C'est un sujet très sensible – notamment pour un gouvernement de gauche - auquel s'attelle Jean-Marc Ayrault : l'intégration des immigrés en France. Le Premier ministre a présenté une série de 28 mesures mardi, en fin d'après-midi, dont aucune n'est « spectaculaire », selon les prévisions du gouvernement. « Nous voulions un plan qui ne fasse pas exploser les polémiques, et nous en sommes extrêmement fiers : il est cohérent, inscrit dans un esprit d’apaisement et de cohésion sociale, et vous ne trouverez pas une mesure qui pourra être critiquée par la droite », a ainsi précisé à Libération un proche du Premier ministre.
L'une des principales annonces est ainsi la création d'un poste de délégué interministériel chargé de coordonner, sous la tutelle de Matignon, la politique d'immigration. Une manière pour le Premier ministre de reprendre la main sur ce dossier placé, depuis 2010 et la suppression du ministère de l'Identité nationale et de l'Immigration, sous l'égide du ministère de l'Intérieur.
Priorité à l'école et l'accès à l'emploi
Les 28 mesures concernent principalement l’école et l'accès à l'emploi, avec, notamment, la mise en place d'un « nouveau socle de connaissances, de compétences et de culture ». L'effort sera également mis sur la coopération entre les parents et l'école ou le développement des méthodes de recrutement non discriminatoires (recrutement par simulation, recrutement sans CV). Pas question cependant de mettre en place un système de discrimination positive, vanté un temps par Nicolas Sarkozy et pratiqué depuis des années aux États-Unis.
Égalité
Les mesures présentées par Jean-Marc Ayrault visent également le système de soins, avec, par exemple, la « lutte contre les pratiques de refus de soin ou de prise en charge de moindre qualité ». Conformément à l'objectif d'égalité fixé, le gouvernement entend également développer « le recours à l’interprétariat professionnel dans les lieux d’accueil, pour les personnes pour lesquelles la barrière de la langue, reste toujours un frein essentiel à l’accès aux droits, aux soins et à la prévention ». En parallèle, le niveau en langue française pourrait devenir une condition à la délivrance du titre de séjour.
« Nous voulons traiter sereinement, de façon apaisée» le dossier de l'intégration, a jugé Jean-Marc Ayrault. « Il n'était pas question que la gauche renonce à traiter ces questions sous prétexte que certains cherchent à l'instrumentaliser », a ajouté le Premier ministre, expliquant à ceux qui s'étonnaient d'une prise en main du dossier de l'intégration que « la politique n'est pas l'art de mettre sous le tapis les problèmes ».
Sylvain Chazot
Pour en savoir plus:
Pourquoi l'intégration est la nouvelle épine dans le pied du gouvernement (FranceTV info)