Les débats n’en finissent plus de se muscler au sujet des futurs administrateurs d’EADS. Le conseil d’administration a en effet étudié dimanche 3 février les différentes personnalités potentiellement éligibles, et choisi de soutenir les candidatures de Michel Pébereau et Denis Ranque aux postes d’administrateurs indépendants. Ce choix s’inscrit à l’encontre de la volonté élyséenne de soutenir Jean-Louis Beffa et Bernard Attali. En tant qu’administrateurs agréés par l’Etat, le conseil s’est voulu plus conciliant en confirmant le choix de Jean-Claude Trichet (ancien patron de la BCE) et d’Anne Lauvergeon (ancienne patronne d’Areva).
C’est sur la présidence du conseil, en remplacement de l'Allemand Tom Enders, que le débat s’envenime. Pour ce poste, Anne Lauvergeon bénéficiait du soutien du gouvernement. En effet, le ministre des Finances Pierre Moscovici avait affirmé lundi que l’ancienne patronne d’Areva était une femme avec « de grandes qualités qui doivent être utilisées et nous souhaitons qu’elles le soient ». Le conseil a pourtant écarté cette option dimanche, laissant grossir la rumeur d’un candidat privilégié : Denis Ranque, ex-PDG de Thales. Cependant, Les Echos avance que « rien n’est encore joué » et rappelle que seule l’assemblée générale prévue fin mars ou début avril aura le dernier mot.
Ces turpitudes arrivent dans un contexte tendu où la baisse de l’influence de Paris et de Berlin se vérifie chaque jour un peu plus. L’accord historique trouvé entre les deux pays le 5 décembre dernier avait acté le recul des Etats dans le groupe, et notamment diminué le capital des groupes Lagardère et Daimler (chantres du couple franco-allemand). L’objectif étant de garantir « la protection des intérêts des Etats (…) tout en donnant à l’entreprise la liberté de manœuvre dont elle a besoin pour poursuivre son développement » confiait François Hollande.
Mathilde Leleu