Dès sa première phrase Manuel Valls est applaudi par les députés. Tous et tous bords politiques confondus se lèvent pour ovationner le premier ministre. La Marseillaise venait juste d’exploser dans l’hémicycle, reprise en cœur par l’ensemble des députés. C’était la première fois depuis le 11 novembre 1918, date de l'armistice de la Première guerre mondiale, que l’hymne national était ainsi repris par le cœur des députés.  Et ces applaudissements ne se sont pas taris loin de là, pendant tout le très beau discours du premier ministre. Un discours émouvant à donner la chair de poule et puissant à réconcilier  avec un monde politique que l’on croyait éloigné des préoccupations des citoyens. Debout devant le pupitre de l’Assemblé Nationale, le chef du gouvernement a rappelé les journées difficiles que vient de traverser le pays en appelant la Nation à lutter contre la haine<. Et faisant directement référence à Dieudonné, il  a plaidé pour une justice « implacable à l’égard de ces prédicateurs de la haine ». En terminant son discours de 45 mn par ces mots : « Il y a quelque chose qui nous a tous renforcé après ces évènements,  et après les marches de cette fin de semaine, je crois que nous le sentons tous, c’est plus que jamais la fierté d’être français »,  Manuel Valls avait les larmes aux yeux.

Un discours salué par presque tous…

Parmi les nombreuses réactions des députés, c’est Yves Jégo, vice-président de l’UDI qui a été le plus enthousiaste. « Jamais, dans l'histoire récente de l'hémicycle, nous n'avions entendu des propos aussi puissants, aussi adaptés à la situation (...) Le Premier ministre a eu le courage d'incarner les valeurs républicaines universelles », a-t-il salué sans retenue politique. Le député UMP Eric Ciotti a tweeté : « beau discours républicain » alors que Lionel Tardy estimait : « C'est ce qu'il fallait aujourd'hui ».  A droite toujours, François Fillon a jugé que « sur la gestion de la tragédie, le président et le gouvernement (avaient été) à la hauteur » et le porte-parole de l’UMP Sébastien Huyghe a affirmé que Manuel Valls « a esquissé des propositions, qui pour certaines d'entre elles rejoignent celles de l'UMP formulées il y a plusieurs mois. Celles-ci auront notre soutien ».

Un soutien qui devrait faire date dans l’histoire de l’hémicycle mais comme le soulignait le premier secrétaire du PS, Jean Christophe Cambadélis, « Toute la séance fera date ». Jean Marc Ayrault, pas rancunier a salué « l'un de ces grands discours qui marquera l'histoire de l'Assemblée ».Toujours à gauche, Jérôme Guedj, un ex-député frondeur membre de l’aile gauche du PS s’est enthousiasmé pour un « discours admirable en tout point » et même l’ancienne ministre de la culture démissionnaire Aurélie Filippetti a vu un discours « profond et salutaire ». François de Rugy coprésident des députés écologistes a salué des « propos justes sur les suites que nous devions donner sur la sécurité des Français, sans surenchère, sans gesticulation législative comme certains le souhaiteraient ».

… sauf les extrêmes

La tiédeur et les critiques ont quand même déboulé des extrêmes.  Et si coté FN, son vice-président Florian Philippot, a estimé, que « comme un des responsables de la situation actuelle, avec ses camarades de l'UMPS, Valls ne mérit(ait) aucun applaudissement »,  Nicolas Bay, secrétaire général du parti frontiste, a jugé que « Valls a(vait) fait son numéro. L'UMP applaudit. Rien de nouveau à l'horizon: maintien de Schengen, immigration massive, laxisme judiciaire ». Critiques qui n’empêchent pas les Français de saluer à plus de 80% l’action concertée pendant les attentats de François Hollande, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, selon un sondage Harris Interactive.

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

La Marseillaise (Le Parisien)

Le très beau discours du premier ministre (Les Echos)

Les journées difficiles (France TV Info)

Dieudonné (Le Monde)

Sondage Harris Interactive (Le Point)