Le Medef chipote. Jeudi matin le Medef a fait balayé un document sur la transition énergétique pour… finalement l’accepter dans l’après midi. Y a –t-il eu de grands changements en quelques heures ? Non, un simple remaniement sur la forme, le fond restant inchangé. En fait, texte qui s’appelait à l’origine « recommandations adoptées » s’est transformé « synthèse des travaux ». Cela méritait-il un esclandre ? Oui, selon Michel Guilbaud directeur général du Medef qui a expliqué : «C'est un argument qui pouvait paraître de pure forme, mais appeler un document ‘recommandations adoptées’, alors qu'en réalité sur plusieurs recommandations, certains veulent ça et d'autres le contraire, ça n'a pas de sens ».
Ce nouveau document qui remplace les quinze « recommandations » par quinze « enjeux principaux », a été approuvé jeudi le Parlement du débat qui comprend patronat, syndicats, ONG, élus et experts réunis jeudi en séance plénière à Paris. L’objectif de cette synthèse est de concilier des intérêts divergents en laissant ouvert des désaccords de fonds comme celui de diviser par deux la consommation d’énergie d'ici 2050 ou le nucléaire. Mais le nouveau ministre de l’écologie Philippe Martin avait rappelé le matin que « c’est le gouvernement qui, en fin de compte, fait les choix » et que « Participer à un débat de ce type, ce n'est pas valider a priori les choix et les recommandations que fera le gouvernement ».
Un débat national qui sera tranché par le gouvernement
Lancé en novembre, ce débat national sur la transition énergétique a été voulu par François Hollande et depuis, il s’est enrichi de neuf réunions plénières mais aussi de groupes de travail spécialisés et l'audition d'experts. Débat qui doit déboucher sur des propositions remises au gouvernement le 20 septembre prochain lors de la Conférence environnementale annuelle pour nourrir une loi de programmation énergétique présentée à l'automne au conseil des ministres. Le but avoué est de dessiner une France moins consommatrice d’énergie, moins utilisatrice du nucléaire et d’énergies fossiles dans le double objectif de préservation du climat et de rééquilibre de la balance commerciale plombée par les importations de pétrole et de gaz.
Mais c’est l’évolution de la consommation énergétique qui est la vraie pierre d’achoppement du débat national et la synthèse du Medef reprend un objectif de réduction de 50 % de la consommation d'ici 2050 tout en insistant sur le fait que certains acteurs, dont les entreprises, le jugent excessif et proposent une cible plus modérée de -20 %. Alors que l’engagement de François Hollande était de réduire de 75 % à 50 %, la part du nucléaire dans la production d'électricité. Le document final propose aussi des mesures de soutien aux énergies renouvelables ou pour réduire la consommation d'énergie dans les transports, en développant par exemple les services de partage de voitures ou en réduisant les vitesses maximales autorisées. Propositions saluées par le camp « vert » pour qui via la voix du sénateur écologiste Ronan Dantec, l' « esclandre » du Medef ne visait ainsi qu'à « masquer la réussite du débat » pendant que le porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot Matthieu Orphelin se réjouissant de voir que la « quasi-totalité du texte a été préservée ».
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Transition énergétique (site officiel)
Consommation d’énergie d'ici 2050 (Association Comité 21)
Conférence environnementale (site officiel Ministère de l'écologie)