Michel Sapin prévient Michelin : Pas un salarié à Pôle Emploi

mercredi 12 juin 2013

Michel Sapin est très en colère contre Michelin et a prévenu sur France Inter, le fabricant de pneus presqu’en forme de menace : « Il ne faut pas qu'il y ait un salarié de Michelin qui se retrouve à Pôle Emploi ».  Puis il a ajouté avec le même mécontentement : « Je veux qu'il y ait une ré-industrialisation du site ». Michelin a annoncé lundi l'arrêt de la fabrication de pneus poids lourds à Joué-lès-Tours et le regroupement en France de cette activité à la Roche-sur-Yon, ce qui va entraîner la perte de 730 emplois à Tours sur 930. Rassurant, le patron de Michelin, Jean Dominique Senard a tenté de calmer l’irritation du ministre sur BFM Business : « Il n'y a même pas de licenciement, il n'y a pas de préoccupation à avoir. M. Sapin le sait, il peut être serein de ce côté-là ».  Juste avant d’assurer que Michelin « aidera tous les employés » concernés, le groupe clermontois prévoie en effet, d'investir 800 millions d'euros dans ses activités en France.

Les élus locaux dubitatifs

Après une rencontre avec la direction du groupe mardi matin à Joué-les-Tours, les élus locaux sont plus que dubitatifs devant toutes ces promesses. « Michelin a tourné en boucle », a regretté le maire de la commune, Philippe Lebreton. « Il nous répète que le plan de compétitivité de l'activité poids lourds aurait coûté 200 millions à Joué, contre 100 millions à La Roche-sur-Yon. Mais ils ne viennent jamais nous voir pour qu'on les aide. Ils ne font pas appel aux PME de la région pour leurs marchés de sous-traitance », constatait très amer le maire de Joué-les-Tours. « Les représentants de la direction semblaient découvrir les lieux et la réalité du territoire où ils sont implantés depuis 1961. Si Michelin est piloté à vue, il faut nous le dire », a-t-il ajouté sarcastique. Le mois dernier, l’élu a refusé une proposition du manufacturier : « Ils sont venus nous proposer la vente de 7 hectares au profit d'une chaîne d'hypermarchés. Nous avons ce qu'il faut de ce côté-là. Nous voulons de l'emploi industriel, pas de nouveaux magasins qui flingueraient les autres »,  s’est défendu le maire.

Désarrois en cascade

Même inquiétude de la part du président de l'agglomération de Tours, Jean Germain. La région Centre héberge en effet à Orléans, le pôle de compétitivité Elastopôle, auquel adhère Michelin.

« Pour l'instant, rien dans l'explication de Michelin ne nous convainc. Sur le critère de l'accessibilité, Tours est au carrefour de plusieurs autoroutes et axes ferroviaires (...) Je ne suis pas convaincu par le choix de La Roche-sur-Yon. Ni par celui de transférer en Espagne des pneus de métro ensuite assemblés en France », a-t-il déclaré à l'AFP. L’appréhension est tout aussi palpable coté syndicats :

« Tout le monde se doute que Michelin, qui veut des usines plus grandes et plus rentables, ne va pas garder un site de 200 personnes », a ironisé Olivier Coutant, secrétaire SUD du comité d'établissement au micro de l’AFP. La direction de Michelin rencontrera vendredi matin les organisations syndicales pour fixer un calendrier de négociations. Une réunion qui se tiendra au siège du groupe à Clermont-Ferrand, en amont d'un comité central extraordinaire prévu le 26 juin. Elle comptera les quatre syndicats représentatifs, la CGT, la CFDT, la CFE-CGC et SUD.

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

Michelin annonce l'arrêt de la fabrication de pneus poids lourds à Joué-lès-Tours (Libération)

Jean Dominique Senard tente de calmer l’irritation du ministre (BFM Business)

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