La direction générale de la création artistique (DGCA) est l’un des quatre grands pôles du ministère de la Culture et de la Communication. Mise en place le 13 janvier 2010, elle définit, coordonne et évalue donc la politique de l'État dans ces deux domaines.
Elle a pour mission de favoriser la création artistique sous différentes formes, principalement le spectacle vivant et les arts plastiques. Elle traite ainsi les questions liées au théâtre, au cirque, aux arts de la rue, à la musique, à la danse, à l’opéra, ainsi qu’à la promotion de l’art contemporain (peinture, sculpture, photographie). Elle assure notamment la tutelle du Fond national et des fonds régionaux d’art contemporain. Elle s’occupe également des questions liées à la formation des artistes en assurant un contrôle pédagogique sur les établissements d’enseignement.
Elle suit aussi l’activité d’établissements prestigieux comme l’Opéra national de Paris, la Comédie Française et le Théâtre national de Strasbourg, ainsi que les questions touchant le statut d’intermittent du spectacle.
La direction générale de la création artistique a été créée le 13 janvier 2010 dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP), initiée en 2007 par le Premier ministre afin de repréciser le périmètre des politiques publiques de l’Etat, les adapter aux exigences du XXIe siècle et réduire les dépenses publiques.
Les réformes issues de la RGPP (par le décret n° 2009-1393 du 11 novembre 2009) ont, entre autres, abouti à la réorganisation de l’administration centrale du ministère de la Culture et de la Communication, qui s’organise désormais autour d’un secrétariat général et de trois directions générales : la direction générale des patrimoines (DGP), la direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC), et la direction générale de la création artistique (DGCA).
La DGCA réunit désormais l’ancienne Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles (DMDTS) et l’ex-Délégation aux arts plastiques (DAP).
Mais les syndicats du ministère de la Culture et la Communication ont exprimé certaines inquiétudes face à ces réformes, qu’ils voient comme une concentration extrême des missions du ministère de la Culture qui va de pair avec les réductions de salariés et de moyens voulues par la RGPP. La CFDT-Culture craint notamment que cet « habillage de la réduction des effectifs, » ait, en réalité, peu d’impact sur la dépense mais des conséquences catastrophiques sur la vie culturelle.
Au-delà des pertes d’emplois que ces réformes entraîneraient, les syndicats craignent que les compétences et les missions de la DGCA ne respectent pas le principe de la liberté de création comme si s’annonçait, subrepticement, un retour à la tutelle gouvernementale sur les activités artistiques.
Ironie, Georges-François Hirsch, le premier directeur de la DGCA, dit ne pas être partisan de la RPGPP non plus mais déclare qu’il l’appliquera, à sa manière, c’est-à-dire de manière souple. « Ce n’est pas parce qu’on va rapprocher trois établissements en un seul label qu’on va supprimer des programmations ou comprimer les effectifs. Mais pour les indicateurs RGPP, ça fait bien ».
Les différentes missions de la direction générale de la création artistique sont réparties en six différents services :
La DGCA est chargée de soutenir la création artistique et son renouvellement, dans toutes ses formes d’expression et d’esthétique. Elle tente d’une part de favoriser la diffusion des œuvres et l’accès du public aux productions artistiques. Elle mène, d’autre part, une politique d’acquisition et de conservation patrimoniale dans le domaine des arts plastiques et du spectacle vivant.
A ce titre, elle soutient la recherche, développe une politique d’achat et de commande d’œuvres pour les bâtiments publics (incluant la procédure du 1% artistique : http://www.culture.gouv.fr/culture/dap/dap/unpourcent
La direction générale de la création artistique participe aussi au développement des structures et des réseaux de création et de diffusion des arts du spectacle vivant et des arts plastiques : orchestres, maisons d’opéra, centres nationaux de création musicale, scènes de musiques actuelles, centres dramatiques nationaux, scènes nationales, centres chorégraphiques nationaux, centres de développement chorégraphique, pôles nationaux des arts du cirque, centres nationaux des arts de la rue, centres d’art, fonds régionaux d’art contemporain etc…
Elle veille ainsi à l’enrichissement et à la conservation des collections publiques et des biens culturels confiés aux organismes relevant du ministère; ainsi qu’au patrimoine des arts de la scène à travers des structures telles que le Hall de la chanson, la Cinémathèque de la danse, le Centre national du costume de scène de Moulins.
La direction accompagne aussi les associations engagées dans la diffusion de l’art contemporain et du spectacle vivant et soutient les festivals et biennales d’importance nationale et internationale.
Elle organise, par ailleurs, les grands rendez-vous nationaux tels que la Fête de la Musique ou la Force de l’Art et Monumenta.
Elle encourage la diffusion européenne et internationale des œuvres des créateurs français ou exerçant leur activité en France.
La DGCA contribue aussi à la définition du droit applicable aux professions du secteur de la création artistique et élabore la réglementation relative au statut et à l’activité des artistes et des professions liées au domaine du spectacle vivant et des arts plastiques.
La direction générale de la création artistique tient également un rôle pédagogique : elle met en œuvre la réglementation de l’enseignement supérieur des arts plastiques ainsi que de l’enseignement spécialisé et de l’enseignement supérieur dans le domaine du spectacle vivant.
Elle contrôle, accompagne et coordonne, de ce fait, l’activité scientifique et pédagogique des établissements nationaux et territoriaux ; et assure le contrôle scientifique et pédagogique de l’Etat sur les établissements d’enseignement public de musique, de danse, d’art dramatique relevant des collectivités territoriales.
Aussi dans son champ de compétence :
Enfin, elle participe, pour ce qui la concerne, à la politique et à la gestion des ressources humaines, à la stratégie et à la gestion budgétaire, à la tutelle des organismes relevant du ministère, au pilotage des opérations d’équipement, à l’animation des services déconcentrés, aux travaux d’étude, d’observation et de recherche, à la conception et à l’organisation des événements culturels.
Plus concrètement, George-François Hirsch, premier directeur de la DGCA, explique que son action consiste d’une part à gérer le quotidien, c’est-à-dire les budgets votés par le parlement et procéder aux nominations dans les différentes institutions sous sa tutelle. D’autre part, à réfléchir à ce qu’est la politique culturelle du Ministère de la culture, ce qui est « passionnant mais difficile, en période de crise».
Georges-François Hirsch a rappelé que le budget de l’Etat était extrêmement contraint, tout comme celui des collectivités territoriales. Les institutions en régions sont en effet financées à 30% par l’Etat via les Drac (Directions régionales des affaires culturelles) et à 70% par les collectivités territoriales. En 2011, le budget de la culture est stabilisé. « Mais entre l’inflation et l’augmentation mécanique du coût d’une institution, un budget stabilisé signifie moins d’argent », souligne-t-il.
