Taubira planche sur une grande réforme du système pénal

jeudi 25 juillet 2013
AP

Christiane Taubira, la ministre de la Justice, a exprimé dès l’été dernier son souhait de créer une grande réforme de la politique pénale pour la rentrée prochaine. Ainsi, pendant près de six mois, une “conférence de consensus sur la prévention de la récidive” a été mise en place avec l’audit de représentants d’organisations professionnelles, d’associations et de syndicats. Avec un seul objectif, rappelle la magistrate Nicole Maestracci, celui d’“éviter d’avoir une nouvelle loi tous les six mois”

Au terme de cette concertation, douze recommandations ont été exprimées. Sur les conseils des experts, la ministre envisage désormais de diminuer les sanctions pénales à caractère systématique. Ainsi, elle envisage la création d’une peine de probation censée éviter au maximum la peine d’incarcération, en permettant au condamné de purger sa peine hors de prison, mais avec un suivi plus personnalisé que les actuels sursis avec mise à l'épreuve.  Fidèle à l’une des promesses de campagne de François Hollande, la ministre désire aussi s’attaquer aux peines plancher mises en place en 2007, imposant une peine systématique et incompressible pour les délits les plus graves. En parallèle sont envisagées la libération conditionnelle automatique aux 2/3 de la peine, la remise en cause de la politique du chiffre, la dépénalisation de certaines infractions...  Christiane Taubira veut aussi s’attaquer à la récidive, un sujet plus qu’épineux sur lequel nombre d’élus se sont déjà cassés les dents. Un sujet inevitable comme le rappelle l’Express, cinq ans après leur libération, plus de la moitié des détenus (59%) seraient de nouveau condamnés.  Pour cela, une meilleure surveillance des personnes sous bracelet électronique est entre autres prévue.

Face à cela, le Figaro n’a pas mâché ses critiques à l’encontre du gouvernement et dès la fin de la concertation, titrait : "Prison, récidive: la gauche renoue avec l'angélisme". Le journal expose notamment la colère des familles de victimes qui se sentient exclues des pourparlers et reprochent le “laxisme” du gouvernement. De concert avec les familles, le président du groupe UMP à l'Assemblée, Christian Jacob, déclarait : «La disparition des peines planchers, de la rétention de sûreté et la suppression des tribunaux pour mineurs récidivistes sont dangereuses». La rentrée s’annonce donc agitée pour la Garde des Sceaux.

Mathilde Leleu

Pour en savoir plus :

Loi anti-récidive : les victimes rejettent le projet Taubira (Le Figaro)

Prison et récidive: la méthode Taubira fait mouche (L'Express)

Conférence de consensus de Taubira: comment prévenir la récidive? (L'Express)

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