Qui a dit que François Fillon et Nicolas Sarkozy c’était bonnet blanc et blanc bonnet ? Voilà cinq ans que l’éternel Premier ministre de l’ex-président n’en peut plus de se fondre dans cette ombre tutélaire. Aujourd’hui, il assume sa différence. Tout démarre par un entretien accordé au Point, paru jeudi 23 aout. Là, l’ancien premier ministre rend d’abord hommage au sarkozysme qui se différencie par « une énergie considérable », « une volonté de ne pas se laisse enfermer dans des schémas établis » et bouquet final « beaucoup de sang-froid dans la gestion des crises ».
Toutefois, dans la foulée de cette révérence, il définit alors le fillonisme comme « une approche plus sereine et pragmatique des choses ». Il confit aussi en clin d’œil, que Nicolas Sarkozy lui reprochait : « Souvent, tu es trop prudent » mais bravache, il lui répondait : « Oui, mais toi, parfois, tu vas trop vite ». Levée de bouclier à droite chez les soutiens de Jean François Copé. Parmi ces récriminations, le sénateur UMP Roger Karoutchi, réagit dans le Parisien : « Contrairement à ce qu'affirme François Fillon, je n'ai jamais considéré que le rythme des réformes de Nicolas Sarkozy ait été trop rapide » et ajoute : « Il n'a pas été dans la précipitation, il était simplement conscient des réalités du pays ».
Loin d’être déstabilisé, le candidat Fillon persiste et signe dans une déclaration transmise à l’AFP le 23 aout. « Je rends hommage à Nicolas, mais je dis aussi que nous sommes différents, maintient têtu, l'ancien premier ministre. C'est pour cela que nous avons fait une bonne équipe pendant cinq ans. Très complémentaire. C'est une évidence ». Il conclut alors avec de lointains accents à la Jaurès : « C'est la marque de fabrique du fillonisme de dire la vérité. Ni flatterie ni mensonge. J'assume ».
Véronique Pierron