Trois grands chantiers :
Des sa création, la DGCA s’est engagé dans trois chantiers :
1. Augmenter de manière volontariste la diffusion par la coproduction. La France produit beaucoup mais diffuse peu : chaque production n’est jouée en moyenne que 4 ou 5 fois, et les productions françaises circulent peu à l’étranger. La DGCA préconise donc de systématiser les coproductions, y compris avec l’Europe et l’international, pour abaisser les coûts par établissement et ainsi mieux amortir les productions. Il s’agit pour Georges-François Hirsch d’éviter un système où deux maisons d’opéra montent Carmen, le même week-end, chacune coûtant 300 000€ et étant jouée trois fois, mais de mettre ensemble 3 ou 4 maisons et de jouer vingt fois.
2. La DGCA a aussi décidé de mettre de l’ordre dans les règles du jeu en matière d’organisation des labels nationaux, d’organisation des établissements publics et aussi des nominations. « Aujourd’hui, la nomination de la moindre personnalité qualifiée dans un Conseil d’administration occasionne de multiples pressions politiques, et professionnelles », souligne Georges-François Hirsch. Ces règles du jeu ont pour la première fois été énoncées et écrites, et ont fait l’objet d’une circulaire ministérielle adressée au préfet et aux Drac. La DGCA finalise également un certain nombre d’indicateurs de performance, notamment sur la fréquentation des lieux et le niveau des recettes.
3. Georges-François Hirsch a également lancé une mission afin d’examiner les possibilités de ressources extrabudgétaires pérennes.
Selon lui, la DGCA va engager une deuxième série de mesures afin de rapprocher les établissements en France et à l’étranger. Il veut améliorer la cartographie du territoire national. Certaines scènes nationales sont très proches les uns des autres comme Monbéliard et Belfort (12 kms), tandis que certains endroits sont un désert total, comme la Corse, où « il n’y a pas un équipement culturel digne de ce nom ».
Il va engager un tour de France des collectivités afin de définir comment Etat et collectivités veulent travailler ensemble et essayer de contractualiser une politique pour les 3 ou 4 années à venir.
Il souhaite également créer des bureaux spécialisés à l’étranger tenus par des professionnels et non des diplomates, qui serviront de têtes de pont pour mettre en place des réseaux avec des partenaires étrangers et d’interface technique pour monter des projets éligibles au Fonds européen, ce que la France réussit mal aujourd’hui contrairement aux autres pays européens. Le développement de pôles de création et de diffusion européens est également une priorité.
Enfin, Georges-François Hirsch a évoqué l’emploi, regrettant qu’une compagnie soit obligée de créer une association pour solliciter des fonds publics. Il a dit vouloir créer des petites entreprises, dont le statut est encore à définir, et qui auraient au moins un salarié permanent. Parallèlement, la DGCA veut faire en sorte que toutes les institutions subventionnées par l’Etat et les collectivités puissent accueillir et « tutorer » les jeunes artistes et les jeunes créations.
C'est au sein du programme Création du ministère de la Culture et de la Communication que sont inscrits les crédits de paiement destinés au spectacle vivant et aux arts plastiques. Ces crédits ont pour but de maintenir l’effort de l’Etat en faveur de la création et de l’émergence des jeunes créateurs, et de soutenir les grandes institutions dédiées à la création et à la diffusion auprès des différents publics.
En 2011, le spectacle vivant reçoit 90% du budget destiné à la création artistique (soit 662,9 millions d’euros) et les arts plastiques, en obtiennent 10 % (soit 72,7 millions d’euros).
Le budget du spectacle vivant se répartit entre les opérateurs de l’Etat (les établissements directement subventionnés par le ministère, comme l’Opéra de Paris ou la Cité de la musique) et les autres institutions qui sont situées à 85% en région (près de 1 000 lieux de création, de production ou de diffusion destinés au théâtre, aux arts du cirque, de la rue, à la musique, à la danse ainsi qu’aux programmations pluridisciplinaires).
Le ministère poursuit ainsi son action de rénovation des grands équipements dont il a la charge, tel que Centre national de la danse, l’Opéra comique, le Palais de Chaillot ou encore le Théâtre national de Strasbourg.
En 2009, une baisse du budget de la création artistique avait été envisagée à partir de 2011 mais l’enveloppe du spectacle vivant a finalement été préservée. Pourtant, le Syndeac, le plus puissant syndicat des patrons du spectacle vivant, n’est pas satisfait et regrette le fait que la dotation n’augmente pas du fait de l’inflation et de projets nouveaux qui seront mis en place au détriment des structures historiques (la Philharmonie, la carte Musique jeune…). Il déplore également le fait que le Conseil de la création artistique, sorte de boîte à idées du ministère de la culture présidée par Nicolas Sarkozy, et bête noire du Syndeac, reçoit plusieurs millions d’euros.
Les moyens financiers prévus dans le domaine de la création et de la diffusion des arts plastiques ont pour but de soutenir les artistes et les créateurs, d’accompagner le développement du réseau des institutions d’art contemporain en région, notamment les Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC) et de poursuivre la réalisation des grands projets nationaux telle qu’en 2011, la rénovation du Palais de Tokyo et la poursuite de manifestations d’art contemporain au Grand-Palais.
Si le budget n’a pas subi les coupes en 2011, les syndicats déplorent une somme assez dérisoire comparée au bonus engagé pour le Patrimoine, le domaine de l’art contemporain étant beaucoup moins lucratif que ce dernier.
Inquiétudes face à l’avenir du service public de la création artistique
Le 13 décembre 2010, des professionnels du Spectacle vivant ont occupé la Direction générale de la création artistique, comme un préavis au Ministre de la Culture et de la Communication, qui ne semble pas entendre l’exaspération et les inquiétudes de ces derniers quant à l’avenir du service public de la création artistique, tel que programmé par son gouvernement.
Une délégation d’organisations professionnelles dont la CGT Spectacle et le Syndeac avait, en effet, fait part au ministre de certaines revendications. Parmi elles : l’abandon de la Révision Générale des Politiques Publiques, la mise en place d’un plan de développement du Spectacle vivant (l’oublié du Budget) ou encore la levée de la réserve budgétaire supplémentaire de 5 % jusqu’alors toujours obtenue, ainsi qu’une modification du régime d'assurance-chômage des intermittents du spectacle.
