Vincent Peillon est un ministre communiquant. Sans doute a-t-il retenu les leçons des retentissants échecs d’un Allègre ou d’un Luc Chatel lorsqu’ils ont poussé des marées de mécontents dans les rues de France après une réforme de l’Education nationale mal digérée. Mal digérée et mal communiquée. Et le moins que l’on puisse dire est que le nouveau ministre entend bien limiter la casse de sa future belle et grande réforme – une de plus dans notre Hexagone – en communiquant. De bien pieuses intentions qui l’ont projeté cette fois, dans les colonnes des Echos mercredi. Le ministre y prêche la mission de l’Education nationale « qui n'est pas seulement de former des citoyens mais aussi de préparer les jeunes à un emploi. Les deux sont liés » car l’objectif est la sacro-sainte lutte contre le chômage.
M.Peillon part alors en croisade et mise sur une orientation perfectible dans les collèges et lycées car « en orientant mal, nous poussons les jeunes dans des difficultés qui produisent échecs et exclusions, nous fabriquons des décrocheurs », accuse le ministre qui a reçu la semaine dernière des chefs d'entreprise. Il poursuit comme un pamphlet : « Quand on oriente quelqu'un en comptabilité parce qu'il y a de la place dans cette filière, alors que son souhait est de devenir électro-mécanicien, l'orientation produit de l'échec ».
Le rôle des entreprises et des régions sur la sellette
Toutefois, Vincent Peillon ne verse pas dans l’auto-flagellation, mais met aussi en cause le rôle des régions et des entreprises qui doivent « se mobiliser davantage » en faisant « mieux connaître leurs métiers dans les classes ». « Nous avons 600.000 offres d'emploi qui ne sont pas pourvues! (...) Je veux que l'on puisse ajuster les préoccupations des entreprises et les nôtres pour donner la meilleure formation possible et la plus utile aux jeunes », martèle-il.
Et c’est juste après ce sermon enflammé que le communiquant Peillon abat les cartes de sa future réforme : « L'Education nationale est capable de changer le contenu de ses diplômes et de ses formations pour répondre rapidement aux besoins de l'économie et des entreprises. Elle est mobile. La coéducation, c'est cela aussi ». Subtil. Il poursuit avec un brin de tempérance : « il ne s'agit pas de répondre à la demande d'une entreprise qui demanderait des chaudronniers pour l'an prochain et qui finirait par délocaliser, mais de regarder, avec les régions et les entreprises, les besoins durables, d'avenir, des territoires » puis conclut en rappelant que le service public territorialisé de l'orientation est « l'un des éléments les plus importants de la refondation de l'école ».
Véronique Pierron