Si la voix des territoires d’outre mer, en la personne de leur ministre Victorin Lurel, était jusqu’alors discrète, elle s’est enfin faite entendre cette semaine. Le ministre a en effet, lancé un vibrant plaidoyer autour de son projet de loi pour lutter contre la vie chère et « instiller une belle dose de concurrence » en outre-mer. Il a affirmé aussi qu’il pourrait entraîner une baisse de prix sur « plus d’une centaine de produits ». Un projet en forme de réponse aux grandes grèves qui avaient paralysées les Antilles en 2009 pour protester contre les prix jugés exorbitants de l’alimentaire et du carburant. Victorin Lurel a insisté sur le fait que son projet de loi, déjà adopté par le Sénat à une large majorité, est la traduction d’un engagement de campagne de François Hollande, qui consiste selon lui, en « une régulation intelligente » de l'économie en outremer.
Une régulation et non une administration de l’économie
« Nous avons choisi d'agir en instillant une dose, et une belle dose de concurrence, dans ces économies, qui pour des raisons historiques, et disons le aussi politiques, se sont construites plutôt autour de monopoles ou d'oligopoles », a-t-il soutenu. Le texte propose notamment la mise en place d’un bouclier qualité-prix visant à réguler les marchés de gros. Ensuite, parmi les nouveaux outils de régulation prévus figure « l'injonction structurelle », un nouveau pouvoir confiée à l'Autorité de la concurrence. « Seule une injonction structurelle opérante (...) peut permettre de combattre les comportements conduisant à des prix abusifs », a plaidé M. Lurel avant de poursuivre galvanisé : « C'est le choix de l'audace et de la nouveauté ». Enfin, il s’est défendu de mettre en place une économie administrée. « Il y a une confusion entre l'administration de l'économie et la régulation!, a relevé le ministre. Comme chacun le sait, les marchés ne s'autorégulent pas naturellement ».
Véronique Pierron