Mais aucun pas n’a été fait dans leur direction et aucune action n’a été prise.
Les syndicats du spectacle ont donc décidé d’agir de nouveau et de perturber la journée de débats, le 4 février 2011 à la Grande Halle de La Villette, consacrée au nouveau slogan du ministère de la culture, «La culture pour chacun», formule officialisée dans une note signée par un conseiller du ministre de la culture, à l'automne 2010. Le Forum a donc été bloqué jusque vers 11 heures.
Après les tables rondes, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand s'est exprimé, sans faire toutefois d’annonce. Il a juste dit qu’il souhaitait « présenter les pratiques amateurs dans les lieux professionnels » et a suggéré d'offrir un livre aux jeunes mariés, comme Les Fables de la Fontaine, ou Les Misérables, de Victor Hugo. Cela a, par ailleurs, déjà été mis en oeuvre par Valéry Giscard d'Estaing quand il était président de la République (1974-1981), sans convaincre, et l'expérience avait tourné court. Le ministre a lui-même reconnu que c’était « un peu décousu. »
Création du Conseil de la création artistique
http://www.conseil-creation-artistique.fr
Le 2 février 2009, lors de son discours Nîmes sur la culture à Nîmes, Nicolas Sarkozy annonce l’installation du Conseil de la création artistique, avec à sa tête, le producteur de cinéma, Marin Karmitz. Cette commission française, financièrement et politiquement indépendante du ministère de la Culture et de la Communication est directement rattachée à l'Elysée et présidée par le chef de l’Etat lui-même.
Le Conseil de la création artistique a été conçu comme une sorte de « laboratoire d'idées », de service de recherche et de développement chargé « d'éclairer les choix des pouvoirs publics en vue d'assurer le développement et l'excellence de la création artistique française, de promouvoir sa diffusion la plus large, notamment internationale, et d'arrêter les orientations de nature à permettre leur mise en œuvre. »
Nicolas Sarkozy le veut en rupture avec les habitudes du ministère pour « vaincre la pensée unique » car selon lui, la culture est « notre réponse à la crise économique mondiale (...) et pour que ça soit vrai, il faut que la création soit au cœur de cette politique culturelle que je souhaite impulser. »
Face à l’accusation d'hyperprésidentialisation, Nicolas Sarkozy a justifié sa décision de présider ce nouvel organisme. "Ma parole est plus libre que celui qui produit et qui doit faire attention à ce qu'il dit (...). C'est donc à moi de donner un coup de pied dans la fourmilière, de bousculer les choses", a-t-il estimé.
Mais la création de cette institution a suscité de nombreuses critiques et de colère dans le milieu artistique. Marin Karmitz, producteur de cinéma et propriétaire du réseau de salles MK2, s’est entouré de onze professionnels. Dès son annonce, la liste des personnalités est critiquée pour son manque de parité (une seule femme, Dominique Hervieu, directrice du Théâtre national de Chaillot) et de diversité, et l'absence de professionnels étrangers et de créateurs au profit des directeurs de lieux ou d'organismes culturels français.
Certains dénoncent également des conflits d'intérêts. Dominique Hervieu et Laurent Bayle, patron de la Cité de la musique sont accusés d'avoir attribué à leur propre institution une subvention. Accusation réfutée par Marin Karmitz, qui affirme que trois avocats ont assuré qu'il n'y avait pas de prise illégale d'intérêt.
On lui reproche également de « privatiser » la culture au profit de l’Elysée. Mais Marin Karmitz répond que tout le monde devrait se réjouir de la création de cet organisme : « Dans ce pays, pour obtenir quelque chose, tout se passe à l'Elysée. C'est comme ça. Regardez Malraux avec de Gaulle, Duhamel avec Pompidou, Lang avec Mitterrand... Quand le président de la République ne s'intéresse pas à la culture, on ne peut rien faire. Là, il se trouve qu'on a un président qui a découvert l'importance de la culture. Quand je le croise, il me parle de David Lynch. C'est bien, non ?”
Par ailleurs, Syndeac, syndicat des employeurs du spectacle vivant, soutenu par plusieurs personnalités, qualifie le Conseil de création artistique d' « arme de destruction progressive du ministère de la culture », ainsi concurrencé et doublé par la capacité de conception et de proposition conférée au Conseil, et dès lors poussé à l'appauvrissement intellectuel ainsi qu'au découragement des compétences, des savoir-faire et des expériences acquises qu'il recèle.
A cela, M. Karmitz répond que les deux institutions sont complémentaires : « Au ministère de faire tourner les grands équipements et de soutenir les actions en place ; au conseil d'innover, de bousculer, d'expérimenter, de bouger les frontières, avec deux objectifs : aider les créateurs, notamment les plus jeunes, qui ne trouvent pas leur place dans le dispositif actuel ; élargir les publics de la création. »
Les opposants au Conseil pour la création artistique dénoncent également son financement. Selon eux, les 10 millions d'euros qu'il distribuera chaque année sont prélevés sur le budget de la culture, à l'heure où les subventions aux compagnies ne cessent de se réduire. Mais Karmitz affirme que ce n’est pas le cas, qu’il a un budget propre qui a été pris sur l'enveloppe du Premier ministre. De plus, « notre méthode consiste à être à l'initiative de coproductions - comme au cinéma, où le plus difficile est de trouver le premier et le dernier euro - qui associent tous les ministères et autant que possible des mécènes privés. Une quinzaine d'administrations sont déjà engagées. Autant d'argent qui va à la culture sans rien prendre au ministère de la culture. »
Et si beaucoup ne décolèrent pas et refusent toute forme de financement ou d’aide de la part du Conseil de la création artistique, d’autres s’y sont résignés. Gilbert Fillinger, directeur de la maison de la culture d'Amiens, par exemple, a été sollicité pour participer au festival « Imaginez maintenant », initié par l’institution. Opposé à sa mise en place, Gilbert Fillinger a tout de même accepté : « Mon métier ? Aider la création. Aujourd'hui, c'est difficile, surtout pour les plus jeunes. Au nom de quoi devais-je refuser ? »
Georges-François HIRSCH – directeur général de la création artistique
Georges-François Hirsch est né le 5 octobre 1944 à Paris 14ème. Il a débuté sa carrière comme technicien de plateau puis comme metteur en scène d’opéra.
De 1964 à 1969, il participe à la décentralisation théâtrale, lyrique, musicale et chorégraphique dans la région parisienne. Administrateur général du Grand Théâtre de Limoges de 1969 à 1974, il est également durant cette période directeur du Festival de Bellac - Jean Giraudoux et professeur d’Art lyrique à l’Académie Internationale d’été de Nice.
