François Hollande plaide pour un réalisme optimiste

mardi 18 juin 2013
Capture d'écran M6

Pédagogie… voilà pour le ton qu’a voulu adopter le président de la République dimanche soir en face de Thomas Sotto, le journaliste présentateur de Capital. Certains se sont gaussés de voir le chef de l’Etat participer à une émission portant une telle étiquette. Mais sa présence disait aussi en filigrane qu’il respectait une promesse donnée à Thomas Scotto au soir de l’élection présidentielle : celle de venir dans son émission. Et c’est ainsi que François Hollande s’est retrouvé dans son costume noir et rigoureux, perché sur un tabouret de bar et séparé du journaliste par une table en verre dans le décor de Capital, rouge comme une crise qui explose à nouveau. Là que le chef de l’Etat a balayé du revers de la main et avec fermeté tous les reproches d’attentisme face à la crise. « Vous croyez que je ne l’ai pas vu la crise ? » a balancé d’emblée le chef de l’Etat sur le plateau de Capital. Puis opiniâtre, défendant son action bec et ongles,  il a soutenu que dès sont arrivée au pouvoir, le gouvernement « a pris la mesure » mais aussi « les mesures » puis a estimé avec fermeté  que 13 mois après le début de son quinquennat « ce n'est pas le rythme des réformes qui est jugé trop lent, ce sont les résultats qui tardent ». Interrogé ensuite sur ses records d’impopularité, le président a assuré comprendre « les impatiences ».

L’emploi sur le grill

Passé le hors d’œuvre des questions de mise au point, le fil de l’émission a repris son cours au fil des reportages et si le président n’a pas fait d’annonces spectaculaires en tous les cas rien d’autre que ce qui avait transpiré dans la presse, il s’est évertué à défendre son action et sa stratégie. Sur le chômage, il a à nouveau réaffirmé avec force sa volonté d’inverser la courbe d’ici la fin de l’année alors que les demandeurs d’emplois dépassent  les 3,26 millions… un must jamais atteint. Mais loin de se démonter, François Hollande a martelé qu’il s’y « accrocherait comme un mort de faim ».  Puis, admettant que les emplois d’avenir -  au nombre de 30 000 aujourd’hui -  peinaient à décoller, il ne s’est pas laissé démonter en maintenant le cap et en affirmant qu’ils seraient comme promis, au nombre de 100 000 « d’ici la fin de l’année ». Le chef de l’Etat a en effet justifié le recours à ces « emplois subventionnes » comme étant de nature à « donner du pouvoir d’achat » faute de croissance suffisante. Il a dans la foulée assuré que les contrats de génération qui allient le maintien d’un senior dans son emploi et l’embauche d’un jeune, seraient compris en 75 000 et 100 000 d’ici la fin de l’année. Mais interrogé ensuite sur un coup de pouce au Smic, il s’est montré ferme en scandant : « La loi pour l’instant, c’est la loi », ce qui signifie en substance que le Smic ne sera réévalué au 1er juillet prochain que dans la stricte mesure de ce que prévoit la loi. Il a rappelé que ce coup de pouce avait été donné l’an passé avec 2 % de revalorisation.

Retraite et retraites…

Bien sûr, le brûlot aujourd’hui se conjugue au temps de la retraite avec la réforme qui pointe plus que le bout de ses ailes. Si le rapport Moreau a donné la semaine dernière un avant goût de la future silhouette de la réforme, le chef de l’Etat a confirmé qu’elle était en cours d’élaboration et que le gouvernement augmenterait la durée de cotisation pour « suivre l’évolution de l’espérance de vie ». « Dès lors que nous vivons plus longtemps, notre durée de cotisation doit suivre (...) pour le moyen et long terme », a-t-il expliqué. Fixée aujourd’hui à 41,5 ans, la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein pourrait selon le rapport Moreau, être allongée jusqu’à 44 ans.

Puis à quelques jours de la seconde grande conférence sociale qui se tiendra jeudi et vendredi prochains, il a défendu sa méthode prônant « le dialogue social dans tous les domaines ». La conférence réunira en effet – et à nouveau – patronat et syndicats sur des sujets divers mais on se doute que les débats vont davantage être portés cette année sur les retraites. « Arrêtons le dénigrement permanent », a-t-il lancé après un reportage comparant l'Allemagne et la France dans le domaine notamment de la négociation sociale. « Ne nous demandez pas de faire en un an ce que les Allemands ont mis 10 ans à faire ! », s’est-il exclamé.

Brûlots d’actualités

Le président a ensuite a ensuite prévenu les français qui possèdent des comptes non déclarés à l’étranger qu'ils ne disposaient plus que de quelques mois pour régulariser leur situation avant le vote de la loi de lutte contre la fraude fiscale. « Elle sera votée fin de l'été », a confirmé le chef de l’Etat  avant d’ajouter : « Je suis pour la transparence et la justice, je suis pour que les contrôles soient faits. »  Les députés examinent en effet, à partir de mercredi, le projet de loi de lutte contre la fraude fiscale et la grande délinquance économique et financière, rédigé après l'onde de choc provoquée par l'affaire Jérôme Cahuzac.

Selon Le Parisien-Aujourd’hui en France, près de 5000 évadés fiscaux se sont rapprochés ces derniers mois de Bercy pour régulariser leur situation. Interrogé sur les accusations de Pierre Condamin-Gerbier, un ancien cadre de la banque suisse Reyl & Cie qui affirmé la semaine dernière, détenir une liste d'hommes politiques qui détenaient un compte caché à l'étranger, le chef de l’Etat a promis que si un membre du gouvernement s'y trouvait, il devrait démissionner immédiatement. « Il y a déjà eu un membre du gouvernement qui a triché, il a été écarté du gouvernement », a-t-il dit en évoquant le cas de Jérôme Cahuzac.

Et c’est dans les toutes dernières minutes de l’entretien que Thomas Sotto a interrogé François Hollande sur l’élimination du PS au 1er tour de la législative partielle du Lot-et-Garonne pour pourvoir le siège de Jérôme Cahuzac. Le FN a obtenu plus de 26 % dans cette élection. « Si on veut écarter l'extrême droite démocratiquement, il faut lutter contre le chômage, donner une perspective à la nation et être exemplaire », a encore réaffirmé le Chef de l’Etat en ne dérogeant pas jusqu’à la dernière minute à sa ligne de conduite : exemplarité et dialogue.

Véronique Pierron

 

Pour en savoir plus :

Les demandeurs d’emplois dépassent les 3,26 millions (Journal du Net)

Les emplois d’avenir (Le Point)

Les contrats de génération (Service Public)

Le rapport Moreau (La Croix)

Près de 5000 évadés fiscaux se sont rapprochés de Bercy (Le Parisien)

La banque suisse Reyl & Cie (Slate.fr)

Elimination du PS au 1er tour de la législative partielle du Lot-et-Garonne (Le Figaro)

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