Depuis 2006, une loi rend obligatoires les CV anonymes dans les entreprises de plus de cinquante salariés. Objectif : lutter contre les discriminations à l’embauche. Voulue par Jacques Chirac, elle est souvent oubliée. Le décret d’application n’est jamais paru. Depuis juillet, le Conseil d’Etat somme donc le ministère du Travail de le faire et lui a donné six mois, soit jusqu’au 9 janvier 2015. Mais il est déjà prévu que le délai donné ne sera pas tenu. En effet, François Rebsamen, ministre du travail a formé un groupe de travail sur les discriminations dans le milieu professionnel et ses conclusions ne devraient être rendues qu’en mars.
Inégalités gommées mais pas effacées
Dans le même temps, les expérimentations du CV anonyme ne cessent de se multiplier. Une étude réalisée par le Conseil général de l’Essonne depuis janvier 2014 montre son efficacité relative. Il permet de lutter contre les discriminations mais il ne peut être le seul outil corrigeant les inégalités d’accès à l’emploi. En comparant avec des données datant de 2012, l'étude conclut que le CV anonyme « augmenterait nettement » les chances des candidats portant des prénoms turcs ou maghrébins. Ces candidats ont 32 % de chances supplémentaires de décrocher un entretien et 36% de se faire embaucher.
Mais les inégalités seraient seulement gommées grâce au CV anonyme. Selon Jean-François Amadieu, président de l’Observatoire des discriminations, les personnes avec un prénom discriminable sont souvent moins diplômées. Le problème viendrait donc en amont du recrutement. Selon lui, la question de l’égalité de l’accès aux formations reste d’actualité.
Gaëlle Michineau
Pour en savoir plus :
Étude de législation comparée n° 203 - décembre 2009 - Le curriculum vitae anonyme (Sénat – décembre 2014)