De 1974 à 1980, il se lance dans la production de spectacles lyriques et chorégraphiques. En 1980, il devient administrateur de la Danse à l’Opéra de Paris, puis co-Directeur de l’Opéra à partir de 1982.
EN 1983, il accède au poste de directeur général du Théâtre des Champs-Elysées, où il restera jusqu'en 1990. Dans le même temps, il est directeur du Festival de Carcassonne et président de la Commission consultative d’attribution des subventions aux compagnies de danse auprès du ministre de la Culture (1984-1990) et administrateur général de l’Opéra Bastille (1989-1990).
M. Hirsch est ensuite nommé sans surprise administrateur général de l’Opéra de Paris (Garnier/Bastille) de 1991 à 1992. Mais le 16 juillet 1992, un drame survient. Lors d'une répétition d'Otello de Verdi à Séville, une partie du décor s’effondre. Une choriste est tuée et quarante-trois personnes sont blessées, dont dix gravement. Cinq responsables de l'Opéra de Paris, dont Georges-François Hirsch, et deux responsables de la société Manudecors, sont poursuivi en justice « pour les délits d'homicide et blessures par maladresse, imprudence, inattention, négligence et inobservation des règlements. ». Il est condamné à huit mois de prison avec sursis et 30 000 F d'amende.
Connu pour avoir appartenu au cercle des intimes de François Mitterrand, Hirsch change de cap en 1993 et est nommé par ce dernier membre du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel.
Mais en 1996, deux ans et demi avant la fin de son mandat, il souhaite retourner à la musique et rêve de rejoindre le Théâtre du Châtelet. Malgré les pressions du ministère de la Culture, le maire de Paris, Jean Tibéri, soucieux de rester maître de ces nominations, lui refuse le Châtelet. En revanche, il accepte que Georges-François Hirsch prenne la direction de l'Orchestre de Paris, un poste auquel son énergie naturelle fut mise à rude épreuve par la « période Mogador » avant le retour à Pleyel. Mais il remplie sa mission avec succès, en créant notamment un Grand auditorium à La Villette.
En parallèle, Georges-François Hirsch cumule de nombreuses autres activités : président du Syndicat National des Orchestres et Théâtres Lyriques subventionnés de droit privé (1999 et 2008), vice Président de l’Association Française des Orchestres (2000-2008), vice-Président de la Fédération des Entreprises du Spectacle Vivant, de la Musique, de l’Audiovisuel et du Cinéma (2005-2008) et président de la Fédération des Employeurs du Spectacle Vivant, public et privé (2004-2008).
Le 7 mai 2008, Georges-François Hirsch devient directeur de la Musique, de la Danse, du Théâtre et des Spectacles au ministère de la Culture et de la Communication. Cette nomination est perçue par beaucoup comme une bonne nouvelle. Considéré comme un homme plutôt de gauche, qui attache une grande importance au dialogue social, les professionnels reconnaissent en lui l’un des leurs.
Il critique, d’ailleurs, ouvertement le manque de "réponses claires" sur le soutien apporté par l'Etat aux formations symphoniques en 2008.
Dans une chronique du 26 mai 2008, Jacques Doucelin dresse un portrait flatteur de l’actuel directeur de la DGCA : « Résumer l'ensemble de la carrière de cet homme élégant à la silhouette juvénile ressemblerait à un immense kaléidoscope des métiers du spectacle, dont il a gravi les échelons à la force du poignet. Car il représente une espèce de gestionnaire culturel en voie de disparition. En dépit des apparences, il y a chez Georges-François Hirsch du dinosaure de la IVe République. Car il a tout fait dans le monde du théâtre, des tournées chorégraphiques, de l'opéra et pour finir du symphonique. Mais à l'inverse des produits standardisés de l'ENA, qui nivelle les institutions et les hommes depuis plus de trois décennies, lui, a appris sur le tas et s'est formé les mains dans la pâte et non par ouï-dire. Sa vie professionnelle tient de la légende avec des débuts de technicien à l'Opéra de Limoges, dont le circuit électrique n'était alors même pas aux normes! »
(http://www.concertclassic.com/journal/articles/alaune_20080526_2152.asp)
Yves Riesel le dépeint comme « un homme de l’Art, un homme de dialogue, et un vrai professionnel rompu à la plupart des arcanes des métiers de la scène. Un homme vraiment courageux, qu’on a vu par le passé mener avec une certaine allure et des moyens pourtant limités la délicate barque du Théâtre des Champs-Elysées, qu’il avait sous-titrée le « Libre Opéra. »
(http://www.qobuz.com/info/Qobuz-info/Carnet/Georges-Francois-Hirsch-nomme11949)
C'est donc tout naturellement que Christine Albanel s'est tournée vers Georges-François Hirsch lorsqu'il s'est agi de mettre en oeuvre la réforme des différentes directions dépendant du ministère de la Culture. Ce qui est plutôt ironique étant donné qu’il dit ne pas être partisan de la RGPP, mais devoir l’appliquer, à sa manière, c’est-à-dire de manière souple. Selon lui, « ce n’est pas parce qu’on va rapprocher trois établissements en un seul label qu’on va supprimer des programmations ou comprimer les effectifs. Mais pour les indicateurs RGPP, ça fait bien ».
Et le 13 janvier 2010, c’est tout aussi logiquement qu’il devient le premier directeur de la DGCA. Une semaine plus tard, il présente ses grands axes de travail lors des Biennales internationales du spectacle vivant de Nantes : « Il nous faut en France un grand texte fondateur sur le spectacle vivant, appelant artistes et professionnels du secteur à dialoguer avec l’Etat qui ne peut décider seul et légiférer pour autrui. »
Il explique que la DGCA aura la charge de faire des propositions ouvertes, dans le sillage des Entretiens de Valois, qui se sont tenus entre 2008-2009 : des conférences régionales du spectacle vivant, une refonte du programme de labellisation des établissements culturels par le ministère, avec des comités d’experts en région, chargés d’attribuer les subventions et les critères d’attribution de ces aides, ainsi l’évaluation des coûts des équipements pour remanier la carte d’intervention de l’Etat.
« A nous, Etat et collectivités territoriales, de trouver de nouvelles marges de manœuvres et de nouvelles ressources car il est évident que les évolutions budgétaires à venir ne nous permettront pas de tout financer.
Par ailleurs, Georges-François Hirsch est officier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur, Chevalier dans l’Ordre National du Mérite et Commandeur dans l’Ordre des Arts et Lettres.
