La Bretagne proche de l’insurrection contre l’écotaxe ? En tous les cas les bretons sont en colère contre le gouvernement qui veut maintenir au 1er janvier la date d’entrée en vigueur de l’écotaxe. C’est dans le Finistère que la mobilisation contre l’écotaxe a pris une ampleur toute particulière. Une insurrection qui prend des allures de Commune. Des pneus et des ballots de paille entassés les uns sur les autres, ont été incendiés. Près de 1 000 manifestants venus avec tracteurs et poids lourds s’en sont pris ensuite directement au portique du Pont de Buis, le dernier des trois portiques écotaxe du Finistère encore en état de fonctionner. Les manifestants ont lancé des œufs et des feux de détresse sur les gendarmes mobiles qui ont répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes et de flash-ball. Encore une similitude avec les insurrections passées, une partie des manifestants étaient coiffés de bonnets rouges en référence à la « révolte du papier timbré », un mouvement breton de contestation contre des taxes imposées en 1675 par Colbert pour renflouer les finances royales.
Cette taxe n’est même pas le fait du gouvernement actuel. Elle a été votée par la majorité précédente et s'applique aux transports de plus de 3,5 tonnes. Elle doit financer les investissements contre l'usure des infrastructures routières et inciter à privilégier des moyens de transport plus respectueux de l'environnement. Le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a essayé de calmer le jeu en affirmant qu’il proposerait dès aujourd’hui des mesures au Premier ministre aux fins de conserver « l’unité » de la société française. En début de semaine dernière, le gouvernement avait annoncé que le caractère excentré de la Bretagne serait pris en compte, avec un abattement de 50% sur le taux kilométrique et l'exclusion du réseau taxable du principal axe routier entre l'est et l'ouest de la région, la RN 164. A ce propos, Stéphane Le Foll a aussi indiqué que la perspective d’aller au-delà de l’abattement de 50% déjà prévu pour la Bretagne, était « une piste de réflexion ».
Vers de nouvelles propositions ?
Invité au Grand Rendez-vous d'Europe 1-Le Monde-i>Télé, le ministre de l'Economie Pierre Moscovici avait déjà évoqué de nouvelles propositions qui tiennent compte « des colères et des inquiétudes ». Le premier pas en réponse à ces inquiétudes a été le recul sur la taxation de l’épargne et d’une partie des contrats en assurance vie. Mais dans le même temps, Pierre Moscovici a confirmé que la mise en œuvre de l'écotaxe, « qui avait été proposée par l'ancienne majorité et votée à l'unanimité » est « toujours prévue pour le 1er janvier ». Même une partie de la majorité s’est rassemblée contre l’écotaxe et le député PS du Finistère, Jean-Jacques Urvoas, a plaidé dimanche pour l'ajournement de l'écotaxe en Bretagne afin de pouvoir mesurer « avec précision son impact sur les entreprises bretonnes » avant de préciser toutefois sur i>Télé et France info : « Nous ne demandons pas la fin de l'écotaxe mais son ajournement pour le cas breton ». La détresse des bretons est mesurable car la mise en place de l'écotaxe intervient au mauvais moment en Bretagne, dans un contexte de crise économique qui met à mal le secteur agroalimentaire. Près de 75% des Bretons s'y disent opposés, selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest-France, publié samedi. Bon nombre de manifestants ont évoqué l'impact des difficultés du groupe volailler Doux et la fermeture de l'abattoir de porcs Gad de Lampaul-Guimiliau sur l'ensemble de l'économie régionale.
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
L’écotaxe (Service public)
La révolte du papier timbré (Historique)
L’écotaxe votée par la majorité précédente (Sfr.fr)