L’armée est inquiète. A quelques semaines de la publication du Livre blanc de la défense et de la Loi de programmation militaire (LPM) qui sera discutée au Parlement cet été, le chef de l’Etat a été serrer les mains du 12ème régiment de cuirassiers basé à Olivet, près d'Orléans. Histoire de présenter les premiers vœux aux armées de son quinquennat. Symbole ? Le livre blanc échauffe sans nul doute, les têtes étoilées du landernau militaire en raison de son épineux objectif : il doit définir les nouvelles orientations stratégiques de la France pour les 10 à 15 ans à venir.
Après avoir rappelé qu’il avait tenu sa promesse de ramener les troupes françaises d’Afghanistan, François Hollande a rassuré l’armée en lui dépeignant les « défis majeurs » qui l’attendent comme « le terrorisme, cette forme de barbarie qui a déclaré la guerre à toutes les civilisations, a pris racine au Sahel et dans le nord du Mali », déclarait le chef de l’Etat. Il a ensuite alléché les troupes en leur rappelant la résolution adoptée à l’unanimité par le Conseil de Sécurité de l’ONU qui prévoit le déploiement d’une mission internationale au Mali et sous conduite africaine. Son objectif est de chasser les islamistes armés, maîtres du nord du pays. Au sein de l’Union Européenne, la France participera « à la formation des forces armées, celle du Mali et celle des Africains, par rapport à l'opération qu'eux seuls peuvent décider » a ajouté le président de la République.
Puis comme un inventaire à la Prévert, François Hollande a poursuivi son travail d’apaisement en énumérant les menaces de la France dont l’armée sera le bouclier protecteur parmi lesquelles « La prolifération nucléaire » ou encore les attaques informatiques qui obligent « à réinventer la façon dont nous concevons notre défense et notre sécurité ».
L’armée participera à l'effort de redressement des comptes publics
En bref de nouvelles missions pour une armée qui n’échappe pas aux grandes évolutions de nos sociétés. Mais comme une clé de sécurité tournée dans le passé militaire et victorieux, le chef de l’Etat a réaffirmé la volonté de la France de jouer son rôle au sein de l'Otan, tout en renforçant ses efforts en faveur de l'Europe de la défense.
Puis revenant sur la LPM, il a tombé son habit présidentiel pour revêtir la veste du politicien en souhaitant, pique à l’ancien gouvernement, une LPM avec « des objectifs plus réalistes » que ceux de la loi précédente de 2008, adoptée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, mais qu'il conviendra cette fois d'atteindre… Il a notamment réaffirmé le maintien de la stratégie de dissuasion nucléaire dans ses deux composantes : sous marine et aéroportée. Puis, réintégrant sa fonction au sens stricto sensu, il a rappelé que le budget de la défense est maintenu pour 2013 à son niveau de 2012, autour de 32 milliards d'euros, mais a réaffirmé qu’elle participerait aussi à l'effort de redressement des comptes publics au même titre et niveau que les autres ministères sans qu’elle ne devienne toutefois « une variable d'ajustement » du budget de l'Etat.
Enfin, revenant sur les graves dysfonctionnements qui ont privés de solde pendant plus d’un an, des milliers de soldats, il s’est réjoui des procédures exceptionnelles mises en place pour régler le problème et a réclamé à ce sujet « une évaluation précise des défaillances du système Louvois, le logiciel à l'origine des dysfonctionnements.
Véronique Pierron