« Idéologique », « coercitif » et « irréaliste »…. C’est par ce jugement sans appel que l’UMP, campé dans son rôle d’opposant, a condamné le projet de loi sur le logement social adopté par le sénat le 13 septembre. Le texte qui fait office de brûlot, est examiné depuis lundi à l’Assemblée Nationale et génère de belles contrariétés dont la plus virulente vient de Philippe Meunier. Le député de la Droite populaire - un brin populiste comme il se doit - a lancé, honnis par la gauche : « si les Français ont une idée très négative des logements sociaux, c'est uniquement dû au fait qu'ils sont très souvent attribués d'abord à des ressortissants étrangers ». Petit concours d’inélégance challengé par une autre élue UMP, Annie Genevard qui a jugé que « la moitié des Français ne veut pas de logement social chez soi ». Le texte mérite-t-il autant d’indignation ? La première partie du texte prévoit la possibilité d'appliquer une décote pouvant aller jusqu'à 100% du prix des terrains publics dès lors qu'ils seront affectés à la construction de logements sociaux. Quant à la seconde partie, elle table sur un renforcement des obligations de production de logement social. Le taux obligatoire de logement social défini par la loi Solidarité et Rénovation urbaine (SRU) passerait ainsi de 20 à 25% des résidences principales dans les communes dont la population est au moins égale à 1.500 habitants en Ile-de-France et 3.500 dans les autres régions. Il serait toutefois réduit à 20% pour les communes ayant déjà fait un effort de ce coté.
« Un choix politique »
Pour sa défense, la ministre du logement, Cécile Duflot, qui a défendu devant l’Assemblée « un choix politique », a souligné qu’en dix ans de loi SRU, la part de logements sociaux n'est passée que « de 13% à 14% ». Elle a poursuivi son argumentation en expliquant que ce projet de « mobilisation du foncier public » vise à combler le déficit de logements neufs dont souffre la France, et devrait permettre la construction de 110.000 logement sociaux et privés, dont la moitié en Ile-de-France, sur des terrains publics d'ici 2016. Benoist Apparu, prédécesseur de Mme Duflot au ministère du logement, s’est montré moins plébéien que ses congénères UMP en soulignant : « Nous partageons le constat qu'il manque des logements sociaux en France mais votre texte ne répond en rien aux objectifs quantitatifs que vous vous êtes fixé ». « La gratuité permettra peut-être de produire des logements moins chers mais pas un logement de plus! », a-t-il ajouté.
Véronique Pierron