La direction générale de la création artistique (DGCA) est l’un des quatre grands pôles du ministère de la Culture et de la Communication. Mise en place le 13 janvier 2010, elle définit, coordonne et évalue donc la politique de l'État dans ces deux domaines.
Elle a pour mission de favoriser la création artistique sous différentes formes, principalement le spectacle vivant et les arts plastiques. Elle traite ainsi les questions liées au théâtre, au cirque, aux arts de la rue, à la musique, à la danse, à l’opéra, ainsi qu’à la promotion de l’art contemporain (peinture, sculpture, photographie). Elle assure notamment la tutelle du Fond national et des fonds régionaux d’art contemporain. Elle s’occupe également des questions liées à la formation des artistes en assurant un contrôle pédagogique sur les établissements d’enseignement.
Elle suit aussi l’activité d’établissements prestigieux comme l’Opéra national de Paris, la Comédie Française et le Théâtre national de Strasbourg, ainsi que les questions touchant le statut d’intermittent du spectacle.
La direction générale de la création artistique a été créée le 13 janvier 2010 dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP), initiée en 2007 par le Premier ministre afin de repréciser le périmètre des politiques publiques de l’Etat, les adapter aux exigences du XXIe siècle et réduire les dépenses publiques.
Les réformes issues de la RGPP (par le décret n° 2009-1393 du 11 novembre 2009) ont, entre autres, abouti à la réorganisation de l’administration centrale du ministère de la Culture et de la Communication, qui s’organise désormais autour d’un secrétariat général et de trois directions générales : la direction générale des patrimoines (DGP), la direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC), et la direction générale de la création artistique (DGCA).
La DGCA réunit désormais l’ancienne Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles (DMDTS) et l’ex-Délégation aux arts plastiques (DAP).
Mais les syndicats du ministère de la Culture et la Communication ont exprimé certaines inquiétudes face à ces réformes, qu’ils voient comme une concentration extrême des missions du ministère de la Culture qui va de pair avec les réductions de salariés et de moyens voulues par la RGPP. La CFDT-Culture craint notamment que cet « habillage de la réduction des effectifs, » ait, en réalité, peu d’impact sur la dépense mais des conséquences catastrophiques sur la vie culturelle.
Au-delà des pertes d’emplois que ces réformes entraîneraient, les syndicats craignent que les compétences et les missions de la DGCA ne respectent pas le principe de la liberté de création comme si s’annonçait, subrepticement, un retour à la tutelle gouvernementale sur les activités artistiques.
Ironie, Georges-François Hirsch, le premier directeur de la DGCA, dit ne pas être partisan de la RPGPP non plus mais déclare qu’il l’appliquera, à sa manière, c’est-à-dire de manière souple. « Ce n’est pas parce qu’on va rapprocher trois établissements en un seul label qu’on va supprimer des programmations ou comprimer les effectifs. Mais pour les indicateurs RGPP, ça fait bien ».
Les différentes missions de la direction générale de la création artistique sont réparties en six différents services :
La DGCA est chargée de soutenir la création artistique et son renouvellement, dans toutes ses formes d’expression et d’esthétique. Elle tente d’une part de favoriser la diffusion des œuvres et l’accès du public aux productions artistiques. Elle mène, d’autre part, une politique d’acquisition et de conservation patrimoniale dans le domaine des arts plastiques et du spectacle vivant.
A ce titre, elle soutient la recherche, développe une politique d’achat et de commande d’œuvres pour les bâtiments publics (incluant la procédure du 1% artistique : http://www.culture.gouv.fr/culture/dap/dap/unpourcent
La direction générale de la création artistique participe aussi au développement des structures et des réseaux de création et de diffusion des arts du spectacle vivant et des arts plastiques : orchestres, maisons d’opéra, centres nationaux de création musicale, scènes de musiques actuelles, centres dramatiques nationaux, scènes nationales, centres chorégraphiques nationaux, centres de développement chorégraphique, pôles nationaux des arts du cirque, centres nationaux des arts de la rue, centres d’art, fonds régionaux d’art contemporain etc…
Elle veille ainsi à l’enrichissement et à la conservation des collections publiques et des biens culturels confiés aux organismes relevant du ministère; ainsi qu’au patrimoine des arts de la scène à travers des structures telles que le Hall de la chanson, la Cinémathèque de la danse, le Centre national du costume de scène de Moulins.
La direction accompagne aussi les associations engagées dans la diffusion de l’art contemporain et du spectacle vivant et soutient les festivals et biennales d’importance nationale et internationale.
Elle organise, par ailleurs, les grands rendez-vous nationaux tels que la Fête de la Musique ou la Force de l’Art et Monumenta.
Elle encourage la diffusion européenne et internationale des œuvres des créateurs français ou exerçant leur activité en France.
La DGCA contribue aussi à la définition du droit applicable aux professions du secteur de la création artistique et élabore la réglementation relative au statut et à l’activité des artistes et des professions liées au domaine du spectacle vivant et des arts plastiques.
La direction générale de la création artistique tient également un rôle pédagogique : elle met en œuvre la réglementation de l’enseignement supérieur des arts plastiques ainsi que de l’enseignement spécialisé et de l’enseignement supérieur dans le domaine du spectacle vivant.
Elle contrôle, accompagne et coordonne, de ce fait, l’activité scientifique et pédagogique des établissements nationaux et territoriaux ; et assure le contrôle scientifique et pédagogique de l’Etat sur les établissements d’enseignement public de musique, de danse, d’art dramatique relevant des collectivités territoriales.
Aussi dans son champ de compétence :
Enfin, elle participe, pour ce qui la concerne, à la politique et à la gestion des ressources humaines, à la stratégie et à la gestion budgétaire, à la tutelle des organismes relevant du ministère, au pilotage des opérations d’équipement, à l’animation des services déconcentrés, aux travaux d’étude, d’observation et de recherche, à la conception et à l’organisation des événements culturels.
Plus concrètement, George-François Hirsch, premier directeur de la DGCA, explique que son action consiste d’une part à gérer le quotidien, c’est-à-dire les budgets votés par le parlement et procéder aux nominations dans les différentes institutions sous sa tutelle. D’autre part, à réfléchir à ce qu’est la politique culturelle du Ministère de la culture, ce qui est « passionnant mais difficile, en période de crise».
Georges-François Hirsch a rappelé que le budget de l’Etat était extrêmement contraint, tout comme celui des collectivités territoriales. Les institutions en régions sont en effet financées à 30% par l’Etat via les Drac (Directions régionales des affaires culturelles) et à 70% par les collectivités territoriales. En 2011, le budget de la culture est stabilisé. « Mais entre l’inflation et l’augmentation mécanique du coût d’une institution, un budget stabilisé signifie moins d’argent », souligne-t-il.
