Connu pour sa véhémente opposition à la légalisation du cannabis, le ministre de l’Intérieur avait déjà marqué les esprits par sa fermeté sur le dossier. Début octobre, il avait vivement rabroué l’idée d’une réouverture du débat sur la dépénalisation du cannabis. Il avait alors déclaré, rapportait Lci. : "Quand je vois les dégâts de la drogue dans nos quartiers, je me dis qu'il s'agit d'une lutte, d'une guerre de tous les instants qui ne peut souffrir d'aucune faiblesse, qui doit être menée comme nous le faisons avec des résultats, avec une grande détermination".
A Amiens vendredi, Manuel Valls était encore décidé à durcir le ton en évoquant la généralisation d’une pratique encore peu utilisée en France. Expérimentée en Seine-Saint-Denis, la transaction douanière permettrait selon le ministre, une sanction financière systématique pour les consommateurs et petits revendeurs arrêtés. Une amende délivrée par un douanier déplacé sur place serait fixée en fonction de la quantité de stupéfiants trouvée. Elle serait à payer immédiatement et ne concernerait pas les mineurs. Le but d’une telle pratique permettrait aussi de mettre fin au système en vigueur souvent considéré comme « hypocrite ». A l’heure actuelle, une peine pénale est prévue par la loi, en plus d’une amende de 3750 euros. Mais les poursuites représentent des cas extrêmement isolés et dans certaines zones, près d’1% seulement des interpellés finissent devant un tribunal correctionnel.
Certains membres de l’opposition voient pourtant dans ce nouveau procédé une façon d’avancer dans la voie d’une dépénalisation de la marijuana. En effet, l'utilisation de la transaction éteint de fait toute possibilité de poursuite judiciaire.
Mathilde Leleu