Décidemment, l’habit de chef d'Etat-major sied à ravir au chef de l’Etat. Qui peut encore l’accuser d’indécision ? C’est lors de ses vœux aux parlementaires mercredi soir que François Hollande a fait à nouveau preuve de la plus grande fermeté à l’égard du non cumul des mandats. Il a martelé qu’il prendrait effet « pour tous les parlementaires », c'est-à-dire sénateurs et députés, et ce, durant le quinquenat, adoubant ainsi la proposition de la commission Jospin d’interdire tout cumul d’un mandat local avec un mandat parlementaire. Le président a aussi ajouté que ce principe s’appliquerait « quelle que soit la taille de la collectivité locale concernée ». De nombreux parlementaires à droite comme à gauche sont hostiles à cette mesure et ce n’est pas étonnant quand on sait que 83% des députés et 78% des sénateurs exercent un autre mandat électif selon un rapport du Sénat de février dernier sur le cumul des mandats. Le chef de l’Etat a défendu cette nouvelle règle qui faisait partie des 60 engagements de campagne, en jugeant qu’elle permettrait « une plus grande disponibilité des parlementaires » et un rajeunissement et une féminisation des élus.
Flou artistique sur le calendrier
Pour les dates et le calendrier de mise en œuvre de la loi, la fermeté est moins à la fête et là, le président a une nouvelle fois, commis le pêché d’indécision et de volonté consensuelle abusive... François Hollande est resté très flou sur la question en déclarant avoir demandé au « Premier ministre de préparer un projet de loi pour en terminer avec le cumul entre un mandat national et un mandat exécutif local, cette réforme entrera en vigueur, si le Parlement en décide, durant le quinquennat ». Au PS, Harlem Désir entend bien brusquer un peu le flou présidentiel en souhaitant que la loi soit appliquée dès 2014. Il propose aussi qu’un député démissionnaire soit remplacé par son suppléant et non par une législative partielle. Une mesure toute stratégique… car certains au PS craignent que le parti perde via le jeu des dizaines d’élections à venir, sa belle majorité. La gauche a encore la joue rougie par la claque récente du 16 décembre dernier où ses trois candidats ont été balayé par l’UMP lors de législative partielles. Peut-être que l’indécision présidentielle est toute stratégique alors que son entourage déclare que le président laisse la porte ouverte à toutes les possibilités en termes de calendrier et n'a pas encore rendu son arbitrage sur une entrée en application avant ou après 2014… Cohabitation ? Vous avez dit cohabitation ?
Véronique Pierron