Quand Louis Gallois (re) parle de compétitivité

lundi 8 avril 2013

« En démocratie, le temps politique n’est pas le temps économique, c’est plus facile de travailler en Chine ! ». Par cette boutade, le commissaire général à l’investissement, Louis Gallois expliquait la dichotomie qui existe entre l’adoption de mesures importantes et leur application. « Il n’y a pas de miracle car même si le gouvernement a adapté de façon très rapide certaines mesures pour relancer la croissance, leur mise en place est longue par définition, précise-t-il. Ainsi, l’accord interprofessionnel constitue vraiment une avancée significative mais il va donner lieu à des négociations qui vont durer toute l’année et pendant ce temps, les problèmes de compétitivité demeurent ».

La compétitivité, c’est son « dada » mais il faut dire que Louis Gallois en parle avec passion. Et parfois, dans les accents de ses discours, elle prend presque des allures de chemin de Croix. Ce fut le cas lors de cette conférence organisée par l’AFTE le 3 avril sur la compétitivité. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle a le vent en poupe et sur toute l’Europe souffle un grand vent frais de stratégies et réflexions sur la compétitivité à défaut de la compétitivité elle-même. Encore trop tôt semble signifier la croissance atone. Du rapport remis par Louis Gallois au gouvernement le 5 novembre dernier, 35 mesures dont le crédit d’impôt et la réforme bancaire, ont été extraites.

Aujourd’hui, le commissariat général à l'Investissement est chargé d’assurer le suivi. Entendez, leur mise en œuvre. Déjà, une vingtaine seront mises en place au cours du premier semestre, une dizaine d’autres attendront le second semestre. Enfin, ce sera chose faite pour le dernier paquet de mesures courant 2014 car elles sont plus complexes et exigent un dialogue social.

« Notre travail est de nous assurer que les ministres mettent bien en œuvre ces réformes car elles forment un paquet et leur efficacité est sous condition de fonctionner en même temps en termes d’impact global », explique l’ex-président d’EADS. « Je suis focalisé là-dessus d’autant plus que nous sommes en période de croissance nulle et de difficultés européennes et dans ces conditions, la mise en place de ces mesures, est très complexe », ajoute-t-il.

Compétitivité, innovation et temps de travail…

A titre d’exemple, le plan Hartz qui a réformé le marché du travail en Allemagne entre 2003 et 2005, a été mis en place à un moment où la croissance européenne était à 2 %. La donne n’est plus la même et compétitivité ne rime pas avec chômage. Louis Gallois admet que pour cette raison « le crédit d’impôt tel que présenté dans mon rapport et qui ne considérait que la compétitivité ne pouvait pas satisfaire le gouvernement ». Et de crédit d’impôt à la compétitivité, le terme et la problématique de l’emploi ont été rajouté. C’est une des mesures phares du rapport qui consiste à créer un choc de compétitivité en transférant une partie significative des cotisations sociales vers la fiscalité et la réduction de la dépense publique. 

Chose que semble regretter l’ex patron d’EADS. « En ne gardant que la seule compétitivité, le crédit d’impôt atteignait 3,5 fois le Smic alors que tel qu’il a été remanié en faveur de l’emploi, il n’est que de 2,5 fois le Smic », souligne Louis Gallois. La partie des cotisations sociales est aujourd’hui de l’ordre de 30 Mds €, soit 1,5 % du PIB. Mais la messe est dite car pour le commissaire général « les sujets décisifs sont la compétitivité, l’innovation et le temps de travail car ce sont des facteurs de croissance potentiels ». Dans cette idée, il admet d’ailleurs que le bilan des pôles de compétitivité, soit 120 M€ gérés par le commissariat, est globalement positif car ils ont permis à des entreprises isolées de trouver des partenariats productifs.

Enfin, soutenant François Hollande dont l’expression « choc de simplification » a été tant décrié, il affirme que « le Président de la République a eu raison mais qu’il est nécessaire à présent, de le mettre en œuvre » et selon lui « le seul moyen est d’en faire un enjeu politique afin que les ministres comprennent qu’ils seront jugés là-dessus ».

Véronique Pierron

 

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