Le premier ministre est bousculé. Par les frondeurs du PS qui entendent bien ne pas se taire et lui reprochent une politique trop favorable aux entreprises. Au faîte des récriminations, l’ouverture des commerces le dimanche. Revanchard, Manuel Valls promet alors de les braquer encore plus en élargissant cette ouverture dominicale. Et désormais, c’est la grogne des patrons qui ébranle son piédestal. Ils lui reprochent une politique qui ne leur est pas assez favorable. Pour échapper quelques secondes aux coups de tonnerres et de foudre qui l’agressent en ce moment, Manuel Valls a réuni mercredi ses fidèles pour un apéro, une rencontre baptisée de députés « réformistes sociaux-démocrates ». Le premier ministre affirme pourtant que cette rencontre n’avait pas pour but de compter ses soutiens avant le congrès du PS de juin 2015.
En outre, cette semaine, les patrons, des artisans jusqu’aux grandes entreprises en passant par les PME mènent dans l’unité – une fois n’est pas coutume – des actions de critiques sur les contraintes que le gouvernement fait peser sur eux. Medef, CGPME et UDA demandent au gouvernement de décadenasser l’économie. En première ligne de leur revendications : la création du compte pénibilité, l’obligation d’information en cas de projet de cession et les nouvelles règles sur le travail à temps partiel…
Grandes manœuvres en prévision du calendrier de 2015
Une tension qui avait été encore excitée par les propos d’Emmanuel Macron, ministre de l’économie, lorsqu’il avait jugé que le patronat portait la responsabilité de « l’échec » en raison de la faiblesse du nombre d’accords conclus dans les branches professionnelles dans le cadre du pacte de responsabilité. Tension qui s’est encore électrisée lorsque le président du Medef, Pierre Gataz avait demandé au gouvernement lundi, de faire correspondre ses actions avec « ses belles paroles ». A quoi, le ministre de l’économie avait répondu que le patron du Medef devait plutôt faire en sorte que les 41 Md€ prévus de réduction des charges et de fiscalité des entreprises trouvent leur contrepartie en termes d’emploi.
Pourtant, il semblerait que le premier ministre décide de mettre de l’eau dans son vin. Lui qui avait estimé mardi que le patronat n’était « pas à la hauteur de ses responsabilités », a changé de ton mercredi à l’Assemblée Nationale. « Moi, je ne parle pas d'échec (du pacte de responsabilité), je parie d'abord sur l'accord entre les partenaires sociaux et je parie surtout sur l'intelligence collective », s’est-il expliqué lors des questions au gouvernement. En vérité, les grandes manœuvres ont commencées en prévision des élections cantonales de mars 2015 et du congrès du PS de juin. A suivre…
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Le congrès du PS de juin 2015 (Le Monde)
La création du compte pénibilité (Ministère du Travail)
Les nouvelles règles sur le travail à temps partiel (Clés du social.com)
Élections cantonales (Service-Public.fr)