Une manif de fonctionnaires sous un gouvernement de gauche, tout un symbole. Ils étaient 120 rassemblements à défiler dans toute la France jeudi à l’appel de trois syndicats de la fonction publique (CGT, FSU, Solidaires). A l’ordre des doléances des cortèges : les suppressions de postes, l’abrogation de la journée de carence et la revalorisation des salaires. Et pour ces derniers, revalorisation signifie une réévaluation du point d’indice commun à tous les fonctionnaires d’Etat. Il est en général revalorisé chaque année pour tenir compte de l’inflation mais ce fameux point a été gelé « en valeur » en 2011 et 2012. Fillon/Ayrault même politique ? Et pour faire démentir cette interrogation, les syndicats espèrent un geste du gouvernement car ils estiment que les fonctionnaires ont perdu en moyenne 13% de leur pouvoir d’achat ces dix dernières années. Un geste que la ministre de la fonction publique ne semble pas prête à faire. Marylise Lebranchu avait en effet rappelé qu’une hausse de 1 % du point d'indice augmenterait de 780 millions d'euros la masse salariale de l'Etat (80,6 milliards d'euros en 2013), que le gouvernement entend garder stable.
Suppressions de postes et journée de carence
Autre mesure qui provoque la colère des fonctionnaires : le moratoire sur les suppressions de postes. La révision générale des politiques publiques instaurée par le gouvernement Fillon a établi la règle la règle du non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique d'Etat. Résultat : la suppression de 117 654 équivalents temps plein travaillés. Soit une réduction de 150 000 postes au sein des ministères entre 2007 et 2012. Or, si le nouveau gouvernement avait promis de sortir de cette logique, il a institué le principe des ministères prioritaires, la justice et l’éducation, qui voient leurs effectifs augmenter respectivement de 0,6% et de 0,9%. Créations compensées par… des disparitions de postes dans les autres ministères. Par exemple, au ministère de l’économie, le taux de non-remplacement s'élève à 55 % (1 890 postes remplacés sur 4 243 départs).
Enfin, les grévistes revendiquent un peu comme un symbole, l’abrogation de la journée de carence non indemnisée. Instituée par le gouvernement Fillon, cette mesure entrée en vigueur le 1er janvier 2012 prévoit qu’en cas de congé maladie, le premier jour ne soit plus rémunéré. Une mesure qui aurait rapporté quelque 100 M€…
Véronique Pierron