Plus d’ouvertures nocturnes chez Sephora

jeudi 26 septembre 2013
Crédit: François BOUCHON / Le Figaro.

L’enseigne de parfums et cosmétiques Sephora, détenue par le groupe de luxe LVMH, vient de perdre son bras de fer avec les syndicats. Un bras de fer engagé depuis presque un an et ponctué des nombreuses – et contradictoires – décisions de la justice française. En décembre dernier déjà, le Tribunal de grande instance (TGI) de Paris avait été sommé de statuer sur l’ouverture nocturne du magasin parisien, installé sur les Champs-Elysées. Avec ses horaires d’ouverture allant jusque minuit et 1h du matin le week-end, le magasin avait déclenché les foudres de Clic-P (l’intersyndicale du commerce de Paris regroupant les représentants de la CGT, CFDT, FO, CFTC, SUD et CGC), qui y voyait un non-respect flagrant de la loi. Il faut dire qu’en France, le travail de nuit est particulièrement encadré par le Code du Travail. Celui-ci doit s’effectuer « de façon circonstanciée », et si « les contraintes propres à la nature de l'activité ou au fonctionnement de l'entreprise » le rendent nécessaire « eu égard aux exigences de continuité de l'activité économique ou des services d'utilité sociale ». Pour justifier de ces ouvertures au-delà de 21h, la chaîne avait alors souligné que 20% de son chiffre d’affaires était réalisé à partir de 21h et qu’une fermeture forcée « menacerait plus de 45 emplois ». Finalement, c’est l’enseigne qui avait eu le dernier mot, le TGI soulignant une « absence de violation évidente de la règle de droit ».

Lundi 23 septembre, ce fut donc au tour de la Cour d’appel de Paris de rendre son jugement. Et les syndicats ont cette fois eu gain de cause puisque la cour a estimé que l’enseigne ne satisfaisait pas les exigences prévues par la loi, à savoir le caractère exceptionnel des horaires nocturnes et la nécessité d’assurer l’activité économique de l’entreprise. Sephora a donc été enjoint de fermer ses portes à 21 h sous huitaine, sous astreinte de 80.000 euros par infraction constatée et par salarié concerné. Une décision qui a déclenché la colère de certains salariés parmi la cinquantaine concernés, désireux de préserver leur emploi de nuit, rémunéré  en moyenne 25% de plus que le travail diurne. Les représentants syndicalistes, à l’instar de Karl Ghazi, secrétaire général de la CGT Commerce Paris, ont répondu à leurs critiques en affirmant défendre l’ensemble des salariés. « Lorsque des salariés dans une entreprise lui permettent d'ouvrir de plus en plus tard, de fait, ils entraînent derrière eux l'ensemble de la concurrence. Si Sephora ouvre, forcément Marionnaud doit ouvrir, les grands magasins doivent suivre, sinon ils perdent des parts de marché. Ce ne sont plus uniquement les volontaires qui sont concernés. », affirmait-il sur Europe 1.

Mathilde Leleu

Pour en savoir plus :

La justice autorise Sephora à rester ouvert jusqu'à minuit sur les Champs-Elysées (Le Monde)

Privés de travail de nuit, les salariés volontaires du magasin Sephora des Champs-Elysées accusent les syndicats (Huffington Post)

Code du Travail : Article relatif au travail de nuit (Legifrance.gouv.fr)

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