Trois grands chantiers :
Des sa création, la DGCA s’est engagé dans trois chantiers :
1. Augmenter de manière volontariste la diffusion par la coproduction. La France produit beaucoup mais diffuse peu : chaque production n’est jouée en moyenne que 4 ou 5 fois, et les productions françaises circulent peu à l’étranger. La DGCA préconise donc de systématiser les coproductions, y compris avec l’Europe et l’international, pour abaisser les coûts par établissement et ainsi mieux amortir les productions. Il s’agit pour Georges-François Hirsch d’éviter un système où deux maisons d’opéra montent Carmen, le même week-end, chacune coûtant 300 000€ et étant jouée trois fois, mais de mettre ensemble 3 ou 4 maisons et de jouer vingt fois.
2. La DGCA a aussi décidé de mettre de l’ordre dans les règles du jeu en matière d’organisation des labels nationaux, d’organisation des établissements publics et aussi des nominations. « Aujourd’hui, la nomination de la moindre personnalité qualifiée dans un Conseil d’administration occasionne de multiples pressions politiques, et professionnelles », souligne Georges-François Hirsch. Ces règles du jeu ont pour la première fois été énoncées et écrites, et ont fait l’objet d’une circulaire ministérielle adressée au préfet et aux Drac. La DGCA finalise également un certain nombre d’indicateurs de performance, notamment sur la fréquentation des lieux et le niveau des recettes.
3. Georges-François Hirsch a également lancé une mission afin d’examiner les possibilités de ressources extrabudgétaires pérennes.
Selon lui, la DGCA va engager une deuxième série de mesures afin de rapprocher les établissements en France et à l’étranger. Il veut améliorer la cartographie du territoire national. Certaines scènes nationales sont très proches les uns des autres comme Monbéliard et Belfort (12 kms), tandis que certains endroits sont un désert total, comme la Corse, où « il n’y a pas un équipement culturel digne de ce nom ».
Il va engager un tour de France des collectivités afin de définir comment Etat et collectivités veulent travailler ensemble et essayer de contractualiser une politique pour les 3 ou 4 années à venir.
Il souhaite également créer des bureaux spécialisés à l’étranger tenus par des professionnels et non des diplomates, qui serviront de têtes de pont pour mettre en place des réseaux avec des partenaires étrangers et d’interface technique pour monter des projets éligibles au Fonds européen, ce que la France réussit mal aujourd’hui contrairement aux autres pays européens. Le développement de pôles de création et de diffusion européens est également une priorité.
Enfin, Georges-François Hirsch a évoqué l’emploi, regrettant qu’une compagnie soit obligée de créer une association pour solliciter des fonds publics. Il a dit vouloir créer des petites entreprises, dont le statut est encore à définir, et qui auraient au moins un salarié permanent. Parallèlement, la DGCA veut faire en sorte que toutes les institutions subventionnées par l’Etat et les collectivités puissent accueillir et « tutorer » les jeunes artistes et les jeunes créations.
C'est au sein du programme Création du ministère de la Culture et de la Communication que sont inscrits les crédits de paiement destinés au spectacle vivant et aux arts plastiques. Ces crédits ont pour but de maintenir l’effort de l’Etat en faveur de la création et de l’émergence des jeunes créateurs, et de soutenir les grandes institutions dédiées à la création et à la diffusion auprès des différents publics.
En 2011, le spectacle vivant reçoit 90% du budget destiné à la création artistique (soit 662,9 millions d’euros) et les arts plastiques, en obtiennent 10 % (soit 72,7 millions d’euros).
Le budget du spectacle vivant se répartit entre les opérateurs de l’Etat (les établissements directement subventionnés par le ministère, comme l’Opéra de Paris ou la Cité de la musique) et les autres institutions qui sont situées à 85% en région (près de 1 000 lieux de création, de production ou de diffusion destinés au théâtre, aux arts du cirque, de la rue, à la musique, à la danse ainsi qu’aux programmations pluridisciplinaires).
Le ministère poursuit ainsi son action de rénovation des grands équipements dont il a la charge, tel que Centre national de la danse, l’Opéra comique, le Palais de Chaillot ou encore le Théâtre national de Strasbourg.
En 2009, une baisse du budget de la création artistique avait été envisagée à partir de 2011 mais l’enveloppe du spectacle vivant a finalement été préservée. Pourtant, le Syndeac, le plus puissant syndicat des patrons du spectacle vivant, n’est pas satisfait et regrette le fait que la dotation n’augmente pas du fait de l’inflation et de projets nouveaux qui seront mis en place au détriment des structures historiques (la Philharmonie, la carte Musique jeune…). Il déplore également le fait que le Conseil de la création artistique, sorte de boîte à idées du ministère de la culture présidée par Nicolas Sarkozy, et bête noire du Syndeac, reçoit plusieurs millions d’euros.
Les moyens financiers prévus dans le domaine de la création et de la diffusion des arts plastiques ont pour but de soutenir les artistes et les créateurs, d’accompagner le développement du réseau des institutions d’art contemporain en région, notamment les Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC) et de poursuivre la réalisation des grands projets nationaux telle qu’en 2011, la rénovation du Palais de Tokyo et la poursuite de manifestations d’art contemporain au Grand-Palais.
Si le budget n’a pas subi les coupes en 2011, les syndicats déplorent une somme assez dérisoire comparée au bonus engagé pour le Patrimoine, le domaine de l’art contemporain étant beaucoup moins lucratif que ce dernier.
Inquiétudes face à l’avenir du service public de la création artistique
Le 13 décembre 2010, des professionnels du Spectacle vivant ont occupé la Direction générale de la création artistique, comme un préavis au Ministre de la Culture et de la Communication, qui ne semble pas entendre l’exaspération et les inquiétudes de ces derniers quant à l’avenir du service public de la création artistique, tel que programmé par son gouvernement.
Une délégation d’organisations professionnelles dont la CGT Spectacle et le Syndeac avait, en effet, fait part au ministre de certaines revendications. Parmi elles : l’abandon de la Révision Générale des Politiques Publiques, la mise en place d’un plan de développement du Spectacle vivant (l’oublié du Budget) ou encore la levée de la réserve budgétaire supplémentaire de 5 % jusqu’alors toujours obtenue, ainsi qu’une modification du régime d'assurance-chômage des intermittents du spectacle.
