Elles sont issues du monde médical, elles sont économistes ou encore politiques de gauche ou de droite. Au total, ce sont 140 personnalités qui ont signé la pétition intitulée « Pour un débat public sur la santé ». « Un cri d’alarme » lancé par le professeur André Grimaldi, diabétologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, l’un des initiateurs de cette pétition révélée par Le Parisien dans son édition de dimanche. Une interrogation : Quel avenir pour la Sécurité sociale ? Et une crainte : « une privatisation rampante de l’assurance maladie », avec la montée en puissance des complémentaires santé.
« Le choix a été fait de transférer progressivement la prise en charge des soins courants (c'est-à-dire hors hospitalisation et hors affections de longue durée ALD) vers les assurances dites « complémentaires » (mutuelles, institutions de prévoyance et assureurs privés à but lucratif). Aujourd’hui, la Sécurité sociale ne rembourse plus qu’environ 50 % des soins courants et bien moins encore pour les soins d’optique, dentaires et d’audioprothèses », peut-on lire dans la pétition. Avec le risque, souligne le texte, que « si l'on poursuit dans cette voie, la protection sociale ne prendra bientôt plus en charge que les patients les plus démunis et les malades les plus gravement atteints ».
La France « est en train de passer d'une logique de prise en charge solidaire pour tous à une logique d'assistance pour les plus pauvres et d'assurance pour les plus riches », dénonce la pétition. Dans les colonnes du Parisien, le professeur André Grimaldi explique qu’avec les annonces de François Hollande l’année dernière - généraliser l’accès à une couverture complémentaire d’ici à 2017 et l’accord national interprofessionnel qui oblige tous les salariés à avoir une complémentaire -, « on habitue peu à peu les Français à souscrire obligatoirement une complémentaire santé ». Et les premiers qui vont en subir les conséquences, ce sont « les retraités, mais aussi les étudiantes et les chômeurs, qui ne peuvent pas être aidés par leur employeur ».
Les signataires demandent que « s’arrête cette dérive qui sonne le glas de notre Sécurité sociale universelle et solidaire, et contribue à creuser les inégalités sociales de santé ». Et réclament « un large débat citoyen, suivi d’un vote solennel de la Représentation nationale, sur le choix entre le financement des dépenses de santé par la Sécurité sociale ou par un assureur privé dit « complémentaire » ».
Caroline Moisson
Pour en savoir plus :
Une pétition pour sauver la Sécu (par Odile Plichon, Le Parisien)
André Grimaldi : « Vers une dissolution de la Sécu obligatoire » (Propos recueillis par M.P., Le Parisien)