Alors que l’ancienne carte de la pauvreté ne concernait quasiment que les zones urbaines les plus fragiles et excluait les zones rurales pourtant happées elles aussi par la pauvreté de ses habitants, le gouvernement a mis au point un nouveau calcul qui permet désormais de les inclure. « L’inclusion des territoires ruraux dans la nouvelle carte de la pauvreté permet de réparer une injustice. Jusqu’à présent le classement était avant tout orienté vers les quartiers sensibles des grandes villes.
Ce nouvel indice permet d’y faire entrer les villes rurales », se satisfait Renée Nicoux, sénatrice PS de la Creuse. Et pour le calcul de cette nouvelle carte de la pauvreté, un seul critère est désormais pris en compte : le revenu des habitants. Critère qui devrait permettre d’avoir une vision plus juste de la pauvreté des territoires. Ainsi, les zones retenues sont désormais celles où ou plus de la moitié de la population vit avec moins de 11 250 euros par an (60% du revenu médian national) mais ce chiffre qui peut varier en fonction du niveau de vie de l’agglomération. En fonction de ce nouveau calcul, 300 communes sortent du dispositif comme Biarritz et Hendaye dans les Pyrénées Atlantiques ou encore Bourg-la-Reine, Sceaux et Rueil-Malmaison dans les Hauts-de Seine. En échange de ces sorties, une centaine de communes font leur entrée dont la grande partie sont situées en zone rurale comme Dax dans les Landes, Foix ou Pamiers dans l’Ariège, et Guéret, la capitale de la Creuse.
Une ruralité en déshérence
Henri Tandonnet, sénateur UDI du Lot et Garonne n’est pas surpris de l’entrée de plusieurs communes dans cette nouvelle carte. « On savait que le nouveau critère serait celui de la pauvreté. Or notre département est en 87ème position, en termes de revenu moyen. En queue de peloton. Comment voulez-vous qu’on soit étonné ? », explique-t-il. Et de fait, certains territoires ruraux « concentrent la pauvreté », poursuit le sénateur. C’est le cas des villes moyennes où cohabitent « petits retraités agricoles, avec leurs 800 euros mensuels et jeunes au RSA, qui espèrent bénéficier du moindre coût de la vie », précise-t-il. Or, ces personnes se trompent car comme le regrette Renée Nicoux : « Ces personnes se retrouvent confrontées à de gros problèmes de transport. Elles doivent faire face à des dépenses de chauffage inattendues, parce qu’elles vivent dans des départements semi-montagneux. Ce sont des charges très importantes, pour des personnes aux faibles revenus ». A cela s’ajoute le chômage endémique qui sévit dans ces zones rurales comme à Guéret où la base militaire qui a fermé entrainant une précarité grandissante de ses habitants. En Aquitaine, c’est la métropole qui concentre toutes les aides. « Aujourd’hui on représente 10% de la population de la région, on contribue à 10% du PIB, mais je ne pense pas que l’on reçoive 10% des investissements publics », se plaint Henri Tandonnet.
Mais cette entrée dans la nouvelle carte de la pauvreté permet à ces communes de voir leurs difficultés reconnues et si comme le souligne Renée Nicoux « Le terme peut paraître dévalorisant », c’est aussi « le signe de dotations supplémentaires », ajoute-t-elle. « Cela nous permettra de disposer d’aides pour construire des logements à destination des populations les plus en difficulté », explique la sénatrice. « Cela nous permettra de disposer d’aides pour construire des logements à destination des populations les plus en difficulté », ajoute-t-elle enfin.
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Zones urbaines les plus fragiles (Onzus.fr)
Certains territoires ruraux concentrent la pauvreté (France 24)