Si le rôle de l’opposition est de s’opposer, celui des économistes de prévenir souvent avec de la peinture noire, le rôle du gouvernement est de garder le cap. C’est la posture qu’a tenu le Premier ministre jeudi lors de l’emission « Des paroles et des actes » sur France 2. Déjouant les effets de manches des sceptiques sur le projet de budget 2013, Jean-Marc Ayrault a affiché une ligne de conduite volontariste en matière de croissance et de lutte contre le chômage. C'est un budget de combat, c'est un budget de reconstruction », a affirmé convaincu, le chef du gouvernement au journaliste David Pujadas. Le budget 2013 dévoilé ce vendredi, prévoit ainsi 20 milliards d'euros d'impôts nouveaux et 10 milliards d'économies.
Croissance du PIB de 0,8% ? « Réaliste et atteignable »
Luttant contre les fatalités conjoncturelles de la crise, M. Ayrault ne s’est pas démonté en parlant emploi alors même que le nombre de chômeurs sans activité a franchi le seuil des trois millions en France métropolitaine. Il a rappelé la promesse de François Hollande d'inverser la courbe du chômage d'ici fin 2013 avec cette pieuse nuance : « Je ne sais pas si nous y parviendrons mais il faut tout faire pour y parvenir ».
Ensuite M. Ayrault a réaffirmé atteindre son objectif d’une croissance du PIB de 0,8%, hypothèse vilipendée par les économistes. Elle est « réaliste et atteignable » a soutenu le chef du gouvernement avant d’ajouter : « Il faut tout faire pour ça », une formule qui ressemble étrangement à celle employée précédemment pour le chômage. Méthode Coué ? Puis reprenant son souffle, le premier ministre rappelle que renoncer à l’objectif d’un déficit public ramené à 3% du PIB en 2013 serait synonyme d'une augmentation des taux d'intérêt auxquels la France emprunte sur les marchés financiers. Mais pour ce faire, il balaie à nouveau l’idée d'augmenter la Contribution sociale généralisée (CSG) et la TVA en 2013, et jure que « neuf contribuables sur 10 » ne seront pas concernés par les augmentations d'impôts.
Pas de tabous pour le coût du travail
Puis passant à la vitesse « coût du travail », Jean Marc Ayrault a assuré que les PME seraient « épargnées » et qu'il voulait « résoudre » le problème du coût du travail et ce, à quelques jours d'une négociation entre les partenaires sociaux sur la sécurisation de l'emploi et en plein débat sur la perte de compétitivité de la France. « Le coût du travail n'est pas un sujet tabou mais limiter la compétitivité de nos entreprises à la seule question du coût du travail, c'est une fausse réponse, ce n'est pas une réponse digne, c'est une facilité », s’est défendu le Premier ministre. Une question brûlante sur laquelle un rapport a été demandé par le Président de la République et son premier ministre à à l'ex-patron d'EADS et de la SNCF Louis Gallois, qui jugeait nécessaire en juillet, le transfert de 30 à 50 milliards d'euros de cotisations sociales sur d'autres ressources que le travail pour créer un « choc de compétitivité ». Des propos légèrement édulcorés par le premier ministre qui soulignait « Louis Gallois n'imagine pas que ce choc puisse se faire en une seule fois ».
Véronique Pierron