquants d’une source de revenus.