La conférence sociale laisse présager une rentrée bouillante

samedi 22 juin 2013
AP

Le dialogue, le dialogue et encore le dialogue. C’est le prêche rodé et convaincu dont le président de la république a de nouveau fait son hiatus lors de la seconde conférence sociale qui se tient depuis hier au Palais d’Iéna à Paris. « La réforme par le dialogue a montré sa pertinence », a déclaré François Hollande. Et il a ensuite appelé organisations syndicales et patronales à avoir « foi » dans cette méthode en demandant aux partenaires sociaux d’unir leurs forces pour combattre « la défiance, le doute et le désarroi » qui sont « un mal encore plus profond » que la crise. Il a ensuite bien précisé pour se démarquer à nouveau de la méthode Merkel que « le sérieux budgétaire ne sera pas en France l’austérité ».

Ayant réaffirmé ses convictions et les contours de foi et d’optimiste pour y arriver, le président de la république a ensuite recadrer son discours sur les grandes attentes – et fractures – de la décennie. « Si je devais retenir qu'un seul enjeu, c'est celui de l'emploi », a-t-il annoncé et ce, même si son objectif d’inverser la courbe du chômage d’ici la fin de l’année, s’amenuise de jour en jour en raison d’une conjoncture aussi désespérante que le temps de ce printemps 2013.  Mais le chef de l’Etat ne perd rien de ses convictions profondes et a annoncé « un plan d’action  pour pourvoir les emplois sans candidats par une formation rapide des demandeurs d’emploi ». Annonce prolongée par le ministre du travail, Michel Sapin, qui a révélé qu’un plan très ambitieux sera mis en place à la fin de l’été « afin de former les chômeurs » pour ces emplois.

300 000 postes vacants

Et il existe actuellement quelque 300 000 postes vacants en France qui ne trouvent pas preneurs. La patronne du Medef en reine presque déchue – son mandat prend fin le 1er juillet – reste portant bien campée dans sa position de patronne des patrons et s’est même montrée – presque – débordante d’enthousiasme aux propos du Président : « J'ai tout de suite dit au président à quel point nous étions partants, je l'ai même encouragé » avant de poursuivre sur la même note encourageante : « Nous pourrions agir assez vite parce que nous connaissons la situation ».

Pourtant, ces métiers sans preneurs, on s’en doute, restent malgré tout des professions où se posent de sérieuses questions d’attractivité qu’elle se situe par rapport au salaire ou aux conditions de travail comme le rappelle le leader de FO Jean Claude Mailly : « Dans la restauration, les conditions de travail, de rémunération font que des salariés hésitent à y aller ou ne pensent qu'à en partir ». Les autres représentants des organisations syndicales se sont montrés également dubitatifs sur ces mesures et le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, a réclamé l'annonce de « propositions précises avec des objectifs chiffres ». « On ne peut pas avoir un discours ambitieux sur l'emploi et demain avoir une annonce qui fait pschitt », a-t-il rajouté.

La réforme des retraites sur la sellette

L’autre grand sujet fut bien entendu les retraites et là, des positions très antagonistes se sont plus que précisées de part et d’autres. Alors que le chef de l’Etat a affirmé que « L'allongement de la durée de cotisation  reste la mesure la plus juste, à condition qu'elle soit appliquée à tous en tenant compte de la pénibilité », les syndicats CGT et Fo en tête ont commencé à brandir les banderoles et à agiter les plans de cortèges des prochaines manifs. Annick Coupé porte parole de Solidaires a d’ailleurs prévenu sans détours que le gouvernement « prend le risque de mobilisations sociales dès la rentrée ». De son coté le patronat n’est pas d’accord non plus avec le gouvernement et continue de réclamer une piste que François Hollande a totalement exclue : un report de l'âge légal du départ à la retraite et refuse une hausse des cotisations.

D’autres thèmes comme la santé au travail, l’Europe, le service public ou les nouvelles filières ont fait l’objet de tables rondes animées par un ministre et le premier ministre Jean Marc Ayrault annoncera vendredi soir, la feuille de route sociale pour l’année à venir.

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

La méthode Merkel (La Tribune)

Fin de règne pour la patronne du Medef (Nouvel Observateur)

La réforme des retraites (Le Monde)

La piste de  l'allongement de la durée de cotisation (Sud Ouest)

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