Primaire UMP à paris, c’est parti. Objectif : reconquérir la mairie de Paris assiégée depuis 14 ans par la gauche. Mission : désigner le futur candidat unique (et qui de préférence rallie). Ce document s’autodétruira etc… Six candidats se sont déjà fait connaitre. Tous sauf un, sont encartés à l’UMP même si le scrutin était ouvert à l’ensemble des formations d’opposition de droite. La blonde favorite Nathalie Kosciusko-Morizet, 39 ans, polytechnicienne, s’adonne au tressage de cheveux, est accusée d’être parachutée en tant que députée de l'Essonne mais elle marque le point d’être une ex-ministre. Dans le rôle de sa compétitrice directe, la brune et sanguine Rachida Dati, souvent brocardée pour ses goûts de luxe, ancienne magistrate, ex-ministre de la justice et actuelle maire du VII arrondissement de Paris.
Puis viennent les outsiders. Le premier d’entre eux qui pourrait constituer une menace pour le challenge entre les deux femmes est le maire du 1er arrondissement de Paris et chef du groupe au Conseil de Paris Jean-François Legaret, 60 ans, seul rescapé issu de la liste dissidente de Jean Tiberi en 2001, à être élu maire d’arrondissement, à part Jean Tiberi lui-même. Vient ensuite, le conseiller régional Franck Margain, représentant du Parti chrétien-démocrate et seul émule d’un parti autre que l’UMP. Enfin, une illustre inconnue a décidé de tenter sa chance en la personne de Douce de Franclieu, une gersoise de 53 ans qui avait été candidate aux dernières élections législatives sur la première circonscription du Gers. La Douce, apôtre des déclarations tout en nuance, a déclaré à propose de Nathalie Kosciusko-Morizet à la Dépêche du Midi : « Je ne peux accepter de laisser Paris sous la direction d'un tel cerveau, nouvel exemple catastrophique de ce que la France produit comme élite politique inadaptée ».
Des dissensions pointent déjà leur nez
Si d’autres candidats pourront se déclarer jusqu'au 2 avril, les centristes de l’UDI ne devraient pas rejoindre la primaire de l’UMP préférant encore garder leur indépendance. L'UMP-Paris espère aussi attirer des électeurs en optant pour le vote électronique. Des inscriptions d'un coût de 3 euros doivent financer l'opération, confiée techniquement à une filiale de La Poste, Docapost. « Avec 50 000 votants, c'est auto-financé », a calculé Hervé Bennessiano, trésorier de la fédération. Le premier tour arrivera en effet vite puisqu’il est programmé du 31 mai au 3 juin, et un éventuel second tour du 7 au 10 juin et à ce sujet, Philippe Goujon président de la fédération UMP parisienne, a déclaré à l’AFP : « L'objectif est de mettre en œuvre la procédure la plus démocratique et la plus transparente pour départager des candidats ».
Toutefois rien ne semble jamais bien dans le meilleur des mondes puisque Mme Dati et MM. Legaret et Bounazel ont regretté « la complexité, l’opacité et l’iniquité qui président à la préparation » de ce processus qu'ils qualifient de « totalement fermé et même verrouillé, donc tout à fait contestable » . La guerre serait-elle à nouveau déclarée à l’UMP ? M. Goujon s’en défend en rétorquant : « On a tiré les leçons de toutes les erreurs et de tous les échecs des élections internes dont la dernière », celle qui a vu s'affronter violemment François Fillon et Jean-François Copé pour la tête du parti.
Des élections sous contrôle
Pour preuve : la mise en place d’une instance de contrôle baptisée « Conseil supérieur des primaires » qui doit veiller au bon grain et surveiller le déroulement des candidatures, de la campagne et des opérations de vote qui devront être sans procurations. Le tout sous la présidence d'Antoine Rufenacht, ancien directeur de campagne de Jacques Chirac en 2002. Les trois candidats rebelles assurent qu’ils n’ont pas été consultés sur le choix de cette personnalité. Et dire que l’un des points de cette fameuse chartre des primaires exhorte les candidats à se respecter et ne pas tenir de propos offensants et surtout de se rassembler derrière le futur candidat pour faire campagne en sa faveur…
Mais Philippe Goujon évacue ces délicates questions par l’ironie en s’en prenant à la … gauche, tête de turc désignée. « Nous sommes surpris de voir que la droite met en place des primaires au moment même où les socialistes ont l'air d'y renoncer », a ricané M. Goujon. « Il y aura donc d'un côté un candidat de l'alternance démocratiquement choisi par des électeurs et de l'autre côté une héritière désignée par le chef sans aucun débat » et là, il ne faut pas être devin pour comprendre qu’il fait une référence directe à Anne Hidalgo, première adjointe socialiste de l'actuel maire Bertrand Delanoë et grande favorite pour 2014.
Véronique Pierron