Mais aucun pas n’a été fait dans leur direction et aucune action n’a été prise.
Les syndicats du spectacle ont donc décidé d’agir de nouveau et de perturber la journée de débats, le 4 février 2011 à la Grande Halle de La Villette, consacrée au nouveau slogan du ministère de la culture, «La culture pour chacun», formule officialisée dans une note signée par un conseiller du ministre de la culture, à l'automne 2010. Le Forum a donc été bloqué jusque vers 11 heures.
Après les tables rondes, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand s'est exprimé, sans faire toutefois d’annonce. Il a juste dit qu’il souhaitait « présenter les pratiques amateurs dans les lieux professionnels » et a suggéré d'offrir un livre aux jeunes mariés, comme Les Fables de la Fontaine, ou Les Misérables, de Victor Hugo. Cela a, par ailleurs, déjà été mis en oeuvre par Valéry Giscard d'Estaing quand il était président de la République (1974-1981), sans convaincre, et l'expérience avait tourné court. Le ministre a lui-même reconnu que c’était « un peu décousu. »
Création du Conseil de la création artistique
http://www.conseil-creation-artistique.fr
Le 2 février 2009, lors de son discours Nîmes sur la culture à Nîmes, Nicolas Sarkozy annonce l’installation du Conseil de la création artistique, avec à sa tête, le producteur de cinéma, Marin Karmitz. Cette commission française, financièrement et politiquement indépendante du ministère de la Culture et de la Communication est directement rattachée à l'Elysée et présidée par le chef de l’Etat lui-même.
Le Conseil de la création artistique a été conçu comme une sorte de « laboratoire d'idées », de service de recherche et de développement chargé « d'éclairer les choix des pouvoirs publics en vue d'assurer le développement et l'excellence de la création artistique française, de promouvoir sa diffusion la plus large, notamment internationale, et d'arrêter les orientations de nature à permettre leur mise en œuvre. »
Nicolas Sarkozy le veut en rupture avec les habitudes du ministère pour « vaincre la pensée unique » car selon lui, la culture est « notre réponse à la crise économique mondiale (...) et pour que ça soit vrai, il faut que la création soit au cœur de cette politique culturelle que je souhaite impulser. »
Face à l’accusation d'hyperprésidentialisation, Nicolas Sarkozy a justifié sa décision de présider ce nouvel organisme. "Ma parole est plus libre que celui qui produit et qui doit faire attention à ce qu'il dit (...). C'est donc à moi de donner un coup de pied dans la fourmilière, de bousculer les choses", a-t-il estimé.
Mais la création de cette institution a suscité de nombreuses critiques et de colère dans le milieu artistique. Marin Karmitz, producteur de cinéma et propriétaire du réseau de salles MK2, s’est entouré de onze professionnels. Dès son annonce, la liste des personnalités est critiquée pour son manque de parité (une seule femme, Dominique Hervieu, directrice du Théâtre national de Chaillot) et de diversité, et l'absence de professionnels étrangers et de créateurs au profit des directeurs de lieux ou d'organismes culturels français.
Certains dénoncent également des conflits d'intérêts. Dominique Hervieu et Laurent Bayle, patron de la Cité de la musique sont accusés d'avoir attribué à leur propre institution une subvention. Accusation réfutée par Marin Karmitz, qui affirme que trois avocats ont assuré qu'il n'y avait pas de prise illégale d'intérêt.
On lui reproche également de « privatiser » la culture au profit de l’Elysée. Mais Marin Karmitz répond que tout le monde devrait se réjouir de la création de cet organisme : « Dans ce pays, pour obtenir quelque chose, tout se passe à l'Elysée. C'est comme ça. Regardez Malraux avec de Gaulle, Duhamel avec Pompidou, Lang avec Mitterrand... Quand le président de la République ne s'intéresse pas à la culture, on ne peut rien faire. Là, il se trouve qu'on a un président qui a découvert l'importance de la culture. Quand je le croise, il me parle de David Lynch. C'est bien, non ?”
Par ailleurs, Syndeac, syndicat des employeurs du spectacle vivant, soutenu par plusieurs personnalités, qualifie le Conseil de création artistique d' « arme de destruction progressive du ministère de la culture », ainsi concurrencé et doublé par la capacité de conception et de proposition conférée au Conseil, et dès lors poussé à l'appauvrissement intellectuel ainsi qu'au découragement des compétences, des savoir-faire et des expériences acquises qu'il recèle.
A cela, M. Karmitz répond que les deux institutions sont complémentaires : « Au ministère de faire tourner les grands équipements et de soutenir les actions en place ; au conseil d'innover, de bousculer, d'expérimenter, de bouger les frontières, avec deux objectifs : aider les créateurs, notamment les plus jeunes, qui ne trouvent pas leur place dans le dispositif actuel ; élargir les publics de la création. »
Les opposants au Conseil pour la création artistique dénoncent également son financement. Selon eux, les 10 millions d'euros qu'il distribuera chaque année sont prélevés sur le budget de la culture, à l'heure où les subventions aux compagnies ne cessent de se réduire. Mais Karmitz affirme que ce n’est pas le cas, qu’il a un budget propre qui a été pris sur l'enveloppe du Premier ministre. De plus, « notre méthode consiste à être à l'initiative de coproductions - comme au cinéma, où le plus difficile est de trouver le premier et le dernier euro - qui associent tous les ministères et autant que possible des mécènes privés. Une quinzaine d'administrations sont déjà engagées. Autant d'argent qui va à la culture sans rien prendre au ministère de la culture. »
Et si beaucoup ne décolèrent pas et refusent toute forme de financement ou d’aide de la part du Conseil de la création artistique, d’autres s’y sont résignés. Gilbert Fillinger, directeur de la maison de la culture d'Amiens, par exemple, a été sollicité pour participer au festival « Imaginez maintenant », initié par l’institution. Opposé à sa mise en place, Gilbert Fillinger a tout de même accepté : « Mon métier ? Aider la création. Aujourd'hui, c'est difficile, surtout pour les plus jeunes. Au nom de quoi devais-je refuser ? »
Georges-François HIRSCH – directeur général de la création artistique
Georges-François Hirsch est né le 5 octobre 1944 à Paris 14ème. Il a débuté sa carrière comme technicien de plateau puis comme metteur en scène d’opéra.
De 1964 à 1969, il participe à la décentralisation théâtrale, lyrique, musicale et chorégraphique dans la région parisienne. Administrateur général du Grand Théâtre de Limoges de 1969 à 1974, il est également durant cette période directeur du Festival de Bellac - Jean Giraudoux et professeur d’Art lyrique à l’Académie Internationale d’été de Nice.
