La baisse du déficit public français sous la barre des 3% ne sera pas à l’ordre du jour ni en 2014 ni en 2015. C’est l’annonce faite par la Commission européenne mardi qui a publié ses dernières prévisions de croissance. Elle estime que le déficit public de la France va atteindre 4% du PIB en 2014 et 3,9% en 2015, prévisions encore moins favorables que celles publiées en novembre.
Pour la Commission, le chemin vers la croissance retrouvée en France sera long. Elle estime cependant que la croissance pourra s’appuyer sur une timide accélération de la consommation privée à hauteur de +1% en 2014 et +1,7% en 2015 « sur fond d’amélioration de la confiance, » et préconise une définition plus précise des enjeux du pacte de responsabilité, ce qui pourrait améliorer la confiance des entreprises et multiplier les investissements. Quant au taux de chômage, il devrait se maintenir à 11% en 2014 et 2015, après avoir atteint 10,8% l'an dernier.
Si l’optimisme de la Commission européenne au sujet de la France est très limité, il est plus prononcé pour ce qui est de la zone euro et de l’Union Européenne avec une amélioration globale et un déficit public inférieur à celui de la France.
Il y a deux semaines, la Cour des comptes faisait part elle aussi de ses doutes quant à la tenue des engagements de réduction du déficit du gouvernement et avait prévu ce dérapage budgétaire.
Le gouvernement français, de son côté, balaie les inquiétudes et continue de tenir un discours optimiste, dans la lignée des objectifs fixés. « La France a une trajectoire de finances publiques qu’elle a présenté à la Commission européenne et elle s’y tient », a tenu à répondre le ministre de l’économie Pierre Moscovici.
Alors candidat, François Hollande promettait un déficit sous les 3% en 2013. Il l’a été de 4,2%. Aujourd’hui, la France s’est engagée à abaisser son déficit à hauteur de 3,6% de son PIB cette année, et 2,8% en 2015. Mais comment arriver à cet objectif quand ni la Cour des comptes, ni la Commission européenne n’y croit.
Pierre Moscovici souligne que, malgré tout le sérieux de la Commission, ce ne sont là que des « prévisions » de l'organe exécutif européen qui pourront être « confirmées ou infirmées. » Il rappelle que ces prévisions mettent de côté les réductions dans la dépense publique annoncées d’ici 2017 ainsi que « les mesures qui seront prises dans le cadre du pacte de stabilité. »
Reste que les derniers chiffres du chômage publiés mercredi vont davantage dans le sens de la Cour des comptes et de la Commission européenne. Un triste nouveau record de 3 316 200 demandeurs d'emploi en catégorie A, en France métropolitaine, selon les données du ministère de l'Emploi.
Fanny Dassié
Pour en savoir plus :
La Cour des comptes n'y croit pas (Les Echos)
La Commission européenne ne croit pas en une réduction des déficits (Les Echos)