Dix neuf jours de grève…. La plus longue de l’histoire de Radio France. En cause, un audit externe qui cristallise la colère des grévistes mais aussi un plan d’économies visant à redresser les comptes de la maison ronde en déficit de 21,3 M€ cette année. Invitée de France Inter lundi 6 avril qui avait exceptionnellement ouvert ses antennes, la ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin, a appelé grévistes et direction à « trouver une issue rapide au conflit », les négociations entre la direction de Radio France et les syndicats s’étant soldées samedi dernier par un échec. Car les syndicats réclament au gouvernement un médiateur or, la ministre a rappelé que « le rôle de l’Etat n’est pas de gérer Radio France » mais de « définir des lignes rouges ».
C’est donc dans ce contexte que la ministre a réaffirmé la responsabilité du président de Radio France, Mathieu Gallet, « de définir un projet d’entreprise ». Une responsabilité que la ministre avait déjà demandé à Mathieu Gallet d’assumer samedi dans une lettre de cadrage, en lui rappelant qu’il devait « donner les moyens [à Radio France ] de retourner à l’équilibre » tout en insistant que « ce qui importait surtout, c’est la vision du service public qu’il y a derrière » ce projet. Un président déjà affaibli par les révélations sur les 100 000€ de rénovation de son bureau et plus récemment par les honoraires de 90 000€ versés annuellement à un consultant en communication pour gérer son image.
La petite phrase qui crispe….
« Quand on écoute France Inter, on n’écoute pas RTL » et craignant les attaques, la ministre s’est empressée d’ajouter : « malgré tout le respect que j’ai pour RTL ou pour Europe 1, il y a une mission spécifique de décryptage de l’information ». Malgré tout, cette petite phrase n’a pas manqué de faire grincer les dents des radios concurrentes. Le journaliste politique de RTL Jean Michel Apathie, s’est empressé de Twitter : « @fleurpellerin sait-elle que @RTLFrance a aussi une mission spécifique de décryptage de l'information et qu'elle ne coûte pas 1€ à l'Etat ? ».
Mais même maladroits parfois, les rappels à l’ordre de la ministre se sont faits insistants alors que Mathieu Gallet doit présenter son plan stratégique mercredi 8 avril lors d’un comité central d’entreprise extraordinaire. Ce plan abandonnerait les projets d’audit externe mais maintiendrait toutefois des mesures d’économies pour redresser ses 21,3 M€ de déficit, dont celle d’un plan de 300 à 380 départs volontaires en priorité pour les seniors, avec 50 créations de postes dans des métiers qui jusqu’ici n’existaient pas à Radio France. Une grève qui n’annonce donc pas sa fin, les syndicats rejetant ces réductions d’effectifs.
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Dix neuf jours de grève à Radio France (France 3)
Les 100 000€ de rénovation du bureau de Mathieu Gallet (L'Express)