Hollande défend les six premiers mois de sa présidence

mercredi 14 novembre 2012

« J'en avais pris l'engagement pendant la campagne présidentielle : rendre compte régulièrement, tous les six mois, de l’action que j’aurais à conduire pour le pays ». Avec la première conférence de presse de son quinquennat mardi, la promesse de François Hollande est tenue. Ou presque. C’est dans un cadre solennel que le président de la République s’est exprimé pendant près de 2h30 – entre allocution et questions – devant plus de 350 journalistes français et étrangers : la salle des fêtes de l’Élysée, une estrade rouge, un pupitre, les drapeaux français et européen et en présence de Premier ministre Jean-Marc Ayrault et de l’ensemble des membres du gouvernement. Bien loin donc du lieu neutre « où chacun sera finalement chez lui » comme il l’avait dit. Malmené dans les sondages, critiqué jusque dans la majorité, François Hollande a tenté de justifier ses choix et de convaincre les Français sur son action.

 

Pendant une quarantaine de minutes, François Hollande a ainsi redéfini sa mission de président, ses objectifs et ses ambitions. Entre justice et rassemblement. Entre pédagogie et responsabilité. « Une politique n’est pas une accumulation de propositions ou de mesures aussi fortes soient-elles, n’est pas une addition de réformes aussi utiles soient-elles, n’est même pas une comptabilité de promesses aussi respectées soient-elles. Une politique, c’est une réponse cohérente et forte à la situation du pays ». Pour le chef de l’État, « une alternance change le pouvoir, mais elle ne change pas la réalité ». « Nous vivons bien plus qu'une crise, nous vivons un changement du monde. Et c'est pourquoi depuis six mois, j'ai fait mes choix et je m'y tiens sans avoir besoin de prendre je ne sais quel tournant, je ne sais quel virage, car ces choix sont conformes à mes engagements, à mes principes et surtout, aux intérêts de la France », a-t-il souligné. « Ma mission, elle est simple : c’est de parvenir à redresser la croissance et à réduire le chômage. C’est sur ses seuls résultats que je demande à être jugé par les Français. »

 

François Hollande a détaillé les « trois défis majeurs » du gouvernement. Et tout d’abord « la réorientation de l’Europe ». « Nous sommes la France, un pays majeur en Europe, une nation attendue dans le monde. Or une France affaiblie, ce serait aussi une Europe impuissante. » Traité budgétaire européen, union bancaire, taxe sur les transactions financières : « Depuis six mois, je me suis fixé un but : régler les questions lancinantes de la zone euro d'ici la fin de l'année ». « C'est par la solidarité et non par l'austérité sans fin que seront atteints les objectifs de réduction des déficits publics », a ajouté François Hollande.

 

La deuxième priorité est le désendettement de la France. « J'ai demandé au gouvernement de Jean-Marc Ayrault de mener à marche forcée le rétablissement des comptes publics », a expliqué le président. Avec un objectif pour le Premier ministre : trouver 50 milliards d’économies sur 5 ans. « Un effort compensé par deux principes : la justice, en demandant aux plus favorisés de faire l'essentiel du sacrifice, et l’emploi. » Et d’expliquer : « Il nous faut faire cette réforme de l'État, de notre organisation, de notre système social pour qu’il soit plus efficace, plus juste (...). Nous devons être capable de faire mieux en dépensant moins, en faisant autant d'économiques que possible. »

 

Troisième défi : la compétitivité de l’économie. « Le décrochage productif, c’est le mal français, et les plans sociaux, c’est le symptôme », a lancé François Hollande avant de se lancer dans une explication du pacte de compétitivité, inspiré par le rapport de Louis Gallois, « un homme de bien qui mérite toute notre estime ». « Ce pacte vise à produire plus et mieux en France », et dont l’objectif est de « donner de la visibilité aux entreprises et de la stabilité aux salariés ainsi qu'aux investisseurs ». Quant au crédit d'impôt à destination des entreprises il sera « simple, sans aucune formalité administrative, général, rapide et efficace ». Tout en insistant : « Ce n'est pas un cadeau, c'est un levier. » Il est également revenu sur la hausse de la TVA. Cette « restructuration des taux de TVA » se traduira par une hausse de 0,4 point à partir de janvier 2014, « soit quatre fois moins que prévu » par le gouvernement de Nicolas Sarkozy.

 

Sur le mariage homosexuel, François Hollande estime qu’ « il y a un besoin de temps pour le débat pour que toutes les croyances et toutes les sensibilités soient respectées ». Sur les gaz de schiste, il a expliqué qu’ « il y a eu une loi en 2011 qui interdit la fracturation hydraulique. Tant qu’il n’y aura pas d’autres techniques, il n’y aura pas d’exploitation. J’ai fixé le cap et je m’y tiens ». Concernant le vote des étrangers, il a souligné que ce texte est « une réforme constitutionnelle et donc il faut la majorité des 3/5e qui n'est pas aujourd'hui constituée. Quand elle sera envisagée, je prendrai mes responsabilités mais pas avant car si c'est pour présenter un texte qui risque de diviser les Français et que je risque de ne pas pouvoir passer, je m'y refuse ». Sur le plan international, il a annoncé « que la France reconnaît la coalition nationale syrienne comme la seule représentante du peuple syrien et donc comme le futur gouvernement provisoire de la Syrie démocratique permettant d'en terminer avec le régime de Bachar al-Assad ». Le chef de l’État a par ailleurs assuré qu’ « en aucun cas, la France n'interviendra elle-même au Mali ».

 

François Hollande s’est posé en président « responsable », qui a appelé à « faire Nation » face à la crise. « Le déclin n’est pas notre destin », a-t-il lancé. « Je ne prépare pas le sort d’une prochaine élection, je prépare le sort d’une prochaine génération ».  Il estime que « la France a besoin de tous : des chefs d’entreprises plongés dans la mondialisation jusqu’aux jeunes des cités qui ne demandent qu’à réussir et à trouver leur place ». Mais fidèle à sa réputation de « Monsieur Petites Blagues », cette intervention ne l’a pas empêché d’avoir quelques traits d’humour. Comme « On m'avait dit, il faut faire un choc (de compétitivité). Cela faisait chic, paraît-il. ». Ou encore « Je suis obligé de faire l’animateur  » pour savoir qui prendra la parole parmi les journalistes à la fin de la conférence de presse.

Caroline Moisson

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