Au premier jour de son entrée en fonction, Adeline Hazan, nouvelle contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), a estimé jeudi qu’autoriser les téléphones portables dans les prisons, sous réserve que seuls certains numéros puissent être contactés comme ceux de la famille, serait profitable à la société.
« L'isolement des détenus est une question éminemment importante, le maintien des liens familiaux est l'une des conditions de la prévention de la récidive », a-t-elle expliqué sur France Inter. Il s’agit donc selon elle d’offrir un cadre plus humain et de préparer au mieux la sortie des condamnés.
À l’heure actuelle, l'utilisation des téléphones portables est strictement interdite dans les prisons. Seuls des téléphones fixes - susceptibles d’être mis sur écoute - installés dans les couloirs permettent de contacter l’extérieur. Ce qui n’empêche pas que des téléphones portables réussissent à pénétrer l’enceinte de ces établissements à en croire les saisies records de 900 téléphones portables en moyen par an au centre pénitentiaire des Baumettes à Marseille.
Adeline Hazan y voit donc la preuve que « l’interdiction totale ne sert pas à grand chose ».
Mais cette mesure ne fait pas l’unanimité auprès de nombreux syndicats des personnels pénitenciers. Loin de là. Ils y voient un réel facteur pouvant faciliter l’organisation d’évasions ou la poursuite de trafics depuis la prison.
« C'est un comportement étrange de considérer que, puisque interdire les téléphones portables est difficile, mieux vaut les autoriser», dénonce Jimmy Delliste, secrétaire général du SNP-FO-Direction.
Mais pour l’ancienne maire socialiste de Reims, le débat doit rester ouvert. « La question des téléphones portables est une question qui est posée, donc je reprendrai ce débat », a déjà annoncé Adeline Hazan.
Fanny Dassié
Pour en savoir plus :
Des détenus aux abonnés présents ? (par Elise Godeau, Libération)
Adeline Hazan : "La question des portables en prison est posée" (France Inter)