Le Budget 2014 ne fait pas l’unanimité. Et risque même d’être rejeté au Sénat où chaque voix de gauche va compter dans la balance alors que le vote sur le volet recettes est prévu mercredi prochain. Ce n’est pas gagné puisque Jean-Vincent Placé, le chef du groupe écologiste au Sénat a déjà prévenu le gouvernement : « Vous ne serez pas surpris qu'à cet instant, sans avancées significatives dans la discussion des amendements, le groupe écologiste ne sera pas en mesure d'approuver le volet recettes de ce projet de loi ». Même hiatus pour le groupe communiste (CRC) : « Soit ce budget change profondément et toutes les forces de gauche convergeront pour le soutenir, soit ce n'est pas le cas et nous voterons contre », a menacé Thierry Foucaud. Les communistes poursuivent leur barrage après un rejet la semaine dernière, du volet recettes du projet de loi de finance 2013. Juste avant ces débats au Sénat, le ministre de l’économie, Pierre Moscovici avait assuré que « La France est sur la voie du redressement grâce à la politique que nous menons ». « La reprise est réelle mais elle est fragile, il faut poursuivre le travail de réforme », avait-il ajouté, assurant que « nous serons en deçà de 3% de déficit du PIB en 2015 ».
Jean-Vincent Placé a surenchéri en estimant que « les efforts commandés par la rigueur se trouvent neutralisés par la contraction de l'économie qu'ils engendrent eux-mêmes, alimentant ainsi le cercle vicieux de la crise » juste avant de prononcer un pronostic peu réjouissant : « malgré les efforts, le déficit structurel pour 2013 devrait finalement être de 3,6%, soit un point de plus que prévu ». Si de son coté, le RDSE votera le budget, il proposera un amendement sur le retour à la défiscalisation des heures supplémentaires, sa suppression n'ayant pas atteint son but.
L’opposition surenchérit
Le président UMP de la commission des finances Philippe Marini a lui aussi, rajouté de l’huile sur le feu en estimant que la France sera capable de tenir une trajectoire de réduction du solde effectif en deçà du seuil de 3% à la seule condition « de mener une politique de réduction pérenne des dépenses publiques » avant d’ajouter : « Or, je ne vois pas une telle politique à l’œuvre aujourd’hui ». L’opposition a ensuite insisté sur le matraquage fiscal dont la seule issue selon Jean Arthuis (UDI-UC) est « la réduction de nos dépenses publiques. Il nous faudra, tous ensemble, beaucoup de courage pour y parvenir, ne serait-ce qu’en remettant en cause les 35 heures dans la sphère publique ». Le rapporteur PS François Marc a défendu le budget en estimant qu’il marquait « une confirmation, celle de notre engagement à redresser nos comptes publics; une inflexion significative, celle des moyens que nous mettons en œuvre pour y parvenir ». Pour sa part, le ministre du budget, Bernard Cazeneuve, a assuré « Nous sommes dans une stratégie de réduction des déficits » et « la question du pouvoir d’achat est au cœur de ce budget ».
Véronique Pierron
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