Manuel Valls salue un « moment inouï, extraordinaire »

lundi 12 janvier 2015
AP

« Nous avons tous ressenti un moment inouï, extraordinaire, mais c'est au peuple aujourd'hui de s'exprimer », déclarait, ému pour une fois, le Premier ministre pendant la manifestation. C’était hier. La France s’et soudain vue submergée par une marée humaine. Marée silencieuse martelant le bitume de ces millions de pas venus pour revendiquer la solidarité et l’unité de tout un peuple qui fait front comme un mur de chair, au terrorisme et à l’atteinte aux libertés. « Ce qui est le plus impressionnant, c'est le silence », a insisté le premier ministre.  C'est le silence de tout ce peuple qui est là pour dire que nous sommes tous Charlie, que nous sommes tous des policiers, que nous sommes tous des juifs français, aux chants de la Marseillaise, on agite des drapeaux. Beaucoup de dignité, beaucoup de force ».

Ce qui s’est passé dans nos rues va bien au-delà de la France, de l’épisode épouvantable de Charlie Hebdo mercredi dernier et des prises d’otages le lendemain, à l’imprimerie de Seine et Marne et à la supérette Supercacher,  Porte de Vincennes. C’est un symbole qui transcende les origines, les pays. Les religions. Un symbole qui rappelle dans son souffle, les 132 enfants tués au Pakistan par les Talibans en décembre dernier, et s’endeuille aussi des 2 000 victimes assassinées par Boko-Haram au Nigéria au moment même où les rues de France recevaient les pas silencieux de 3,7 millions de personnes convaincues qu’il fallait mettre un terme à ces horreurs. Ces meurtres au nom d’un Dieu effrayant, fabriqué de toutes pièces par des hommes en perte d’humanité.

A Paris, l’océan humain qui inondait les artères de la ville, s’écrêtait parfois  de vagues d’applaudissements. Sans un mot. De simples ovations pour saluer l’union, le courage et la  liberté. Pas de banderoles politiques, pas de slogans clamés mais le poème de Paul Eluard « Liberté »,  griffonné en des centaines d’exemplaires sur des bouts de papier, des drapeaux ou des pancartes de fortune.  Pas de récupération politique. Pas encore. Ce sera pour plus tard. Forcément.

Ouvrant la marche, François Hollande était entouré du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et du président palestinien Mahmoud Abbas. Présent aussi aux cotés du chef de l’Etat Français, le président Ibrahim Boubacar Keïta du Mali, « pays musulman qui a été sauvé par la France parce qu'il était victime d'une attaque terroriste terrible », a précisé Manuel Valls en reprenant son habit politique. Symboles. Encore. « Alors il faudra aller au-delà des symboles, mais aujourd'hui Paris est la capitale du monde, de la liberté, de la démocratie », a tempéré Manuel Valls. « C'est la meilleure et la plus belle des réponses, aux yeux du monde d'ailleurs, à cette attaque que la France a subie ces derniers jours », s’enthousiasmait-il encore en scandant,  la minute d’après que  « Le terrorisme était, reste et restera une menace pour nous, pour nos libertés et nos concitoyens ». « C'est un moment très important, c'est un moment historique pour notre pays, c'est pour ça que je veux aller aussi au contact des citoyens », a-t-il ajouté avant de poursuivre sa marche en silence.

Véronique Pierron

Pour en savoir plus:

Charlie Hebdo (Le Monde)

Les prises d’otages (La Voix du nord)

Les 132 enfants tués au Pakistan (Le Monde)

2 000 victimes assassinées par Boko-Haram (Le Figaro)

3,7 millions de personnes dans les rues (MetroNews)

Liberté Paul Eluard (Poetica.fr)

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