Hervé Morin reconnait l’échec de l’intervention sur le voilier Tanit

vendredi 18 octobre 2013

Golfe d’Aden, 4 avril 2009. Le voilier le Tanit battant pavillon français est arraisonné par cinq pirates somaliens à 900 km des côtes somaliennes. A bord du bateau, le skipper Florent Lemaçon, sa femme, son fils de trois ans et deux autres équipiers sont séquestrés. Alertées, les autorités françaises tentent de négocier avec les pirates. Négociations qui se soldent par un échec.  Or, le voilier s’approchant toujours plus des côtes somaliennes, la décision d’une intervention est prise par le Président de la République, Nicolas Sarkozy, qui tient compte des recommandations militaires. Lors de l'assaut, des échanges de coups de feu avec les pirates somaliens fusent de toutes parts. Florent Lemaçon est atteint par une balle tirée par un militaire français. Deux des cinq pirates, leur chef et son second, sont tués à leur tour.

Depuis lundi, trois somaliens sont jugés devant la cour d’assises de Rennes. Ils sont accusés de « détournement de navire par violence », et « d'enlèvement et séquestration arbitraire de plusieurs personnes commis en bande organisée » et encourent la réclusion à perpétuité.  Or mercredi, l’ex-ministre de la Défense Hervé Morin a reconnu l’échec de l’opération devant la cour d’assises. Il a témoigné que la préoccupation première des autorités à ce moment « était de tout faire pour que la sécurité des otages soit préservée » avant d’admettre « un échec puisqu’il y a eu un mort ». Auditionné par la cour comme témoin, l’ex ministre de la défense a relaté les différents épisodes et évènements ayant précédé et conduit à  l’assaut par les commandos de marine. « Nous avions deux obsessions : la présence d'un enfant à bord (...) et empêcher les ravisseurs de gagner la terre où nous perdrions les otages pour des mois sinon des années avant de les récupérer », a poursuivi l'ancien ministre.

Avant l’ouverture du procès lundi, l’avocat de la famille Lemaçon a rappelé qu’il « a fallu se battre pour que l'Etat français reconnaisse la vérité » tout en qualifiant l’assaut des forces françaises « d’opération hasardeuse ». L’armée n’avait en effet reconnu qu’un an plus tard, la responsabilité du tir d’un militaire français dans la mort du skipper. Hervé Morin avait expliqué ce délai en raison des nécessités et des contraintes de l’instruction judiciaire. Des explications et des aveux du ministre qui ne peuvent toutefois pas  apaiser la colère et la tristesse de Chloé Lemaçon, l’épouse du skipper tué. Colère qu’elle a exprimée à nouveau mardi devant la cour d’assise envers la hiérarchie militaire et les responsables alors au pouvoir, en estimant qu’il aurait été préférable de laisser le voilier rejoindre la côte somalienne et toucher terre.

Le verdict est attendu vendredi. Selon leurs avocats, les trois somaliens jugés  n'étaient que des exécutants, le chef du groupe de pirates ayant été tué lors de l'assaut des militaires. Le commanditaire de la prise d'otages n’a pas pu lui non plus, être interpellé en Somalie malgré son identification par les trois accusés.

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

La décision d’une intervention militaire pour libérer les otages (La Dépêche du midi)

La responsabilité du tir d’un militaire français dans la mort du skipper (RTL)

 

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