Libération de Florence Cassez ou la relance des relations franco-mexicaines

vendredi 25 janvier 2013

Arrêtée en 2005 avec son ancien compagnon mexicain, Israel Vallarta, Florence Cassez a été condamnée en 2008 à 60 ans de réclusion au Mexique pour complicité d’enlèvements. Après sept années de bataille judiciaire mais également diplomatique, la Française est finalement libérée. Un nouvel espoir s’était fait jour avec le remaniement opéré à la Cour suprême mexicaine, qui avait entrainé le départ de deux juges qui s’étaient opposés à l’annulation de sa condamnation en 2012, ainsi qu’avec la fin de mandat de l’ancien président Felipe Calderon qui y était également hostile.

Cet espoir n’a pas été déçu. La Cour suprême du Mexique n’a pas statué sur le fond mais a estimé que les droits fondamentaux de Florence Cassez, qui a toujours clamé son innocence, avaient été violés dans la procédure. Elle a tranché, avec trois voix sur cinq, en faveur de l’annulation du jugement et de la libération immédiate de la jeune femme de 38 ans, ce mercredi 23 janvier.

Fin des tensions diplomatiques

Érigée en cause nationale, les deux gouvernements successifs ont soutenu Florence Cassez et travaillé à sa libération, non sans causer des remous diplomatiques. Après diverses tractations et le refus d’une demande de transfert en France, l’affaire avait même provoqué une crise diplomatique entre les deux pays en février 2011. La décision de Nicolas Sarkozy de dédier l’année du Mexique en France à Florence Cassez avait entrainé l’annulation de l’événement par les autorités mexicaines. Sa gestion de l’affaire est décriée par certains, mais reste défendue par la mère de Florence Cassez qui a considéré, sur I-télé, « qu’il a très bien réagi » face à « un très net blocage du côté du Mexique » qui « commençait à se moquer de nous et à se moquer du président ».

Si une détente dans les relations diplomatiques a pu s’opérer à la faveur de l’arrivée des deux nouveaux présidents, Enrique Peña Nieto et François Hollande, une certaine pression diplomatique est restée de mise. François Hollande a ainsi dit sa « confiance à la Cour suprême pour en terminer avec cette situation douloureuse » au nouveau président, en visite à Paris en octobre dernier. En outre, une délégation française avait été dépêchée lors de l’investiture de ce président afin de « créer les conditions les plus favorables à cette issue » selon le président du Sénat, Jean-Pierre Bel. Enrique Peña Nieto avait quant à lui fait connaître, en mai 2012, sa volonté de relancer les relations entre la France et le Mexique et de régler le cas Cassez.

Dès l’annonce du jugement, François Hollande a salué cette décision et remercié « tous ceux qui, au Mexique comme dans notre pays, se sont engagés pour que la vérité et la justice prévalent ». Il a souhaité à Florence Cassez « bienvenue dans son pays ». Le président de la République a également dit sa « reconnaissance pour la justice mexicaine » qui, en faisant « prévaloir le droit » s’est montré digne da « la confiance » qu’il lui avait portée. Il a ajouté : « Aujourd’hui, nous pouvons dire qu’entre la France et le Mexique, nous avons les meilleures relations qu’il soit possible d’établir. » Ainsi, débarrassé de ce boulet diplomatique, le sommet Union européenne-Amérique latine, qui se déroulera à Santiago du Chili les 26 et 27 janvier et auquel participera le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, s’annonce sous de meilleurs auspices.

Anne-Laure Chanteloup

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