« Il pleut tout le temps depuis un an, mais vous allez voir ça va se lever ». C’est cet optimisme sous forme de boutade que le chef de l’Etat a lancé avec un petit sourire aux salariés d’une usine Bosch de Rodez où il s’est rendu hier de façon symbolique avant sa rencontre avec la chancelière Angela Merkel. Rencontre où il sera question de leur initiative commune pour lutter contre le chômage des jeunes en Europe.
Mais pour l’heure, le chef de l’Etat avait choisi de recadrer la Commission Européenne en répondant sèchement aux injonctions de Bruxelles. « La Commission européenne n'a pas à nous dicter ce que nous avons à faire. Elle a simplement à dire que la France doit rétablir ses comptes publics », a asséné le chef de l'Etat lors de son déplacement dans l'Aveyron.
Et, continuant à surfer sur cette sévérité, il a ajouté : « Pour ce qui concerne les réformes structurelles, notamment la réformes des retraites, c'est à nous et à nous seuls de dire quel sera le bon chemin pour atteindre l'objectif ». Mise au point alors que Bruxelles vient de demander à la France de prendre des mesures dès cette année pour ramener son système de retraites à l'équilibre « pour 2020 au plus tard ». Le président de la République a affirmé vouloir mener cette réforme « dans la concertation, la justice, la responsabilité ».
Inverser la courbe du chômage
Même volonté affichée et proclamée vis-à-vis des mauvaises prévisions de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). Loin de se laisser démonter, François Hollande a réaffirmé son objectif d'inverser coûte que coûte la courbe du chômage fin 2013. L’OCDE avait en effet, tablé le jour même sur un taux de chômage en France de 11,1 % en 2014, contre 10,7 % en 2013. « Nous savons bien qu'il va y avoir encore une augmentation du chômage jusqu'à la fin de l'année » s’est-il exclamé avant de marteler : « Je ne vais pas me résigner, je ne vais pas rester les bras ballants ».
Puis il a réaffirmé sa confiance dans le contenu de sa « boite à outils » pour y parvenir : « emplois d'avenir, contrats de génération, pacte de compétitivité, retour le plus rapide de la croissance ». Sans délaisser la proie pour l’ombre, le chef de l’Etat est redevenu acerbe en rappelant : « La grande différence entre les organismes qui font des prévisions et le gouvernement de la France c'est qu'il y en a qui sont simplement dans les calculs, les projections et il y en a -et je suis le premier responsable-, qui d(oivent) être dans l'action ».
Le cadre symbolique de l’usine Bosch
Après ce rappel autoritaire de la place de chacun, le président s’est à nouveau tourné vers les centaines de salariés de l’usine Bosch venus l’écouter sous la pluie. Usine qui fait figure d’exemple pour avoir notamment signé un accord-cadre avec tous les syndicats, prévoyant des investissements importants et une préservation de l'emploi en contrepartie d'une modération salariale et d'une mise en commun des RTT des salariés pour faire face aux variations d'activité sans recourir au chômage partiel.
« Je veux saluer le syndicalisme français, celui qui signe des accords - ici tous les syndicats l'ont fait - même celui qui ne signe pas d'accord et qui se met autour de la table pour chercher de bonne foi à trouver la solution. On a besoin de ce dialogue, de cette concertation! », a célébré M. Hollande du haut de son estrade.
S’adressant ensuite aux 240 salariés de Spanghero, victimes du scandale de la viande de cheval, il a promis que le gouvernement « ferait tout » pour qu'ils retrouvent un repreneur ou à défaut bénéficient d'un reclassement « exemplaire », soulignant la responsabilité de la direction du groupe agroalimentaire dans la suppression de la totalité des emplois de l'entreprise.
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Les initiatives Hollade/Merkel pour lutter contre le chômage des jeunes en Europe (Libération)
La liste de Bruxelles des 6 réformes à mener (Le Monde)
La boite à outils du président (Ouest-France Entreprises)
Les 240 salariés de Spanghero (Le Monde)