Les femmes, premières victimes de la précarité

vendredi 22 février 2013

Les femmes sont en première ligne sur le terrain de la pauvreté. C’est ce que révèle le dernier rapport du Comité économique, social et environnemental (Cese) publié le 18 février. 8,6 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France, dont 4,7 millions de femmes.

Celles-ci sont particulièrement exposées lorsqu’elles cumulent plusieurs facteurs : lorsqu’elles sont seules, peu qualifiées, lorsqu’elles enchaînent les petits-boulots (30% de temps partiels subis), ou encore lorsqu’elles ont du mal à accéder à la formation professionnelle. Autant d’éléments qui signent la précarité assurée. Les femmes sont également plus touchées par la pauvreté lorsqu’elles ont du mal à articuler vie professionnelle et vie privée (notamment lorsqu’elles ont la charge d’un enfant en bas âge.)

Des risques accrus sur la santé de ces femmes

La précarité a des conséquences directes sur la santé des femmes explique le Professeur Henri Joyeux, cancérologue, chirurgien et l’un des rapporteurs du Cese. « Les maladies dites de civilisation sont plus fréquentes chez ces femmes, explique-t-il : problème de surpoids souvent responsable du diabète ou cas de cancers (ces femmes sont en effet généralement peu suivies ou mal suivies, ce qui est évidemment un facteur de risque plus important.)  S’ajoutent à cela des problèmes dentaires qui sont liés aux problèmes d’alimentation. « Les problèmes de santé dans la précarité sont donc des problèmes d’une extrême importance, explique Henri Joyeux et l’on peut prévenir avant d’avoir à guérir. »

Mères isolées en grandes difficultés

La solitude arrive également en bonne place des facteurs aggravant de la précarité.  Les mères isolées sont des femmes particulièrement fragilisées. D’après les professionnels, il faut encore renforcer l’accompagnement social et professionnel. Il faut mettre en place des lieux d’écoute où les femmes ont accès à la formation, ce qui n’est pas le cas actuellement à cause d’un trop grand éclatement des réponses.

L’isolement psychologique est en effet un cercle vicieux difficile à rompre…Le manque d’équipements, crèches, structures à coût acceptables ne facilite pas la tâche des mères seules qui doivent retrouver un emploi ou même le garder. Enfin, les femmes ont parfois besoin d’aides à la parentalité.

Pistes d’actions

Le Cese recommande de solidifier la formation des filles dès le plus jeune âge afin d’ouvrir les perspectives d’emploi. « Plus la formation scolaire, universitaire, est solide, plus les risques de précarité sont réduits, affirme ainsi le Pr Henri Joyeux, en veillant toutefois à ne pas isoler les métiers en les sexualisant. » Il est également nécessaire de responsabiliser les hommes qui mettent les femmes en situation de précarité (nombre d’entre elles ne touchent aucune aide de la part de leurs ex-conjoints).

Susie Bourquin

Laisser un commentaire