L’Organisation non-gouvernementale Médecins du Monde alerte sur l’état de santé des personnes en situation de précarité. Publié jeudi 16 octobre, à la veille de la Journée mondiale du refus de la misère, son rapport indique que se soigner reste un parcours du combattant pour cette part grandissante de la population française.
Selon le rapport, 3 millions de personnes sont aujourd’hui touchées par la pauvreté en France, soit 14,3 % de la population. La part des personnes se trouvant en situation de précarité n'a cessé d'augmenter depuis 2008 et les inégalités sociales de santé se creusent chaque année un peu plus, indique Allo Med’Actu.
« En 2013, 29 960 personnes se sont rendues dans les Centres d’accueil de soins et d’orientation (Caso) de MdM et plus de 30 000 contacts auprès des publics en situation de grande précarité (personnes vivant à la rue, en squat ou dans des bidonvilles, personnes se prostituant, usagers de drogues, migrants en transit…) ont été réalisés dans le cadre des actions mobiles envers les plus exclus », indique le rapport.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 97 % des patients des centres d'accueil de MdM vivent sous le seuil de pauvreté et 27 % d'entre eux ne disposent d'absolument aucune ressource indique le rapport. Cette précarité explique que 87% des patients n’ont aucun droit ouvert à l’assurance maladie et seulement 8 % disposent d'un logement personnel.
D’autre part, la complexité d’accès aux soins retarde les diagnostiques, une situation pouvant avoir de graves conséquences. Par exemple, 36% des patients ont eu recours aux soins de façon trop tardive et 42% des femmes enceintes rencontrées présentent un retard de suivi de grossesse indique le rapport. 12,7% des personnes consultées sont des mineurs et un tiers d’entre eux présentent un retard dans leurs vaccinations obligatoires et recommandées.
La précarité induit aussi la faim souligne MdM. En 2014, une étude menée au sein de 7 centres d'accueils de l’ONG a révélé que 80 % des ménages soignés étaient en « insécurité alimentaire pour raison financière ». Et une mauvaise alimentation a pour conséquence la maladie.
Pour MdM, la complexité administrative, les « dysfonctionnements des administrations qui découragent les demandeurs », ainsi que les refus de soins très fréquents participent à la dégradation des conditions de vie de ces personnes. « La préparation de la loi de santé publique doit être l’occasion de réaffirmer les principes d’un système de santé vraiment solidaire, en particulier la lutte contre les inégalités de santé, et de les mettre en œuvre »,souligne le Dr Thierry Brigaud, président de Médecins du Monde.
Gaëlle Michineau
Rapport annuel de l’Observatoire de l’accès aux droits et aux soins des plus démunis en France (Médecins du Monde)
Médecin du Monde tire la sonnette d'alarme concernant l'accès aux soins des plus pauvres. (Allo Med’Actu)