La guerre contre le terrorisme, elle se passe aussi sur internet et les réseaux sociaux où les jihadistes sont particulièrement actifs. Depuis les attentats à Paris qui ont fait 17 morts, le gouvernement n'a eu de cesse de le répéter : le web, et plus particulièrement les réseaux sociaux, doit être davantage encadré. Avec un objectif : limiter les « contenus appelant à la haine ». Plus question pour le Premier ministre Manuel Valls de voir « des mots effrayants de haine » sur la toile. Il faut « des formules de régulation » d'internet pour le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. Et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve d'insister : « Nous ne parviendrons pas à lutter contre le terrorisme s'il n'y a pas une responsabilisation des acteurs de l'internet eux-mêmes, c'est-à-dire s'il n'y a pas une prise de conscience par eux qu'ils ont un rôle de régulation, d'observation et de vigilance à jouer. »
Dans la ligne de mire du gouvernement donc : les plateformes sur internet qui ne modèrent les commentaires qu'a posteriori, comme Facebook, Twitter ou encore Youtube. Alors le chef de l'État aimerait bien les impliquer davantage. Ainsi, fin janvier à l'occasion du 70ème anniversaire de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz, François Hollande déclarait vouloir « agir au niveau européen, et même international, pour qu'un cadre juridique puisse être défini, et que les plateformes internet soient mises devant leurs responsabilités, et que des sanctions soient prononcées en cas de manquement ». Et c'est bien cela que le gouvernement compte défendre ce jeudi à l'occasion d'une réunion du Conseil européen à Bruxelles : rendre plus facile la suppression des contenus en ligne qui font l'apologie du terrorisme ou qui incite à ces actes.
Mais à vouloir aller trop vite, certains internautes craignent de voir la liberté d'expression en ligne restreinte. À prendre en compte aussi que Facebook, Twitter ou Youtube sont des entreprises américaines. Des services qui « ont le plus souvent été conçus sur le modèle américain de la liberté d'expression, beaucoup plus libéral que le droit français », comme l'explique le journal Le Monde.
Caroline Moisson
Pour en savoir plus :
De « Charlie » à Dieudonné, jusqu'où va la liberté d'expression ? (par Damien Leloup et Samuel Laurent, Le Monde)