Ziad Takieddine n’en finit pas de faire parler de lui. L’homme d’affaire franco-libanais poursuivi dans l'affaire Karachi pour recel d'abus de biens sociaux a été placé jeudi en garde à vue dans les locaux de la Division nationale d'investigations fiscales et financières (Dniff) à Nanterre (Hauts-de-Seine). La police le soupçonne d’avoir voulu quitter la France avec un faux passeport alors qu’il est placé sous un strict contrôle judiciaire qui lui interdit de quitter le territoire. Or, de nouveaux éléments ont été découverts par la police selon lesquels le sulfureux homme d’affaire aurait cherché à se procurer contre 200 000 dollars un passeport diplomatique de République dominicaine. Médiapart à l’origine de cette information rapporte aussi qu’un général de l’armée dominicaine aurait facilité les procédures pour l’obtention du passeport.
Les policiers auraient été mis sur cette piste grâce à un courriel découvert lors d'une perquisition le 11 avril à son domicile qui mettait clairement en exergue que Ziad Takieddine avait bien l’intention de se faire délivrer un passeport de République Dominicaine à son nom. La police enquête aujourd’hui sur la façon dont l’intermédiaire en armement a obtenu ce document frauduleux et la manière dont il l’a financé alors que l’essentiel de ses biens ont été saisi dans le cadre de l’enquête de l’affaire Karachi. C’est à nouveau Mediapart qui ouvre une porte en rapportant que M. Takieddine est parvenu en mars à vendre une des sociétés immobilières dont il est le réel propriétaire en dépit des structures-écrans mises en place.
Rappelons que l'homme d'affaires est poursuivi dans l'affaire Karachi pour recel d'abus de biens sociaux. Les deux juges cherchent à savoir si des commissions versées pour ces contrats, que pourraient avoir perçues légalement M. Takieddine et un autre homme d'affaires libanais, ont pu alimenter la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, via un système illégal de rétrocommissions.
Bien entendu, le sulfureux homme d’affaire n’a « jamais eu l’intention de quitter le territoire français » selon les dires de son avocat Me Francis Vuillemin. Deux autres hommes, dont l'un de nationalité américaine, ont également été arrêtés. Ils sont soupçonnés d'avoir joué un rôle dans l'obtention du faux document. Enfin, l'enquête a été confiée aux juges Roger Le Loire et Renaud van Ruymbeke. Ces deux magistrats du pôle financier de Paris, dans le volet financier de l'affaire Karachi, ont plusieurs fois mis en examen M. Takieddine en l'astreignant à un contrôle judiciaire strict.
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
L’affaire Karachi (Le Figaro)
Les investissements immobiliers de Ziad Takieddine en République Dominicaine (Le Monde)