La côte d’amour entre le gouvernement et le Medef remonterait-elle ? C’est en tous les cas ce que semblerait indiquer les dernières discussions des branches professionnelles de l’organisation patronale. Sur les 78 adhérentes, 51 ont engagé des discussions sur les contreparties en investissement et en emploi aux baisses de charges prévues par le pacte de responsabilité. Les accords conclus dans six d'entre elles représentent trois millions de salariés, selon un pointage patronal. Une avancée qui n’était pas prévisible la semaine dernière alors que la tension entre le Medef et le gouvernement était à son comble.
On se souvient que le 2 décembre dernier, patronat et Medef montrait leurs muscles et alors que ce dernier réclamait la suppression du compte pénibilité, Manuel Valls et Emmanuel Macron avaient rétorqué que les patrons feraient mieux d’agir pour l’emploi au lieu de surenchérir dans les exigences. Le ministre de l’économie avait encore enflammé le débat en taxant d’échec, les négociations de branche sur le pacte de responsabilité. Mais dimanche soir, le premier ministre est revenu à une attitude plus vertueuse en apaisant le débat et lors de son intervention télévisée, il avait déclaré être convaincu que le pacte de responsabilité serait une réussite. « J'espère qu'avant la fin de l'année 2014, plus de la moitié des salariés dans les branches seront ainsi concernés par (des) accords », a glissé Manuel Valls. Le premier ministre sait que son bilan sera en partie évalué à l'aune de l'amélioration de la compétitivité des entreprises françaises et en particulier de l’emploi.
6 branches ont conclu un accord
Un virage qui a fait redémarrer les négociations entre branches professionnelles comme confirmé lundi au ministère du travail qui se déclare aussi optimiste sur des négociations à venir dans une dizaine d’autres branches. Pour l’instant, les branches qui ont engagé des discussions sur les contreparties en investissements et en emplois en échange de baisses de charges prévues par le pacte de responsabilité sont notamment celles de l’industrie pharmaceutique, des télécommunications, de la restauration rapide, de l'imprimerie de labeur, des banques des bureaux d'études techniques et du bâtiment. Le pacte associé au Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice) représente 41 milliards d’euros de baisses de charges en trois ans pour les entreprises.
Et le Medef fait circuler depuis la semaine dernière, un document dans lequel il souligne que les 51 nouvelles branches où ont lieu actuellement les discussions représentent plus de 10 millions de salariés. Six branches ont déjà conclus un accord, ce sont celles de la métallurgie, de la chimie, du textile, des transports urbains, les carrières et matériaux de construction et les assurances. Mais les partenaires sociaux se sont entendus sur un relevé de conclusion dans une septième branche qui fédère 29 000 entreprises de propreté. Selon le Medef, les assurances se sont engagées à recruter 38 000 personnes en 2015-2017 et les banques pourraient s'engager sur 40 000 à 42 000 recrutements sur la même période.
Les freins aux accords
L’organisation patronale précise encore que dans les télécommunications, les discussions portent sur des engagements concernant des emplois en alternance et les travaux publics en raison de la crise qui les touche s’engagent à seulement éviter la suppression de 13 000 emplois, ramenant les pertes potentielles de 60 000 à 47 000 en 2015-2017, et à espérer une inversion de tendance en 2017.
Le patronat des travaux publics prend des engagements plus positifs en matière de formation, d'apprentissage et d'embauche de jeunes. Mais le Medef malgré sa bonne volonté de façade affirme pourtant que des freins existent à la conclusion d’accords. Freins qui sont notamment la conjoncture « très défavorable », le compte pénibilité, l'obligation pour les chefs d'entreprises d'informer leur salariés avant tout cession (loi Hamon), le retard pris par la publication des textes réglementaires sur la mise en œuvre des baisses de charges prévues par le pacte et la perspective de hausses de taxes locales.
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Patronat et Medef montrait leurs muscles (Le Monde)
Intervention télévisée (Le Figaro)
Le compte pénibilité (Journal du Net)