Il n’aura pas fallu plus de 24 heures pour que le séisme politique provoqué par les élections européennes et l’affaire Bygmalion ne s’abatte sur l’UMP. Enlisé dans une affaire de surfacturations présumées et accusé des mauvais résultats de la droite aux européennes, Jean-François Copé a été pressé par les caciques de droite de démissionner. Le bureau politique qui s’est tenu mardi matin à huis clos n’aura finalement pas duré plus de deux heures et demie. Deux heures et demie au cours desquelles, les Sarkozystes, les Copéistes et les Fillonistes se sont déchirés. Deux heures et demie où Copé a dans un premier temps accepté de se retirer à l’issue du congrès extraordinaire d’octobre, avant de finalement être exhorté à se mettre « en réserve », idée émise par son rival François Fillon. Le Président de l’UMP a dû plier face à son ennemi de toujours et a annoncé qu’il quitterait ses fonctions le 15 juin prochain. Un congrès extraordinaire devrait se tenir en octobre. En attendant, les trois anciens premiers ministres UMP, Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon, assureront la direction collégiale du parti, annoncé le sénateur Gérard Larcher.
Lâcher Copé, sauver l’UMP
L’UMP était sur le point d’imploser après les révélations faites en février dernier par le magazine Le Point concernant l’affaire Bygmalion. Cette société de communication tenue par deux proches de Jean-François Copé, Bastien Millot et Guy Alves, serait soupçonnée de favoritisme. Dès 2008, l’UMP aurait passé plusieurs contrats avec la société Bygmalion, notamment pour des prestations relatives au budget de communication de l’UMP, la création de sites internet mais également des plaquettes pour les députés UMP. En 2012, la société est à nouveau sollicitée pour organiser des événements lors de la campagne de Nicolas Sarkozy. Le montant de la facture s’élevait à huit millions d’euros, selon le magazine Le Point qui a révélé l’affaire en février dernier.
Le parquet de Paris a ouvert il y a quelques semaines une enquête pour « faux », « abus de biens sociaux » et « abus de confiance ». Nouvelles révélations dans le feuilleton Bygmalion le 15 mai dernier, selon le quotidien Libération, la société de communication aurait facturé quelque 19 millions d’euros pour 80 événements, dont 12,7 millions d’euros pour « 55 conventions thématiques » qui n’ont en réalité jamais existé.
Maître Maisonneuve, l’avocat de la société Bygmalion, a de son côté indiqué que les « fausses factures » visaient en réalité à couvrir les dépenses de frais de campagne du candidat Sarkozy. La loi française interdit aux candidats de dépasser 22 millions d’euros (en 2012) de dépenses pour leur campagne présidentielle. Le directeur de cabinet de Jean-François Copé, Jérôme Lavrilleux, a à sont tour avoué lundi 26 mai des dérives dans les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, suivies de « fausses factures » pour tenter de les camoufler. Scandalisé par ses attaques contre l’ancien Président, Brice Hortefeux a de son côté indiqué « le mécontentement » de Nicolas Sarkozy de voir ainsi « son nom associé » à cette « curieuse actualité ». Des perquisitions ont débuté lundi matin au siège de l’UMP et dans les locaux de Bygmalion et se sont poursuivies jusqu’à tôt mardi matin.
Vanessa Gondouin-Haustein