Le Sénat serait-il en pleine rébellion républicaine ? On peut le penser par ce que laisse supposer l’organisation par deux parlementaires écologistes d’une « cérémonie d’octroi symbolique du droit de vote et d'éligibilité des résidents étrangers non communautaires aux élections locales ». Esther Benbassa et Sergio Coronado se sont déclarés « convaincus » que ce droit de vote peut réunir « une large majorité de citoyens attachés à une extension et à un affermissement du champ de notre pratique démocratique ». Et le moins que l’on puisse dire est que ces parlementaires sont multi-récidivistes puisqu’ils sont déjà à l’origine en décembre 2012, d’une lettre ouverte au président Hollande dans laquelle ils rappellent d’une part au président qu’il s’est engagé le 16 mai dernier à présenter un texte au Parlement après les municipales de 2014. Ils lui rappellent aussi que « ce droit adopté en 2000 à l'Assemblée Nationale a été voté par le Sénat le 8 décembre 2011 » et que « dans de nombreuses municipalités, des dispositifs d'associations des résidents étrangers à la vie locale ont été mis en place ».
Pour encore défendre leur demande, ils soutiennent que si l’idée « est traditionnellement portée par la gauche, ne l'a pas été seulement par elle ». « A droite et au centre, des voix se sont périodiquement fait entendre pour la soutenir », assurent Esther Benbassa et Sergio Coronado. Via cette initiative, les deux parlementaires ne se sont pas fait que des amis et leur opposant le plus virulent est le député UMP du Loiret Claude de Ganay qui demande au président du Sénat Jean-Pierre Bel (PS) « de faire annuler cette cérémonie au nom de la neutralité et du respect dus aux institutions républicaines ». Enfilant les habits de gardien du Temple, il juge cette cérémonie « contraire à notre tradition républicaine et à l’état actuel du droit ». Pour lui, « le droit de vote est depuis toujours indissociable de la citoyenneté ». Il s’indigne ensuite car selon lui : « C'est en accédant à la nationalité française qu'on accède au droit de vote jusqu'à nouvel ordre » et « une telle cérémonie est un affront fait au Parlement ! ».
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
François Hollande s’est engagé le 16 mai dernier à présenter un texte au Parlement après les municipales de 2014 (Libération)
Un droit adopté en 2000 à l'Assemblée Nationale (Assemblée nationale)