De 1974 à 1980, il se lance dans la production de spectacles lyriques et chorégraphiques. En 1980, il devient administrateur de la Danse à l’Opéra de Paris, puis co-Directeur de l’Opéra à partir de 1982.
EN 1983, il accède au poste de directeur général du Théâtre des Champs-Elysées, où il restera jusqu'en 1990. Dans le même temps, il est directeur du Festival de Carcassonne et président de la Commission consultative d’attribution des subventions aux compagnies de danse auprès du ministre de la Culture (1984-1990) et administrateur général de l’Opéra Bastille (1989-1990).
M. Hirsch est ensuite nommé sans surprise administrateur général de l’Opéra de Paris (Garnier/Bastille) de 1991 à 1992. Mais le 16 juillet 1992, un drame survient. Lors d'une répétition d'Otello de Verdi à Séville, une partie du décor s’effondre. Une choriste est tuée et quarante-trois personnes sont blessées, dont dix gravement. Cinq responsables de l'Opéra de Paris, dont Georges-François Hirsch, et deux responsables de la société Manudecors, sont poursuivi en justice « pour les délits d'homicide et blessures par maladresse, imprudence, inattention, négligence et inobservation des règlements. ». Il est condamné à huit mois de prison avec sursis et 30 000 F d'amende.
Connu pour avoir appartenu au cercle des intimes de François Mitterrand, Hirsch change de cap en 1993 et est nommé par ce dernier membre du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel.
Mais en 1996, deux ans et demi avant la fin de son mandat, il souhaite retourner à la musique et rêve de rejoindre le Théâtre du Châtelet. Malgré les pressions du ministère de la Culture, le maire de Paris, Jean Tibéri, soucieux de rester maître de ces nominations, lui refuse le Châtelet. En revanche, il accepte que Georges-François Hirsch prenne la direction de l'Orchestre de Paris, un poste auquel son énergie naturelle fut mise à rude épreuve par la « période Mogador » avant le retour à Pleyel. Mais il remplie sa mission avec succès, en créant notamment un Grand auditorium à La Villette.
En parallèle, Georges-François Hirsch cumule de nombreuses autres activités : président du Syndicat National des Orchestres et Théâtres Lyriques subventionnés de droit privé (1999 et 2008), vice Président de l’Association Française des Orchestres (2000-2008), vice-Président de la Fédération des Entreprises du Spectacle Vivant, de la Musique, de l’Audiovisuel et du Cinéma (2005-2008) et président de la Fédération des Employeurs du Spectacle Vivant, public et privé (2004-2008).
Le 7 mai 2008, Georges-François Hirsch devient directeur de la Musique, de la Danse, du Théâtre et des Spectacles au ministère de la Culture et de la Communication. Cette nomination est perçue par beaucoup comme une bonne nouvelle. Considéré comme un homme plutôt de gauche, qui attache une grande importance au dialogue social, les professionnels reconnaissent en lui l’un des leurs.
Il critique, d’ailleurs, ouvertement le manque de "réponses claires" sur le soutien apporté par l'Etat aux formations symphoniques en 2008.
Dans une chronique du 26 mai 2008, Jacques Doucelin dresse un portrait flatteur de l’actuel directeur de la DGCA : « Résumer l'ensemble de la carrière de cet homme élégant à la silhouette juvénile ressemblerait à un immense kaléidoscope des métiers du spectacle, dont il a gravi les échelons à la force du poignet. Car il représente une espèce de gestionnaire culturel en voie de disparition. En dépit des apparences, il y a chez Georges-François Hirsch du dinosaure de la IVe République. Car il a tout fait dans le monde du théâtre, des tournées chorégraphiques, de l'opéra et pour finir du symphonique. Mais à l'inverse des produits standardisés de l'ENA, qui nivelle les institutions et les hommes depuis plus de trois décennies, lui, a appris sur le tas et s'est formé les mains dans la pâte et non par ouï-dire. Sa vie professionnelle tient de la légende avec des débuts de technicien à l'Opéra de Limoges, dont le circuit électrique n'était alors même pas aux normes! »
(http://www.concertclassic.com/journal/articles/alaune_20080526_2152.asp)
Yves Riesel le dépeint comme « un homme de l’Art, un homme de dialogue, et un vrai professionnel rompu à la plupart des arcanes des métiers de la scène. Un homme vraiment courageux, qu’on a vu par le passé mener avec une certaine allure et des moyens pourtant limités la délicate barque du Théâtre des Champs-Elysées, qu’il avait sous-titrée le « Libre Opéra. »
(http://www.qobuz.com/info/Qobuz-info/Carnet/Georges-Francois-Hirsch-nomme11949)
C'est donc tout naturellement que Christine Albanel s'est tournée vers Georges-François Hirsch lorsqu'il s'est agi de mettre en oeuvre la réforme des différentes directions dépendant du ministère de la Culture. Ce qui est plutôt ironique étant donné qu’il dit ne pas être partisan de la RGPP, mais devoir l’appliquer, à sa manière, c’est-à-dire de manière souple. Selon lui, « ce n’est pas parce qu’on va rapprocher trois établissements en un seul label qu’on va supprimer des programmations ou comprimer les effectifs. Mais pour les indicateurs RGPP, ça fait bien ».
Et le 13 janvier 2010, c’est tout aussi logiquement qu’il devient le premier directeur de la DGCA. Une semaine plus tard, il présente ses grands axes de travail lors des Biennales internationales du spectacle vivant de Nantes : « Il nous faut en France un grand texte fondateur sur le spectacle vivant, appelant artistes et professionnels du secteur à dialoguer avec l’Etat qui ne peut décider seul et légiférer pour autrui. »
Il explique que la DGCA aura la charge de faire des propositions ouvertes, dans le sillage des Entretiens de Valois, qui se sont tenus entre 2008-2009 : des conférences régionales du spectacle vivant, une refonte du programme de labellisation des établissements culturels par le ministère, avec des comités d’experts en région, chargés d’attribuer les subventions et les critères d’attribution de ces aides, ainsi l’évaluation des coûts des équipements pour remanier la carte d’intervention de l’Etat.
« A nous, Etat et collectivités territoriales, de trouver de nouvelles marges de manœuvres et de nouvelles ressources car il est évident que les évolutions budgétaires à venir ne nous permettront pas de tout financer.
Par ailleurs, Georges-François Hirsch est officier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur, Chevalier dans l’Ordre National du Mérite et Commandeur dans l’Ordre des Arts et Lettres.