Ce n’est pas encore le droit pour les personnes en fin de vie de bénéficier d’un suicide assisté mais c’est au moins l’affirmation et la reconnaissance d’un droit légitime à la non souffrance. Depuis mardi, les députés ont en effet, engagé l’examen d’un texte qui propose une ligne médiane sous la forme d’une « sédation profonde et continue » aux patients en phase terminale mais sans aller jusqu’à l’euthanasie. Mais la commission des affaires sociales a adopté plusieurs amendements dont un qui donne la possibilité de bénéficier de cette sédation à domicile. Cette proposition de loi a été élaborée d’après le rapport que les députés Alain Cleys (PS) Et Jean Léonetti (UMP) avaient présenté l’an dernier. D’ailleurs dépasser la loi de 2005 sur la fin de vie – appelée « loi Leonetti » – était l’un des engagements de campagne de François Hollande. Manuel Valls a d’ailleurs apporté son soutien à ce texte en déclarant : « C’est un texte équilibré. Il faut garder cet équilibre ». De cette manière, il rejette aussi les velléités de certains députés de gauche d’aller vers le suicide assisté et la tentation d’autres qui à droite prêchent pour le statu quo.
Pas assez loin pour certains, trop pour d’autres
Pour Pierre Leonetti, « ce texte va faire évoluer les mentalités et faire comprendre à chacun que la souffrance est interdite en fin de vie et, en même temps je le crois aussi, les textes législatifs ne résolvent pas tout ». Si sa proposition fait la quasi unanimité au sein de l’Assemblée Nationale, certains élus socialistes, écologistes et radicaux de gauche ont déposé un amendement pour légaliser le suicide médicalement assisté. Roger-Gérard Schwartzenberg, le président du groupe des radicaux de gauche, regrette en effet que le texte « continue à ne pas admettre l’assistance active médicalisée à mourir ». Il s’appuie sur l’exemple des autres pays européens pour étayer sa revendication en soulignant que les Pays-Bas en 2001, la Belgique en 2002, le Luxembourg en 2009 ont autorisé l’aide active à mourir, en l’encadrant strictement et que la Suisse, les Pays-Bas et l’Etat de l'Oregon (Etats-Unis) ont admis le suicide assisté. A droite de l’UMP par contre, les députés de l’Entente parlementaire qui s’était battus becs et ongles contre le mariage pour tous, jugent évidemment le texte « inutile et dangereux » et veulent à nouveau lever les armes contre ce qu’ils considèrent comme « un droit à la mort ».
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Loi Leonetti (France Info)
Le rapport que les députés Alain Cleys (PS) Et Jean Léonetti (UMP) (20 Minutes)