Les régions deviennent les chefs de fil du développement économique dans leurs territoires. C’est l’essence de l’accord passé entre le gouvernement et les 27 régions de France mercredi 12 septembre. « C'est un acte politique très important qui vient de se produire, il préfigure l'ambition du président de la République de renforcer la décentralisation », a déclaré aux journalistes le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Réunies à l’Elysée, les présidents de région ont accepté à la fois des rencontres régulières et le suivi de 15 engagements issus du programme économique du président Hollande. Cet accord de coopération ne déboule pas de nulle part mais constitue l’un des 60 engagements de campagne de François Hollande qui consistait à clarifier les compétences entre l’Etat et les collectivités locales. Et de fait, les présidents de région deviennent des capitaines au long cours avec des prérogatives étendues comme celles de gérer sur leurs territoire, les emplois d’avenir, les contrats de génération, la formation professionnelle, la recherche et la gestion des fonds européens. C’est Philippe Richert, pourtant président UMP de l’Alsace qui a salué en premier cette initiative sans précédent : « Le fait que les régions soient clairement désignées comme étant les pilotes, les chefs de file d'un certain nombre de ces politiques, c'est un changement considérable ».
Au cœur : la Banque publique d’investissement (BPI)
Rouage majeur de cette nouvelle coopération, la BPI qui devrait être opérationnelle d’ici la fin de l’année et disposer d'une capacité de financement de plus de 30 milliards d'euros. Les régions auront un rôle important à jouer dans sa gouvernance et son fonctionnement. Ainsi, au-delà d’être membres de son conseil d’administration, les régions présideront aussi son conseil national d’orientation tout en développant des responsabilités opérationnelles locales. Le président de la région Ile de France Jean Paul Huchon était très content à la sortie de la réunion élyséenne : « C'est quand même bien qu'on ait obtenu du gouvernement cette cogestion », s’est-il félicité. « On est les seuls à être proches des entreprises, à les connaître, on sait quelles sont celles qui vont augmenter leurs emplois, celles qui vont avoir besoin d'une aide à l'export. Nous on le sait, les technocrates de Bercy, ils ne savent rien là-dessus ! ». Lacune pourtant de la réunion : la part que prendront les régions au redressement des comptes de la France…
Véronique Pierron