Le moins que l’on puisse dire, c’est que le représentant de la Confédération Nationale des Avocats (CNA) Cyril Piot-Vincendon, n’y va pas de main morte lorsqu’il évoque la baisse de l’aide juridictionnelle dans le budget 2014 : « les premières victimes de cette mesure d'économie seront les justiciables et les affaires se règleront ailleurs, c'est-à-dire sur le trottoir à coups de poing ». En France, ce sont 900 000 personnes qui bénéficient chaque année de cette aide qui permet aux justiciables les plus modestes de bénéficier d'une prise en charge totale ou partielle par l'Etat des honoraires de l'avocat et des frais de justice. Or, la décision annoncée par Christiane Taubira, d’amputer de 32 millions d’euros cette aide dans le budget 2014, fait grincer les dents. Résultat et malgré l’ingratitude du rôle d’avocat commis d’office, les avocats des barreaux des grandes villes de France ont annoncé une grève des audiences pour protester contre cette mesure. Une date symbolique puisque ce jour là, Mme Taubira participera à l'Assemblée générale extraordinaire du conseil national des barreaux. En bref, un bon moyen de pression.
Philippe Meyssonnier, bâtonnier de Lyon, ville dans laquelle plus de 51 000 personnes ont obtenu cette aide en 2012, dénonce : « Cela fait vingt ans que nous disons que cette aide est insuffisante et ne répond pas aux besoins d'une large partie de la population qui se paupérise et là, on l'ampute ». Et de fait, dans les pays voisins, cette aide est plus généreuse qu’en France avec un coût de 6,8€ par habitant en Allemagne et 55€ en Grande-Bretagne. Quant à l’Hexagone, elle ne coûte que 4,8€ par habitant. « Nous sommes dans l’incompréhension complète », se plaint Franck Heurtrey, président du Syndicat des avocats de France (SAF). « Ce que la droite n'a jamais osé faire pendant dix ans, c'est la gauche qui le fait », glisse-t-il.
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
L’aide juridictionnelle (Service public.fr)
Le budget 2014 (Les Echos)