« Nous ne renonçons à rien, non, non et non ! » Certes le ton était volontaire, mais le discours a été sans surprise. Comme il fallait s’y attendre. Comme il avait d’ailleurs prévenu. Tradition oblige, Jean-Marc Ayrault a prononcé mardi après-midi son discours de politique générale devant les 577 députés de la nouvelle Assemblée nationale. Un oral d’une heure et demie au cours duquel il a déroulé la feuille de route de son gouvernement, calquée tout simplement sur les engagements de campagne de François Hollande : mariage et adoption pour les couples homosexuels, droit de vote des étrangers, part de proportionnelle aux prochaines législatives, loi sur l’audiovisuel, plan de lutte contre la pauvreté, créations de postes dans l’Éducation nationale, imposition à 75% au-delà d’un million d’euros…
Autant de réformes qui devront être conduites pendant les cinq prochaines années, sur fond de crise économique. Conscient de la situation dans laquelle se trouve la France, Jean-Marc Ayrault n’a jamais prononcé dans son discours le mot « rigueur ». Pas question non plus de parler d’austérité qu’il « refuse ». Le Premier ministre préfère le « redressement dans la justice ». Et d’exhorter « le peuple à une mobilisation, car il n'est pas trop tard pour agir et pour réussir ». Il a invité les Français à « retrouver confiance dans leur destin », même si le pays « s'est affaibli économiquement », s'il « s'est dégradé socialement, divisé politiquement » et « abîmé moralement ».
« Ce sera difficile, mais nous réussirons ! », a promis Jean-Marc Ayrault, avant de conclure : « Aucune agence ne notera jamais notre rêve, parce qu'il ne relève que de votre confiance et de celle des Français. » En début de soirée, l'Assemblée nationale a, sans surprise, voté la confiance au gouvernement par 303 voix pour et 225 contre. Sur 544 votants, il y a eu 527 suffrages exprimés.
L’opposition est entrée tout de suite dans son rôle, ne manquant pas de railler le discours de Jean-Marc Ayrault. « Très déçu », Jean-François Copé, le secrétaire général de l’UMP, a estimé que ce discours était « truffé d'incantations » et manquait « de courage politique ». François Fillon, lui, a « assisté en direct cet après-midi à l'annonce d'une catastrophe économique et sociale à venir ». De son côté, le nouveau député frontiste Gilbert Collard parle d’ « un verbiage ‘idéolo-blablateu’ où on a l’impression que la réalité est maitrisée par des mots, des expressions que l’on invente ».
Caroline Moisson