« Il faut voir les choses en face, les électeurs français qui n'ont pas voté ont exprimé une défiance à l'égard de l'action publique », a affirmé le ministre de l’intérieur Manuel Valls avant d’ajouter qu’il en allait « de la vitalité, de la pérennité même de notre pacte républicain ». Et avec une abstention de 36,3%, la France a atteint le niveau le plus bas de la Vème République pour un second tour des municipales. Abstention qui s’était déjà établie à 36,45% lors du premier tour du 23 mars. Un sondage Ipsos publié dans la semaine a fait les comptes. Il établit que les électeurs de droite ont été 10% de plus que ceux de gauche (75% contre 65%) à se déplacer pour aller voter au premier tour. Volontarisme qui s’est vu dans les résultats car la droite a engrangé 46,44% des voix au 1er tour alors que la gauche n’en obtenait que 38,2% et le FN 4,7%. « Les chiffres de l’abstention de dimanche montrent l’échec de la droite à remobiliser au second tour », estime Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop. Il rappelle aussi pour relativiser que l’abstention a toujours été en hausse au second tour des municipales depuis 1965.
Si la gauche n’est pas parvenue à mobiliser ses électeurs abstentionnistes au second tour, pour Gaël Sliman directeur de BVA Opinion : « La droite, elle, s’est mobilisée et a bénéficié d’excellents reports de voix du FN là où les listes de Marine le Pen n’étaient pas présentes au second tour ». « Résultat, sa progression de 4 points conjuguée à la nette baisse de la gauche devrait lui permettre de reconquérir plus d’une centaine de villes », ajoute-t-il. D’après les premières analyses, c’est dans le Nord et en région parisienne que le taux d’abstention a été le plus dévastateur. En Seine Saint Denis par exemple, 56,87% des habitants de Stains se sont abstenus, 52,55% à Sevran et 50,88% à Rosny-sous-Bois. Dans le Nord, 51,36% des électeurs ont boudé les urnes à Roubaix, 51,36% à Lille et 50,62% à Tourcoing.
Par contre, à Avignon passé au FN, l’abstention de 42,84% au premier tour est passée à 34,6% au second. A Nîmes restée à l'UMP malgré une quadrangulaire, elle a été de 41,67% contre 43,56%. A Perpignan, gardée par l'UMP, elle s'est établie à 37,25%, en baisse par rapport au premier tour de 43,01%. A Marseille, l’abstention est aussi en repli ainsi qu’à Strasbourg passée de 45,28% contre 50,32%. Idem à Paris où les électeurs se sont davantage mobilisés avec une participation de 58,41% des électeurs, en hausse de près de deux points par rapport au premier tour, et de plus de deux points par rapport au second tour de 2008.
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Une abstention de 36,3% (Le Monde)