Alors que son projet de loi sur la transition énergétique a été présenté hier, Ségolène Royal a réaffirmé sa volonté de ne pas faire d’écologie punitive mais fait le pari que la transition énergétique pourra apporter « du bien être, une meilleure santé, du pouvoir d’achat et la création d’emplois. »
«La loi, ce n'est pas dire aux gens ce qu'ils doivent faire». Le projet de loi entend transformer la France en pays économe en énergie et moins dépendant des énergies fossiles. A travers 80 articles, il pose les objectifs de cette transition, prévoyant plusieurs mesures concrètes d’accompagnements financiers pour aider à la baisse de consommation énergétique. Pourtant, les objectifs à atteindre en termes de réduction de la consommation énergétique sont importants et potentiellement coûteux. Le projet de loi se propose ainsi à diviser par deux, la consommation énergétique d’ici à 2013, d’abaisser la production d’électricité d’origine nucléaire de 75 à 50%, de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici 2030 et d’assurer la montée en puissance des énergies renouvelables de 40%. Ce plan pourrait s’avérer très coûteux car si l’on regarde le coût estimé de la sortie programmée du nucléaire en Allemagne d’ici 2022, la facture annuelle s’élève à presque 24 Md€.
Mais la ministre se défend de l’aridité de son programme et assure que « Cette exigence collective qui consiste à tout faire pour lutter contre le réchauffement climatique, c’est ce qui fait de nous des citoyens du monde. Alors bien sûr quand on a du mal à boucler les fins de mois ou à payer sa facture d’électricité, ça peut paraître éloigné. Et bien pour la première fois, on peut être à la fois citoyen du monde et améliorer la vie quotidienne ».
Vers une écologie incitative
Et en réaffirmant son refus de l’écologie punition, elle défend au contraire une écologie citoyenne et incitative pour donner envie aux Français de participer à la transition énergétique. Ainsi pour les ménages, la ministre prévoit « toute une série d’encouragements financiers ou de préfinancements » à l’instar de l’allègement fiscal pour financer la rénovation thermique de leur logement. Une même stratégie fiscale est mise en place pour assurer le développement des véhicules propres et dans ce cadre, le bonus d’achat pour une voiture électrique pourra s’élever jusqu’à 10 000€ en cas de remplacement d’un véhicule diésel.
Et pour marquer cette volonté d’une écologie non punitive, Ségolène Royale ne met en place aucune mesure coercitive pour lutter contre l’utilisation du diésel tout en reconnaissant que « c’est un gros problème de santé publique ». « Mais ce n’est pas le seul », ajoute-t-elle. « Le tabac aussi, amplement cancérigène. Et on n’a pas interdit la cigarette. On ne va pas interdire aux gens de rouler avec leur véhicule diesel, et s’il est effectivement impératif que le parc diesel recule, le choix qui est fait n’est pas un choix punitif ». Enfin l’objectif de ce programme de transition énergétique est de créer 100 000 emplois notamment dans les territoires les plus confrontés au chômage. D’ailleurs la ministre explique : « Une place tout à fait particulière est donnée aux outres mers. Je sais à quel point, ils souffrent du chômage et notamment les jeunes. Mais en même temps, de quel potentiel d’énergie renouvelables elles disposent. Je sais que des entreprises françaises de très haut niveau ont envie de s’engager dans les Outre-mer. C’est l’occasion pour ces territoires de transformer leur handicap insulaire en chance ».
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Transition énergétique (Développement durable Officiel)
Énergies fossiles (Techno Sciences.net)
Énergies renouvelables (Energies renouvelables.org)