Sifflé, hué, insulté… François Hollande a pris le parti de la philosophie face à la colère des éleveurs à Clermont-Ferrand. « Je suis interpellé, c'est normal. C'est une profession qui a beaucoup de difficultés, l'agriculture, l'élevage... C'est bien normal qu'ils viennent directement me le dire. Je suis là pour ça, pour entendre et donner des réponses », a lâché le chef de l’Etat en adoptant une zenitude parfaite et sans doute un peu lasse. Car ça, c’était l’après midi de l’horrible journée du 2 octobre de François Hollande. Tout a commencé tôt en conseil des ministres. La mission du Président de la République était déjà inscrite depuis quelques jours même s’il semblait attendre que ses ministres deviennent adultes d’eux même : recadrage sec et sévère de son gouvernement qui multiplie les couacs. Et dans la ligne de mire présidentielle ce matin là, c’étaient plutôt Cécile Duflot et Manuel Valls qui étaient sur la sellette en raison de leur violente polémique sur les Roms. D’après les spectateurs de cette mise au point présidentielle, l’ambiance était glaciale en ce matin doux d’octobre.
« C’est la dernière fois »
S’adressant aux protagonistes-enfants terribles, le chef de l'Etat a voulu «mettre un terme définitif» au débat en rappelant que «la France avait des valeurs et des principes et que la politique à l'égard de la population Rom les respectait scrupuleusement». Ces mots ont été rapportés dès sa sortie du Conseil par la porte-parole du gouvernement, une Najat Vallaud-Belkacem à la fois contrite et imprégnée de son rôle diffusant l’autorité. Cette politique se veut «ferme et humaine», a poursuivi le président avant même d'aborder l'ordre du jour officiel, sur un ton qui fut « extrêmement serein, glacial», dit-on à l'Elysée.
Embrassant d’une manière plus générale l’attitude médiatique de son gouvernement, le chef de l’Etat s’est ensuite emporté contre cette facilité qu’avaient ses ministres à prendre la parole sans en être priés. « C'est la dernière fois », a lancé François Hollande comme un claquement. Les ministres ont été priés de faire preuve de «collégialité, solidarité (et) responsabilité», Et dans la foulée ce recadrage n’a pas épargné le Premier ministre Jean Marc Ayrault, prié pour le coup « d'assurer encore davantage la coordination du travail et de l'expression du gouvernement ». «Car l'exemplarité est la condition de l'efficacité», a insisté François Hollande. Le chef de l’Etat enfin a fait planer la menace du Front National en égrenant cette phrase à l’intention de ses ministres : «Vous connaissez les menaces qui nous entourent et qui se nourrissent de la défiance».
D’un conflit l’autre
Et l’après midi, si François Hollande pensait se reposer dans la périphérie de Clermont-Ferrand où il était attendu pour une visite aux éleveurs de la région, ce n’était qu’un rêve pieux. Dès son arrivée, le chef de l’Etat s’est retrouvé face à des grappes d’éleveurs en colère qui se sont mis à le houspiller. Eleveurs et agriculteurs très en peine ces dernières années, attendaient l’arbitrage présidentiel sur la Politique agricole commune. Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture et proche du président, a voulu modérer ces débordements agricoles en faisant valoir : « Il y a des sifflets qui viennent aussi de gens qui font de la politique ». Alors qu’un tantinet contradictoire – décidemment -Guillaume Garot, ministre délégué à l'Agroalimentaire, a souligné bien promptement qu'il n'y « avait pas de figurants pour la faire la claque », une pique directe aux déplacements ultra-préparés de Nicolas Sarkozy. Il a jugé « normal » que le président soit « au contact, même si c'est difficile ».
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Violente polémique sur les Roms (Le Figaro)
Politique agricole commune (Vie publique)